Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Qu’est-ce que la violence vicariante ? Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ?

Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ? Ce terme rare est utilisé pour décrire un phénomène où une personne expérimente indirectement quelque chose à travers une autre. Pour donner un exemple léger, si une personne vous raconte le dernier film qu’elle a vu, vous pouvez vivre l’histoire à travers elle. C’est ce qu’on appelle apprendre ou ressentir quelque chose de manière “vicariante”. Pas besoin de l’expérimenter par soi-même, on le vit via un tiers.

Le mot « vicariant » vient du latin « vicarius », qui signifie « substitut » ou « remplaçant ». Dans le domaine de la psychologie, l’apprentissage vicariant, popularisé par Albert Bandura, se réfère donc à l’apprentissage qui se produit en observant les conséquences des actions d’autrui.

Cette forme d’apprentissage est centrale dans la théorie sociale cognitive. Cependant, son application s’est étendue à des mécaniques humaines plus sombres et plus complexes. Récemment, le terme « vicariant » a été réapproprié dans le contexte des violences intrafamiliales pour décrire des situations où un membre de la famille, souvent un enfant, devient la cible de violences initialement dirigées vers un autre membre de la famille.

Par exemple, si un parent violent ne peut plus cibler son agressivité vers son partenaire à cause de l’absence ou de l’impossibilité de ce dernier à subir davantage de violence, l’enfant peut devenir le « remplaçant » involontaire, subissant ainsi la violence indirectement destinée à un autre.

Dans ce contexte, l’enfant est considéré comme une victime de violence vicariante.

C’est la même chose si l’agresseur s’en prend aux enfants pour augmenter la violence qu’il inflige à l’autre parent. Ils deviennent aussi des victimes de violence vicariante.

La différence entre une victime collatérale ou une “victime de violence vicariante”, c’est l’intention de nuire. La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, mais comme elle est étroitement liée à la situation, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La première a avoir associé le mécanisme à la violence est la psychologue espagnole Sonia Vaccaro :

«  En assassinant les fils et filles, l’agresseur s’assure que la femme ne s’en remettra jamais  » explique-t-elle. Toujours en avance dans la lutte contre les violences, l’Espagne a intégré cette notion de violence par substitution au Pacte d’État contre la violence de genre dès 2017.

Et quand en juin 2021, un tragique double infanticide a ébranlé ce pays, le concept de « violence vicariante » fut utilisé par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. Thomas venait d’assassiner ses deux filles, Olivia (6 ans) et sa sœur Anna (1 an), dans le but de torturer psychologiquement leur mère, Beatriz, suite à leur séparation.

Dans son discours, le premier ministre déclarait :

« La violence vicariante représente une forme de machisme particulièrement brutale et inhumaine, car elle inflige de la souffrance non seulement à la femme mais également à ses enfants. »

Pedro Sanchez exprimait également sa frustration face au déni persistant de la violence vicariante par certains, malgré les efforts de son gouvernement, des associations et des militantes féministes pour intégrer cette terminologie dans le langage courant.

On le déplore également, même si, vu de France, cette notion a au moins le mérite d’exister dans un pacte d’Etat. Il faudrait que les mécaniques de violences vicariantes soient mieux prises en compte partout.

Il nous semble important de populariser le terme « vicariant » dans le cadre de la sensibilisation aux violences intra-familiales.

  • Cela aide à mettre un mot sur un phénomène souvent invisible et mal compris, fournissant ainsi une base pour reconnaître et articuler les expériences des victimes indirectes.
  • Cela permet également de sensibiliser à la nécessité de protéger tous les membres de la famille, en soulignant que les dommages causés par la violence domestique peuvent s’étendre au-delà de la cible initiale.

Plus on saura identifier ce genre de mécanismes, plus, (on l’espère), on pourra développer des interventions ciblées et des supports adaptés à ceux qui ne sont pas seulement témoins, mais aussi victimes indirectes de cette violence.


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