Sommaire
- Y-a-t-il un profil type d’agresseur d’enfant ?
- Quel est l’âge préféré des agresseurs d’enfants ?
- Y a-t-il beaucoup d’agresseurs d’enfants ?
- Y a-t-il autant de femmes que d’hommes qui agressent ?
- L’agresseur est-il proche de ses victimes ?
- Que savons-nous des agresseurs incestueux ?
- Que disent les anciennes victimes devenues adultes ?
- Est-ce que des pères de familles peuvent agresser leurs enfants ?
- Quand on rencontre ou que l’on vit avec un agresseur, qu’est-ce qu’on risque ?
- Les agresseurs ont-ils des stratégies ?
- Une stratégie courante de l’agresseur intrafamilial
- Est-ce que les agresseurs sont inquiétés par la justice ?
- Est-ce que les enfants sont bien protégés en France ?
- Sources
Y-a-t-il un profil type d’agresseur d’enfant ?
Non, car les agressions d’enfants touchent toutes les couches sociales, ainsi que tous les milieux et institutions où vivent les enfants (famille, école, associations sportives, religieuses..)
Mais certains traits peuvent être mis en avant :
Quel est l’âge préféré des agresseurs d’enfants ?
Agressions sexuelles
- 81% des violences sexuelles sont subies avant 18 ans : 8 victimes sur 10 ont moins de 18 ans
- 51% des violences sexuelles sont subies avant 11 ans : 1 victime sur 2 a moins de 11ans
- 21% des violences sexuelles sont subies avant 6 ans : 1 victime sur 5 a moins de 6 ans
(D’après l’enquête de Mémoire Traumatique et Victimologie (IVSEA 2015))
Viols et tentative de viols
- Près de 60% des viols et tentatives de viols pour les femmes ont été subis avant 18 ans
- Plus de 70% des viols et tentatives de viols pour les hommes ont été subis avant 18 ans
(Enquêtes CSF, 2008 et Virage 2017)
Les agresseurs d’enfants s’en prennent à des proies très jeune !
Y a-t-il beaucoup d’agresseurs d’enfants ?
Les agresseurs étant peu dénoncés ou peu poursuivis, on se basera sur le nombre de victimes.
Suivant les différentes études :
La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE) estime que les agressions sexuelles concernent 160.000 enfants par an.
D’après Mémoire Traumatique et Victimologie (enquête IPSOS 2019), les viols et tentatives de viols concerneraient 130.000 filles et 35.000 garçons chaque année.
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2014) : 1 filles sur 5, et 1 garçon sur 13, ont subi des viols et agressions sexuelles.
Donc oui beaucoup d’enfants se font agresser sexuellement en France !
Il y a donc un grand nombre d’agresseurs d’enfants en France.
Y a-t-il autant de femmes que d’hommes qui agressent ?
D’après Mémoire traumatique et Victimologie : 96% des agresseurs sont des hommes.
L’agresseur est-il proche de ses victimes ?
D’après Mémoire traumatique et Victimologie : 94% des agresseurs sont des proches.
D’après l’enquête de la CIIVISE auprès de plus de 10.000 adultes (conclusions intermédiaires mars 2022 p.23) :
- L’agresseur est un membre de la famille dans 84% des cas pour les femmes, et 64% des cas pour les hommes.
- L’agresseur vient d’une institution pour 27% des cas pour les hommes.
D’après Mémoire Traumatique et Victimologie et IPSOS 2019 :
- 44% de ces violences sont incestueuses => près de 1 victime sur 2 d’agression sexuelle et viol dans l’enfance, vit un inceste.
Que savons-nous des agresseurs incestueux ?
D’après la loi, l’agresseur incestueux peut être : l’un des parents, beaux-parents, grands-parents, frères et sœurs, oncles et tantes. Le cas des cousin/cousine est particulier car on le retrouve également comme agresseur incestueux mais l’inceste ne sera pas reconnu par la loi car il n’est pas interdit de se marier entre cousins !
Que disent les anciennes victimes devenues adultes ?
Dans l’enquête VIRAGE : les adultes ayant déclarés avoir subi des violences dans l’entourage familial avant 18 ans représentent :
- 1 femme sur 5, et 1 homme sur 8.
D’après l’enquête de la CIIVISE auprès de plus de 10.000 adultes (conclusions intermédiaires mars 2022 p.24), le classement des agresseurs incestueux par ordre décroissant est :
- Pour les filles : Père, grand-frère/demi-frère, oncle, grand-père, cousin, beau-père.
- Pour les garçons : grand-frère/demi-frère, père, cousin, oncle, grand-père.
De manière générale, le père est plutôt en bonne position !
Est-ce que des pères de familles peuvent agresser leurs enfants ?
La CIIVISE estime que chaque année, 22000 enfants sont victimes de violences sexuelles commises par le père.
Mes calculs :
Violence sexuelle : 160.000 enfants par an. Violences sexuelles incestueuses : 44% des cas soit 160.000 x 0,44 = 70.400 enfants par an.
Inceste paternel : 22.000 enfants par an.
- % d’incestes paternels /le total d’incestes : 22 000 x 100 / 70 400 = 31,25% donc environ 1 sur 3
- % d’incestes paternels/le total des violences sexuelles sur enfants : 22000×100/160000=13,75% donc environ 1 sur 7
On peut donc conclure que :
- 1 enfant victime d’agression sexuelle sur 7 subira un inceste paternel
- 1 enfant victime d’inceste sur 3 subira un inceste paternel
Quand on rencontre ou que l’on vit avec un agresseur, qu’est-ce qu’on risque ?
D’après mémoire Traumatique et Victimologie, avoir subi des violences dans l’enfance (qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles) peut faire perdre jusqu’à 20 ans d’espérance de vie. On risque beaucoup plus de se suicider, d’avoir des addictions, de faire des dépressions, de subir une grossesse précoce (10% de grossesse en cas de viol de filles), d’avoir une amnésie traumatique, d’avoir des maladies graves.
Seulement 8% des enfants qui ont osé parler ont été éloignés de leur agresseur et donc protégés.
On risque de mourir : d’après Arnaud Gallais (Collectif « Prévenir et Protéger »), un enfant meurt tous les 4 jours sous les coups de ses parents. D’après l’association « mémoire traumatique et victimologie », les violences faites aux enfants représentent le principal risque de suicide et de tentatives de suicide. D’après Dorothée Dussy (anthropologue, directrice de recherche au CNRS) dans son livre Le Berceau des Dominations p.272 273, « Mon enquête permet d’établir que la mort précoce sous toutes ses formes est surreprésentée dans les familles incestueuses ..et (notamment) des morts violentes ».
Les agresseurs ont-ils des stratégies ?
L’agresseur va effectivement utiliser des ressources qui sont maintenant bien connues :
Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP) et Aliénation Parentale
Le SAP utilisée comme stratégie de défense
Le père incestueux, acculé par une révélation publique, va chercher à décrédibiliser la parole de l’enfant et celle du parent protecteur en se faisant passer pour la victime. Il accusera l’enfant de mentir sous l’influence et la suggestion du parent protecteur. L’exemple le plus courant est celui de la mère accusée par le père d’avoir mis en tête de l’enfant une histoire d’abus sexuel pour obtenir sa garde exclusive.
Cette stratégie de contre-attaque s’avère encore malheureusement très efficace.
L’idée de la mère menteuse et manipulatrice a été théorisée par un pseudo scientifique sous le terme « Syndrôme d’Aliénation Parentale » (SAP) et elle a trouvé depuis beaucoup d’écho dans les salles d’audience. Ce procédé de défense de l’agresseur étant, par ailleurs, largement exploité par les avocats avec succès.
Le SAP est devenu une parade infernale pour museler la parole de la victime et du protecteur, nier les faits et échapper aux sanctions. Pire, elle va permettre à l’agresseur de retourner la situation. Il y aura inversion de la culpabilité !
Aux yeux de la justice, le parent protecteur va devenir fragile et toxique et le parent agresseur va apparaitre équilibré, de confiance, à qui on va souvent finir par donner la garde exclusive de l’enfant !
Étrangement, l’aliénation parentale est pourtant presque toujours infondée.
L’origine du SAP
On parle d’aliénation parentale lorsqu’un des parents influence l’enfant afin de favoriser chez lui son rejet ou sa désaffection à l’égard de l’autre parent. C’est un phénomène marginal dans les affaires de violences intrafamiliales (voir les chiffres dans : https://sousleregarddhestia.fr/syndrome-dalienation-parentale-sap/).
Le pseudo « Syndrôme d’ Aliénation Parentale » ou SAP, a été inventé par Gardner, un psychologue américain qui soutenait ouvertement la pédocriminalité, dans ce but : https://sousleregarddhestia.fr/syndrome-dalienation-parentale-sap/
Il gagnait sa vie comme expert psychologue, soutenu par des avocats qui défendaient principalement des pères accusés d’abus sexuels sur leurs enfants. Il était grassement payé à chaque victoire.
Le SAP a longtemps été enseigné à l’Ecole Nationale de la Magistrature par des psychologues disciples de Gardner, d’où sa large diffusion et son influence dans le monde de la justice et du social. Le SAP n’est reconnu par aucune instance scientifique sérieuse (ni le DSM5 aux Etats-Unis, ni l’OMS, ni aucun état, ni le monde de la recherche internationale) et n’a jamais été édité dans une revue scientifique sérieuse (uniquement à compte d’auteur).
Il est donc infondé et souvent utilisé pour décrédibiliser les parents protecteurs d’enfants incestés, au même titre que le syndrome de Münchhausen, le syndrome des faux souvenirs, le complexe d’Œdipe, le référentiel « Outreau », parents souvent injustement accusés d’être manipulateur, toxique, menteur…Il semble qu’il y ait une corrélation très fréquente entre accusation de SAP et les révélations d’inceste ou de violences en général, car sinon, dans les affaires portées à la connaissance des associations de protection des enfants, cette accusation serait utilisée beaucoup plus tôt dans les procédures notamment en matière de violences conjugales.
La Projection
Selon la psychothérapeute et psychanalyste Caroline Bréhat, lorsqu’un homme violent accuse son ex-conjointe « d’aliénation parentale », il importe d’investiguer la situation car les personnalités violentes ont souvent développé des mécanismes de défense archaïques tels que l’identification projective appelée projection. La projection est, selon la psychanalyse, un mécanisme de défense inconscient qui permet de rejeter la faute (craintes ou désirs vécus comme interdits) sur l’autre. Les pères violents, adeptes de ces mécanismes de défense, accusent les femmes d’être fusionnelles et aliénantes parce qu’ils ne peuvent reconnaître consciemment que ce sont eux qui ont un comportement fusionnel et aliénant. Selon l’American Psychological Association : « Les agresseurs intrafamiliaux projettent très habilement la faute sur leurs victimes. » (http://www.lenfantdabord.org/wp-content/uploads/2011/06/SAP-CRISES-AU-TRIBUNAL-DE-LA-FAMILLE-SILBERG-2013.pdf)
L’emprise
D’après le juge Durand, Ce que cherche l’agresseur (intrafamilial), c’est le pouvoir sur l’autre, c’est créer une emprise. Il ne supporte pas l’autonomie de sa conjointe ou de ses enfants. (« Défendre les enfants », Ed. Seuil, p.71)
La psychiatre Marie-France Hirigoyen parle de l’emprise en ces termes :
« L’emprise est un phénomène de violences psychologiques qui s’installent dans le temps… Un brouillage s’opère (car) des choses agréables sont dites, suivies par des choses déplaisantes…La personne sous emprise qui reçoit ces dénigrements va les intégrer, se dire « c’est vrai ». Sur le registre cognitif, ces messages contradictoires ont un effet paralysant sur le cerveau. Ce brouillage entraine la perte de l’esprit critique. Les personnes sous emprise ne savent plus à quel moment réagir. Vulnérables, ça les amène à se laisser soumettre. »
L’Obs 24/11/2017
Une stratégie courante de l’agresseur intrafamilial
(L’agresseur) recherche sa proie. Il l’isole, il crée un climat de tension et de peur. Il inverse la culpabilité. Il impose le silence. Il recherche des alliés. Et finalement il assure son impunité.
Juge Edouard Durand (« Défendre les enfants », Ed. Seuil, p.98)
Les agresseurs familiaux font généralement preuve d’une grande habileté à impressionner les administrations, ils sont souvent charmants, et difficiles à démasquer (Faller, 1998)
Le parent maltraitant présumé est (considéré comme) le plus stable et la mère comme la cause des troubles plutôt que comme une femme qui réagit à la détresse de ses enfants. (Phyllis Chesler, 2013)
Le pouvoir de l’agresseur et la possibilité de passage à l’acte criminel sont accentués par la proximité avec l’enfant (Conclusions Intermédiaires de la CIIVISE de mars 2022, p.24). Ce qui explique le fort taux d’inceste.
Est-ce que les agresseurs sont inquiétés par la justice ?
D’après Muriel Salmona (reprenant les enquêtes : CSF, 2008, ONDRP, 2016, Infostat justice, 2016, Virage, 2017), moins de 4% des viols sur mineurs font l’objet de plaintes (pour les adultes on est proche de 10%).
70% des plaintes sont classées sans suite.
D’après une étude américaine (Meier 2019) relayée par la CIIVISE (avis de la Ciivise du 27/10/21 p.4), transposable en France car nous rencontrons les mêmes problématiques : « Lorsque des accusations de violences sexuelles sur les enfants sont (rap)portées par les mères, elles ne sont reconnues par le juge que dans 15% des cas (Dans 85% des cas, elles ne sont pas reconnues par le juge), et presque jamais quand le père accuse la mère de manipulation (2%). (Dans 98% des cas, elles ne sont pas reconnues si la mère est accusée de manipulation) ». Toutes les études faites sur les potentielles fausses allégations de mères dénonçant des violences sexuelles de la part du père sur leur enfant, montrent qu’elles sont marginales.
Selon Mémoire Traumatique et Victimologie :
« Pourtant les fausses allégations de violences sexuelles chez les personnes qui portent plainte sont rares. Une étude conduite aux États-Unis en 2010 les estime à moins de 6 %, une autre de Rumney en 2006 13 les estime de 3% à 8%, et une étude de Trocmé qui analyse les fausses allégations de violences sexuelles commises sur des enfants les évalue à 6%, ces dernières ne sont pas le fait des enfants mais surtout de proches voisins et de parents qui n’ont pas la garde de l’enfant. »
Enquête Ipsos, 2015
D’après ces chiffres, on peut en conclure que les agresseurs d’enfants sont peu inquiétés en France et encore moins dans le cas d’un inceste.
Est-ce que les enfants sont bien protégés en France ?
Je vous laisse répondre !
Je vous laisse le choix de voir ou de ne pas voir !
Si vous voulez agir : contacter l’association Protéger l’enfant
Autrice : Fleur Delaunay pour Protéger l’enfant en partenariat avec Sous le Regard d’Hestia.
Relecture bienveillante de mes chères fées Caroline Bréhat, Edith, Céline et Aline.
Sources
Agressions sexuelles : (IVSEA 2015) : Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte réalisé par Mémoire traumatique
- IVSEA 2015 : https://www.memoiretraumatique.org/campagnes-et-colloques/2015-campagne-stop-au-deni.html
- Synthèse : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/campagne2015/2015-Synthese-enquete-AMTV.pdf
Viols et tentative de viols : (Enquêtes CSF, 2008 et Virage 2017) :
VIRAGE 2017 : enquête VIolence et RApport de GEnre réalisée par l’INED (Institut National d’Etude Démographique)
p.35 : 53% des femmes et 75,5% des hommes
CSF : Contexte de la sexualité en France
https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19113/pop_soc445.fr.pdf
p.1 : 59% des femmes et 67% des hommes
=> en moyenne : 56% des femmes et 71% des hommes
Y a-t-il beaucoup d’agresseurs d’enfants ?
OMS 2014 : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/child-maltreatment
L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) est un organisme français ayant existé entre 2004 et 2020. Il est chargé de rendre compte des évolutions des phénomènes délinquants et criminels en France ainsi que des réponses pénales qui y sont apportées.
2020 : l’Institut national des hautes études de la Sécurité et de la Justice et l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales sont supprimés. Les activités de l’observatoire sont transférées en partie au Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI du ministère de l’Intérieur, dépendant de l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur – IHEMI, créé en septembre 2020).
Les enquêtes « Cade de Vie et sécurité » étaient produites par le partenariat Insee-ONDRP-SSMSI.
Est-ce que les agresseurs sont inquiétés par la justice ?
D’après Murielle Salmona qui cite : CSF, 2008, ONDRP, 2016, Infostat justice, 2016, Virage, 2017, moins de 4% des viols sur mineurs font l’objet de plaintes (pour les adultes on est proche de 10%).
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