Un incesteur est un homme commun
On peut difficilement l’envisager mais c’est une réalité. Il y a tellement d’incestes perpétrés en France que nous connaissons forcément les auteurs de ces violences, les incesteurs. Statistiquement, tout le monde en a rencontré. Très probablement, on a apprécié leur compagnie, leur humour, leur professionnalisme…
96% des humains qui commettent des incestes sont des hommes. Ils seraient environ 1 million, rien qu’en France.
Après leur journée de travail ou leur séance de tennis, ces individus vont utiliser comme objet sexuel un ou plusieurs enfants de leur famille.
Un incesteur est protégé par sa famille
Les incesteurs ne sont pas des individus monstrueux, impossible à cerner, des ogres, des sociopathes. Un incesteur est au contraire un individu banal, vivant une vie classique, bien inséré socialement. Pourtant, cet homme se permet de disposer du corps d’enfants pour ses envies sexuelles.
Quand la vérité est exposée, très souvent, les relations familiale avec l’incesteur ne sont pas altérées. Non seulement les victimes ont d’immenses difficultés à être soutenues et entendues. Mais ce sont souvent elles qui se retrouvent exclues du cercle familial. Les autres continuent de voir l’incesteur.
Ce qui pose problème à la famille est moins l’acte que son dévoilement. La victime qui a parlé est jugée pour avoir apporté l’opprobre.
Un incesteur est un dominateur
La grande caractéristique des incesteurs, c’est leur volonté d’écrabouiller leurs victimes.
L’agresseur a besoin de dominer. L’inceste représente un paroxysme de domination, puisque la relation entre un adulte et un enfant est totalement asymétrique.
Même dans le cas d’inceste entre mineurs, il n’existe pas de jeux de découverte sexuelle comme on le fantasme souvent. Si c’était le cas, ces incestes auraient lieu entre enfants du même âge, entre égaux.
Dans la réalité, il s’agit toujours d’une agression envers un enfant plus jeune. Et d’envie forte d’écrabouiller l’autre.
Un incesteur est rarement un pédophile
On pourrait imaginer que ces deux criminels ont des profils similaires, qui expliqueraient cette violence faite aux enfants. Pourtant, ce sont des prédateurs sexuels qui se construisent différemment.
Le pédophile se fabrique une étrange histoire d’amour, de séduction et de plaisir soi-disant partagé avec sa victime mineure.
L’incesteur recherche le pouvoir. Il n’est pas du tout dans un schéma de séduction. Il recherche la domination et donc l’écrabouillement de sa victime.
Si d’aventure, il s’imagine que celle-ci prend un quelconque plaisir, cela peut redoubler sa violence.
Un incesteur est un opportuniste
Un incesteur commet le plus souvent des viols d’aubaine. Quoi de plus pratique que d’agresser sexuellement un enfant qu’on a sous la main pour satisfaire une envie.
Pour résumer très très cyniquement, un enfant est facile à convaincre, facile à manipuler, il a moins de force qu’un adulte, il ne coûte pas cher, on n’a pas besoin de le séduire et il n’ira pas porter plainte…
Un incesteur n’a pas de pulsion
Un des mythes attachés aux violences sexuelles est cette notion de pulsion. Les violeurs comme les incesteurs ne sont pas sujets à des pulsions contre lesquelles ils ne pourraient pas résister…
Si ces pulsions sexuelles existaient, ces violences auraient lieu n’importe où, n’importe quand. C’est l’inverse. Leurs actes sont précautionneux, prémédités, réfléchis.
L’appropriation sexuelle consciente des personnes vulnérables dans la famille est juste une façon d’affirmer sa domination.
Un incesteur a souvent un passif d’enfant incesté
Un tiers des incesteurs ont vécu ces mêmes violences enfants. Sans doute plus, mais les incesteurs ne s’en souviennent pas toujours en raison d’une amnésie post-traumatique (APT), un mécanisme de défense qui fait disparaître tout souvenir trop douloureux de la mémoire.
Leur propre enfance bafouée n’a pas été réparée et ce traumatisme peut alors conduire ces hommes à des comportements déviants.
Cette ancienne victime va reproduire ce qu’elle a elle-même vécu, souvent au même âge et de la même façon.
Cette information ne leur retire aucune responsabilité mais apporte des explications.
Sources et liens utiles
- Podcast Les couilles sur la table « Qui sont les incesteurs ? »
- Podcast Arte « Inceste et Pédocriminalité, la loi du silence »
- Film « Les chatouilles ou la danse de la colère », d’Andréa Bescond
- Livre « Le Jour, la nuit, l’inceste » , Mathilde Brasilier
- Livre « Le berceau des dominations : anthropologie de l’inceste », Dorothée Dussy
- Notre article « Les dégâts collatéraux de l’affaire Outreau »
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