Ce qu’on appelle le protocole féminicide est un protocole expérimental qui a fait ses preuves et qui permet de soutenir les enfants après un féminicide. Il n’est hélas pas déployé partout en France alors qu’il devrait être généralisé, c’est urgent !
Les enfants, secondes victimes des féminicides
Lorsqu’un homme tue sa compagne souvent après des années de violences intra-familiales, il laisse parfois derrière lui des enfants abimés, désormais orphelins de maman, voire de parents quand l’homme se suicide dans la foulée. Ces victimes esseulées doivent affronter un traumatisme immense et sont en grande souffrance.
Les protéger et les prendre en charge semble une évidence mais hélas, ce n’est que très récemment qu’un protocole expérimental s’est mis en place dans le département de Seine-Saint-Denis, en 2014.
Différents protagonistes se sont mobilisés pour protéger les enfants victimes, qu’un partenariat salvateur a été initié pour la première fois dans le département de Seine-Saint-Denis, en 2014, entre :
- le parquet du tribunal de grande instance de Bobigny,
- le Centre hospitalier intercommunal Robert Ballanger d’Aulnay-sous-Bois,
- le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis via l’Observatoire des violences envers les femmes,
- et le service de l’aide sociale à l’enfance.
En quoi consiste ce protocole féminicide ?
Depuis, là-bas, lorsqu’un féminicide laisse des enfants désemparés et traumatisés, un protocole s’enclenche pendant les jours suivants, actif jour et nuit.
- Le procureur de la république prend en urgence une ordonnance de placement provisoire des enfants. Ils sont alors confiés au service de l’aide sociale à l’enfance pour évaluation et hospitalisation 3 à 8 jours.
- Une accompagnante « grand-mère » formée est présente 24/24 pour assurer une présence continue et rassurante auprès des enfants.
- Le service de pédopsychiatrie assure également l’interface avec le tribunal, la police, les professionnels des services de protection de l’enfance, etc.
L’idée est d’aller vite pour mettre à l’abri les enfants qui ont été témoins (ou non) du féminicide. Si tout le monde se félicite que ce protocole existe dans le 93, il demeure un protocole expérimental qui peine à se déployer en France ! Seul le Rhône, depuis avril 2021 seulement, a mis en place à son tour ce protocole féminicide, 24h/24 et 7j/7.
Déployons ce protocole d’aide aux victimes de féminicide
Dans le reste du pays, à la suite d’un féminicide, c’est souvent à un proche que les enfants sont confiés, dans l’urgence, sans accompagnement spécifique. Sans surprise, les professionnels observent ensuite de grandes difficultés chez ces enfants, notamment des troubles comportementaux et anxio-dépressifs.
Sachant que dans 50% des cas, les meurtres se produisent devant les enfants, alors, face à ce traumatisme supplémentaire, une réelle prise en charge ne semble pas absurde.
La prise de conscience des répercussions des féminicides sur les enfants est encore trop lente. Pour preuve, ces derniers ne sont passés d’un statut de « témoin » à celui de « victime » qu’en 2018 !
On s’interroge. Comment ces enfants grandiront-ils ? De quelles prises en charge psychologique et financière bénéficieront ces fratries abimées pour se reconstruire ? Ceux qui sont déjà passés par ce douloureux chemin témoignent de leurs difficultés immenses régulièrement dans les médias, et pourtant rien ne bouge.
🔸 Il est urgent de déployer le protocole féminicide dans toute la France. Il ne réglera pas tout mais sera un accompagnement d’urgence salutaire. Ne laissons plus ces enfants affronter seuls des féminicides dévastateurs, bien trop violents pour une jeune vie.
Autres sources :
👉 Observatoire des violences envers les femmes
👉 Vie volée, témoignage d’enfants victimes
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