Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Qu’est-ce que la violence vicariante ? Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ?

Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ? Ce terme rare est utilisé pour décrire un phénomène où une personne expérimente indirectement quelque chose à travers une autre. Pour donner un exemple léger, si une personne vous raconte le dernier film qu’elle a vu, vous pouvez vivre l’histoire à travers elle. C’est ce qu’on appelle apprendre ou ressentir quelque chose de manière “vicariante”. Pas besoin de l’expérimenter par soi-même, on le vit via un tiers.

Le mot « vicariant » vient du latin « vicarius », qui signifie « substitut » ou « remplaçant ». Dans le domaine de la psychologie, l’apprentissage vicariant, popularisé par Albert Bandura, se réfère donc à l’apprentissage qui se produit en observant les conséquences des actions d’autrui.

Cette forme d’apprentissage est centrale dans la théorie sociale cognitive. Cependant, son application s’est étendue à des mécaniques humaines plus sombres et plus complexes. Récemment, le terme « vicariant » a été réapproprié dans le contexte des violences intrafamiliales pour décrire des situations où un membre de la famille, souvent un enfant, devient la cible de violences initialement dirigées vers un autre membre de la famille.

Par exemple, si un parent violent ne peut plus cibler son agressivité vers son partenaire à cause de l’absence ou de l’impossibilité de ce dernier à subir davantage de violence, l’enfant peut devenir le « remplaçant » involontaire, subissant ainsi la violence indirectement destinée à un autre.

Dans ce contexte, l’enfant est considéré comme une victime de violence vicariante.

C’est la même chose si l’agresseur s’en prend aux enfants pour augmenter la violence qu’il inflige à l’autre parent. Ils deviennent aussi des victimes de violence vicariante.

La différence entre une victime collatérale ou une “victime de violence vicariante”, c’est l’intention de nuire. La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, mais comme elle est étroitement liée à la situation, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La première a avoir associé le mécanisme à la violence est la psychologue espagnole Sonia Vaccaro :

«  En assassinant les fils et filles, l’agresseur s’assure que la femme ne s’en remettra jamais  » explique-t-elle. Toujours en avance dans la lutte contre les violences, l’Espagne a intégré cette notion de violence par substitution au Pacte d’État contre la violence de genre dès 2017.

Et quand en juin 2021, un tragique double infanticide a ébranlé ce pays, le concept de « violence vicariante » fut utilisé par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. Thomas venait d’assassiner ses deux filles, Olivia (6 ans) et sa sœur Anna (1 an), dans le but de torturer psychologiquement leur mère, Beatriz, suite à leur séparation.

Dans son discours, le premier ministre déclarait :

« La violence vicariante représente une forme de machisme particulièrement brutale et inhumaine, car elle inflige de la souffrance non seulement à la femme mais également à ses enfants. »

Pedro Sanchez exprimait également sa frustration face au déni persistant de la violence vicariante par certains, malgré les efforts de son gouvernement, des associations et des militantes féministes pour intégrer cette terminologie dans le langage courant.

On le déplore également, même si, vu de France, cette notion a au moins le mérite d’exister dans un pacte d’Etat. Il faudrait que les mécaniques de violences vicariantes soient mieux prises en compte partout.

Il nous semble important de populariser le terme « vicariant » dans le cadre de la sensibilisation aux violences intra-familiales.

  • Cela aide à mettre un mot sur un phénomène souvent invisible et mal compris, fournissant ainsi une base pour reconnaître et articuler les expériences des victimes indirectes.
  • Cela permet également de sensibiliser à la nécessité de protéger tous les membres de la famille, en soulignant que les dommages causés par la violence domestique peuvent s’étendre au-delà de la cible initiale.

Plus on saura identifier ce genre de mécanismes, plus, (on l’espère), on pourra développer des interventions ciblées et des supports adaptés à ceux qui ne sont pas seulement témoins, mais aussi victimes indirectes de cette violence.


Vous pouvez trouver d’autres ressources sur ce site, ainsi que des témoignages.

Marche blanche 12 octobre 2024 à la mairie de Maurepas (78) pour Ginger et Seydou

Marche blanche 12 octobre 2024 à la mairie de Maurepas (78) pour Ginger et Seydou

Sekina, la maman de Ginger et Seydou,
l’association Protéger l’Enfant,
la Fédération nationale des victimes de féminicides (FNVF)
organisent une Marche blanche
le 12 octobre 2024 à 14h à la mairie de Maurepas dans les Yvelines (78)

La marche blanche aura lieu en commémoration des 6 mois de l’assassinat des enfants Ginger et Seydou, tués par leur père le 12 avril dernier.

Tous celles et ceux qui pourront venir soutenir cette maman et nous aider pour le cortège seront les bienvenus. Venez habillés en blanc. La marche blanche se fera dans le calme et le recueillement. Rendez vous à 14h devant la mairie de Maurepas (78) :

1, place Charles de Gaulle,
78310 Maurepas

Merci

L’histoire horrible, si douloureuse, de Sekina résonne comme un douloureux rappel des violences intrafamiliales et de leurs conséquences les plus tragiques.

Sekina est une jeune femme qui a vu sa vulnérabilité exploitée par celui qui était sensé l’aimer et la respecter.

Elle avait rencontré son conjoint, Daouda, il y a 7 ans grâce aux réseaux sociaux, et était tombée rapidement amoureuse de cet homme. Hélas tout aussi rapidement, ce dernier a exercé des comportements dominateurs et violents.

Stratégiquement, il l’a isolée de sa famille et de ses proches. C’est un schéma classique, malheureusement, chez les individus abusifs qui cherchent à exercer un contrôle total sur leurs victimes, les coupant de toute forme de soutien extérieur.

Les rares fois où sa famille a pu observer Sekina avec son conjoint et leurs enfants, ils se sont étonnés des accès de colère de cet homme. Mais Sekina, sous son emprise, ne se plaignait pas et répétait qu’elle l’aimait. Extérieurement, on avait l’impression que son comportement coercitif s’étendait jusqu’au contrôle de son apparence : il lui interdisait de se parfumer ou de se maquiller pour aller travailler, la réduisant à un objet lui appartenant, sans autonomie ni liberté.

Hélas, le niveau de violence auquel Sekina était exposée est devenu tragiquement clair après la mort des enfants. Sa famille a pu observer les marques de torture sur son corps, notamment des blessures infligées avec le fil électrique d’un radiateur.

Un jour, Sekina a fini par trouver le courage et la force de porter plainte.

Ce jour-là, pendant que Sekina était au commissariat, Daouda a été récupérer les deux enfants à la crèche, les a tués à coups de couteau. Ginger avait 3 ans et Seydou 18 mois.

Depuis, la famille accompagne Sekina au mieux, réalisant dans la douleur les sévices endurés par la jeune femme pendant des années, jusqu’à cette issue tragique et dévastatrice.

L’horreur subie par Sekina et ses enfants doit nous pousser à lutter contre la violence domestique avec encore plus de vigueur, et à s’assurer que les ressources et le soutien soient accessibles à toutes les victimes, surtout les plus vulnérables.


Venez soutenir Sekina et sa famille. Rejoignez nous à la marche blanche du 12 octobre !

#Marche blanche pour Ginger et Seydou

Des violences coercitives aux violences institutionnelles, Liza témoigne

Des violences coercitives aux violences institutionnelles, Liza témoigne.

En 2014, Liza et Tom se rencontrent dans le cadre professionnel. Liza est infirmière en santé au travail et Tom est pompier industriel dans la même entreprise.

Au début, Tom est charmant, attentif et à l’écoute, partageant des intérêts communs avec Liza tels que le jazz, la philo et la politique.

Cependant, ni l’un ni l’autre ne sont libres à cette époque. Tom qui se plaint tout le temps de sa femme, décide de la quitter au bout de 11 mois de mariage, entamant une procédure de divorce compliquée. Liza quitte aussi la personne avec qui elle était en couple. Ils se mettent ensemble, débutant une relation idyllique comme souvent les lunes de miel. C’est l’entente parfaite. Trois mois plus tard, Tom s’installe chez Liza. Les choses évoluent doucement. Ils dénichent ensuite une maison et emménagent ensemble.

Étrangement Liza se sent fragilisée, elle ne se sent pas bien et ne réussit pas à défaire ses cartons. Pourtant à ce stade, leur relation est toujours fusionnelle même si Tom se montre contrôlant (il ne supporte pas l’ex de Liza). Ils voyagent beaucoup, assistent à des concerts de jazz… Tom développe beaucoup cette fusion de couple. Tellement que Liza s’éloigne de ses amis et de sa famille, tandis que Tom lui cache la sienne. Il la décrit comme marquée par des non-dits, des dépressions et des troubles bipolaires, dysfonctionnelle. Il lui confie qu’il a été maltraité enfant par un père tyrannique et violent.

En 2016, Liza tombe enceinte, ils sont ravis. Ils se pacsent et partent à New-York en voyage. La grossesse se passe bien.

Trois mois avant l’accouchement, Tom perd son portefeuille et s’énerve violemment.

C’est la première crise où Liza le voit exprimer sa violence verbale. Il s’excuse et puis l’arrivée de leur fille balaye cette crise, en février 2017.

Tom est présent et soutenant, mais assez vite, sa famille s’immisce dans leur vie, générant rivalités et jalousies.

Ils décident d’avoir un nouvel enfant. Mais quand Liza tombe enceinte, Tom est dépassé et commence à lui faire des reproches, se sentant frustré et contraint. Des conflits éclatent au sein de sa famille. Le frère jumeau de Tom reproche à sa famille des maltraitances subies dans l’enfance envers eux. Celui-ci décide de faire bloc avec son frère, et étrangement, ça retombe sur Liza, accusée d’être à l’origine du conflit familial. Cette situation perturbe la grossesse. En juillet 2018, leur fils naît. Liza allaite mais ne se sent pas soutenue et en souffre.

Tom devient distant, nerveux.

Il revoit ses amis et accuse Liza de tous leurs problèmes, dont son manque de libido (“tu es comblée par ton fils qui te bouffe les seins”). Tout est prétexte à crise, à dénigrements (dirigés même contre les enfants), parfois suivis d’excuses peu convaincantes et d’un retour à la normalité (par ex : elle offre des cadeaux à Tom, mais il l’accuse violemment de surconsommation, puis s’excuse, etc.).

Liza justifie encore souvent ses comportements délétères jusqu’en 2019, où elle commence à consulter un psy. Elle s’avoue enfin son envie de partir, bien qu’elle soit financièrement dépendante car en congé parental. La situation s’aggrave avec la pandémie. Les négligences s’accumulent, accompagnées de violences verbales qui génèrent l’effondrement de Liza.

Elle découvre de nombreux défauts de surveillance vis à vis des enfants. Elle perd 14 kilos en 3 mois, fait des insomnies, de la tachycardie. En sortie de confinement, Liza révèle tout à sa famille, et sa mère lui suggère que Tom est un pervers narcissique, ce qui résonne en elle.

En juin 2020, elle dépose une main courante pour les défauts de surveillance et envisage une séparation, ce qui déclenche des violences physiques.

Elle porte plainte en septembre, et son avocate lui conseille d’obtenir une ordonnance de protection. Liza découvre que Tom la trompe depuis des mois et obtient 7 jours d’ITT après une visite aux UMJ. L’ordonnance de protection est refusée malgré l’avis favorable du procureur. La magistrate accorde la garde principale à Liza et un week end sur deux à Tom malgré les éléments prouvant sa dangerosité.

Son avocate et l’OPJ conseillent de ne pas lui confier les enfants. En février 2021, la Cour d’appel reconnaît l’erreur judiciaire et retire les droits de visite à Tom. Cependant, il continue de miner le terrain en se rapprochant de la directrice de crèche, qui prend son parti et tente de discréditer Liza en l’accusant même de maltraitance.

Une enquête de l’ASE est lancée chez Liza, mais pas chez Tom. Il l’accuse d’aliénation parentale et cherche à récupérer la garde pour la détruire. Liza se retrouve devant le juge 15 jours plus tard, qui ne comprend pas la situation. L’audience se passe plutôt bien. Liza est mutée dans le sud ce qui provoque une réaction violente de Tom qui l’assigne en référé. En octobre, la juge accorde la garde à Tom, imputant à Liza les conséquences de sa mutation et réduisant ses droits à un week end par mois et la moitié des vacances.

Liza, effondrée, fait appel. Tom, dans sa toute-puissance, exige de prendre les enfants le week-end suivant. Liza temporise, estimant qu’il faut d’abord préparer les enfants à cette décision ultra violente, ce qui conduit Tom à l’accuser de soustraction d’enfant.

Convoquée en vue d’une garde à vue, un accord est trouvé pour que Tom revienne chercher les enfants dans quinze jours. Les enfants vont chez leur père et Tom en profite pour remplacer le psy de leur fille par un autre, pro-père. Il dit aux enfants que leur mère les a abandonnés, qu’elle ne les aime pas, fait de la rétention d’infos et leur demande de mentir.

En février 2022, la fille de Liza lui révèle que « papa m’a mis un doigt dans les fesses pendant la douche« . Une psy fait un signalement au procureur.

Cependant, le commissariat minimise la situation et l’audition de la fille est mal conduite (l’OPJ dit que sa fille veut rentrer le soir chez son père pour prendre sa douche). La consultation à l’UMJ accuse Liza de fausses déclarations.

La petite, obligée de retourner chez son père, s’effondre.

Pour ses 5 ans, Tom refuse que Liza la voie et demande à l’école d’éviter tout contact. Puis il invoque un état de nécessité (folie) pour ne plus rendre les enfants. Liza, épuisée et en burn-out, se retrouve en arrêt maladie, privée de ses enfants pendant quatre mois. Tom saisit le JAF pour demander le retrait de l’autorité parentale de Liza, une expertise psy, des visites médiatisées et une pension alimentaire, l’accusant de manipulation.

Le JAF le déboute heureusement de toutes ses demandes. En juin 2022, Liza récupère le droit de garde et met fin à l’impunité de Tom.

Tom exerce alors une violence financière, gardant l’argent de la vente de leur appartement sous séquestre.

Plus tard, lors d’une audience, une JDE rencontre les enfants seuls et conclut qu’il est indispensable de rééquilibrer les droits parentaux…

Liza obtient finalement la garde alternée, mais doit céder sur des tas de critères imposés par Tom (convention parentale à son avantage, le choix de l’école et des thérapeutes, pas de pension alimentaire…). La garde alternée ne fonctionne pas bien pour les enfants, qu’elle récupère toujours en détresse. En septembre 2023, Liza est convoquée à la suite de la plainte de Tom pour violence conjugale (déposée en 2022, quand il est accusé d’inceste).

Ça n’en finit jamais. Après 4 ans de cauchemars, de violence institutionnelle et d’impunité pour Tom, Liza attend toujours une véritable justice pour protéger au mieux ses enfants.


Vous pouvez trouver d’autres témoignages sur le site à la rubrique  » Articles et témoignages « .

Pourquoi se former au Contrôle Coercitif pourrait changer la donne

Pourquoi se former au Contrôle Coercitif pourrait changer la donne

Le contrôle coercitif est un concept qui nous vient de l’américain Evan Stark, ancien travailleur social et sociologue. En 2007, il publie Coercive Control : The Entrapment of Women in Personal Life, dans lequel il s’attaque aux idées préconçues autour des violences dites domestiques. Selon lui, il est rare que la violence physique soit une impulsion sortie de nulle part. Au contraire, la plupart du temps, les coups ne sont que l’aboutissement d’un « motif récurrent de comportements contrôlants, relevant du terrorisme ou de la prise d’otage ».

Cette compréhension plus large et plus juste des mécanismes de violences intrafamiliales a déjà été intégrée dans plusieurs codes pénaux (d’abord l’Angleterre en 2015, puis l’Écosse, plusieurs États australiens, le Canada…). Nous espérons que la France sera la suivante.

Le contrôle coercitif englobe toutes les formes de violences intrafamiliales sans se focaliser sur la violence physique.

Il désigne un schéma plus large de domination et de contrôle systématique qui vise à contrôler et assujettir la victime.

  • Isolement : Séparation de la victime de ses amis, sa famille et d’autres réseaux de soutien.
  • Intimidation : Utilisation de menaces, de regards, de gestes ou de destructions de biens pour créer un climat de peur.
  • Dégradation : Attaques verbales ou comportement humiliant pour diminuer l’estime de soi de la victime.
  • Contrôle des ressources : Surveillance ou restriction de l’accès aux ressources, par ex financières, éducatives ou professionnelles.
  • Surveillance : Utilisation de moyens de surveillance pour contrôler les mouvements et les communications de la victime.

Andreea Gruev-Vintilla a écrit un livre en français qui présente en détail ce concept. On souhaiterait voir cet ouvrage dans les mains de tous les intervenants dans la gestion des violences intrafamiliales.

Selon la chercheuse, le concept de contrôle coercitif remplace la sempiternelle question “Pourquoi la victime n’est-elle pas partie ? “ par “Comment l’agresseur s’y est-il pris pour l’empêcher de partir ?”. Et ça change tout.

Pourquoi ? Parce que la focale est enfin dirigée vers la source du problème, l’agresseur, et non sur les conséquences de ses actes (dont l’emprise qu’il exerce sur les victimes et leur incapacité à s’extirper de cette situation).

Le contrôle coercitif propose une meilleure définition du mécanisme de la violence, en mettant en valeur que l’essence de l’oppression, c’est d’être définie de l’extérieur, par un tiers qui lui-même s’auto-proclame supérieur.

La seule émancipation possible est alors de pouvoir se définir soi-même, ce qui n’est pas une mince affaire dans un cadre de violences intrafamiliales, d’oppression, de manipulation.

Pour autant, les proches ou les tiers témoins ont un rôle décisif à jouer dans la poursuite ou l’arrêt de ces processus. Au pire, leur indifférence ou leur neutralité servent l’agresseur. Au mieux, ils peuvent remarquer quelques actes. Mais s’ils ne sont pas formés au contrôle coercitif, le processus fragmenté mais continu de cette violence passe totalement sous leur radar.

Depuis 2023, au Royaume-Uni, la police est tenue de traiter la violence intrafamiliale comme une “menace nationale”, au même titre que la criminalité organisée, le terrorisme et la maltraitance des enfants.

En France, la cour d’appel de Poitiers vient de faire entrer le contrôle coercitif dans les tribunaux avec une série de cinq arrêts rendus le 31 janvier 2024.

Ces derniers mettent en lumière comment les faits s’inscrivent « dans un mécanisme historique et collectif d’inégalités structurelles entre les femmes et les hommes », et affirment que la violence intrafamiliale est une « forme de violence sociale » basée sur la domination.

La Cour d’appel a précisé que le contrôle coercitif est une atteinte aux droits humains en ce qu’il empêche la victime de jouir de ses droits fondamentaux.

C’est la première fois en France que des décisions judiciaires abordent les violences conjugales non plus juste sous l’angle de la protection de la famille, mais comme une atteinte aux droits fondamentaux des victimes. La cour a ainsi condamné un prévenu qui dénigrait sa compagne, contrôlait ses ressources alimentaires, l’isolait, la menaçait de mort…

L’arrêt indique : « Cette forme structurelle de privation contraint à l’obéissance par la monopolisation des ressources vitales ». La victime résume : « Il voulait avoir le contrôle sur tout ce que je faisais. » Dans une autre affaire, le prévenu interroge sans cesse sa compagne sur ses déplacements et « fait régner un climat de terreur au domicile ». Il la traite de pute, connasse, salope, lui crache dessus, profère des menaces de mort. Sa compagne « ne compte plus » les coups car « me frapper était la seule façon de me faire taire. »

Le contrôle coercitif est identifié comme un problème systémique. Il serait urgent de changer la loi pour qu’il soit érigé en infraction pénale.

De plus une formation obligatoire devrait être dispensée aux forces de l’ordre, aux magistrats, et à tous les intervenants concernés par la lutte contre les violences intrafamiliales.

Un suivi de la mise en œuvre de cette loi serait important au début pour qu’elle ne reste pas lettre morte. Tout comme le lancement de campagnes nationales d’information et de sensibilisation permettraient à cette notion de contrôle coercitif d’infuser plus vite et donc de mieux aider les victimes.

La société et ses forces représentantes doivent entamer un processus de transformation profond, aussi urgent que vital dans la gestion des violences structurelles actuelles.


Pour approfondir ce sujet, nous vous conseillons la lecture des articles « Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales« , « Violences conjugales : le « contrôle coercitif », nouvelle arme des juges » et « Violences intra-familiales : « les magistrats doivent partager des connaissances conceptuelles »« .

Les stratégies de l’agresseur

stratégies de l’agresseur

Les stratégies de l’agresseur

Les auteurs de violences intrafamiliales utilisent une stratégie cyclique redoutable visant à contrôler et à dominer leurs victimes

Séduction et Charme

Au commencement, l’agresseur se révèle sous une lumière séduisante, proche de la perfection, dévoué. Cette phase, souvent appelée « lune de miel », marque le début de leur interaction, caractérisée par une générosité et une affection débordante.

  • Objectif : Gagner la confiance et l’affection de la victime pour établir rapidement une relation.
  • Exemple : Une avalanche de compliments, cadeaux… Des promesses d’engagements futurs, tableau idyllique de la vie commune.
  • Conséquences : La victime devient émotionnellement attachée et commence à faire confiance à l’agresseur, ce qui la rend vulnérable aux manipulations futures.
  • Red Flag : Un engagement trop rapide dans la relation, accompagné parfois de critiques sévères envers des ex-partenaire(s), décrit(e)s de manière outrageuse.

Isolement

Petit à petit, l’agresseur isole sa victime de son entourage (famille, amis, même travail), limitant aux maximum ses interactions sociales, son soutien extérieur et son autonomie.

  • Objectif : Éloigner la victime de son réseau de soutien pour la rendre plus dépendante de l’agresseur.
  • Exemple : L’agresseur critique les amis et la famille de la victime (ces gens-là ne sont pas assez bien pour elle…), insistant pour passer plus de temps seul avec elle, ou déménageant dans un lieu nouveau, inconnu.
  • Conséquences : La victime se retrouve isolée, sans soutien externe, ce qui augmente son sentiment de dépendance envers l’agresseur.
  • Red Flag : L’agresseur dénigre les relations pré-existantes amicales ou familiales et suggère /demande à ce que la victime se retire de ses activités sociales habituelles.

Dévalorisation et Critique

L’agresseur commence à critiquer, dévaloriser et dénigrer la victime, érodant son estime de soi et sa capacité à se défendre. Il utilise les techniques de gaslighting pour l’amener à remettre en cause ses choix, sentiments, émotions, etc. et la faire douter de sa santé mentale.

  • Objectif : Miner l’estime de soi de la victime pour la contrôler plus facilement.
  • Exemple : L’agresseur fait des remarques négatives de manière répétée sur l’apparence de la victime, ses compétences, sa vision du monde ou ses décisions.
  • Conséquences : La victime commence à douter de sa valeur et de ses capacités, ce qui la rend plus susceptible d’accepter les abus.
  • Red Flag : Changements dans l’estime de soi de la victime, qui peut commencer à se dévaloriser. Elle intègre et répète des critiques qu’elle a reçues de son partenaire.

Intimidation et Peur

Par des menaces, des actes d’intimidation ou même de violence physique, l’agresseur instille la peur pour contrôler davantage sa victime.

  • Objectif : Dominer par la peur, en utilisant la violence physique et/ou psychologique pour obtenir obéissance et soumission.
  • Exemple : L’agresseur peut détruire des objets personnels, menacer de violence ou faire des démonstrations de force.
  • Conséquences : La victime vit dans la peur de l’agression, ce qui la pousse à se conformer aux désirs de l’agresseur pour éviter la violence. Elle est dans un état d’anxiété permanente
  • Red Flag : La victime semble anxieuse ou craintive en présence de son partenaire, ou modifie son comportement pour éviter de « provoquer » des réactions.

Culpabilisation

La victime se voit faussement accusée d’être à l’origine des violences subies, inversant les rôles de bourreau et de victime. L’agresseur détourne la culpabilité pour s’en dédouaner.

  • Objectif : Faire porter à la victime la responsabilité des abus pour détourner la faute de l’agresseur.
  • Exemple : Après une altercation, l’agresseur accuse la victime de l’avoir provoqué ou insinue que son comportement justifie les abus.
  • Conséquences : La victime finit par croire qu’elle est responsable des abus et mérite d’être punie, ce qui diminue sa volonté de chercher de l’aide ou de s’échapper.
  • Red Flag : La victime s’accuse des tensions et des abus, tentant de justifier les actions de l’agresseur. Elle l’a cherché, c’est de sa faute, elle l’a mérité…

Alternance entre violence et réconciliation

La relation devient un tourbillon d’épisodes violents suivis de réconciliations, où l’agresseur exprime des remords et promet du changement. Cela piège la victime dans l’espoir d’une amélioration.

  • Objectif : Créer un cycle abusif qui désoriente la victime et renforce sa dépendance émotionnelle.
  • Exemple : Après un épisode de violence, l’agresseur peut se montrer doux, repentant, offrir des cadeaux ou promettre de changer.
  • Conséquences : La victime retourne dans l’étape de « lune de miel » après la violence, ce qui la convaincre de rester dans la relation.
  • Red Flag : La victime relate des périodes d’affection inattendue après des accès de violence. Elle pardonne et culpabilise.

Contrôle Financier

En contrôlant les ressources économiques, l’agresseur renforce la dépendance financière de la victime, entravant sa capacité à prendre des décisions autonomes et sa liberté.

  • Objectif : Rendre la victime incapable financièrement de quitter la relation.
  • Exemple : L’agresseur prend le contrôle des finances en donnant à la victime des sommes insuffisantes. Il l’empêche de travailler ou l’accuse d’être la source des problèmes.
  • Conséquences : La victime se trouve dans une situation où son sentiment d’impuissance et de dépendance la paralyse. L’argent devient une prison pour elle et ses enfants.
  • Red Flag : La victime a un accès limité aux finances familiales, demande fréquemment de l’argent ou semble inquiète pour des dépenses mineures, signalant un contrôle financier.

On le voit, la stratégie globale des agresseurs a pour but de maintenir la victime dans un état de vulnérabilité et de dépendance, rendant difficile son émancipation et la rupture du cycle de violence.

Chacune de ces étapes contribue de manière plus ou moins avancée à renforcer son contrôle, en créant un environnement de peur et de confusion. On parle de cycle, d’étapes, mais il n’y a pas vraiment d’ordre, de parcours obligatoire et fléché.  Il s’agit de contrôle coercitif : une sorte de mille-feuilles malaisant, un maillage serré qui se dénoue juste le temps de laisser à la victime l’énergie de survivre et… d’abandonner la lutte.

Reconnaître ces signes (ces red flags) est important, crucial, pour offrir le soutien nécessaire aux victimes de violences intrafamiliales.

Rester neutre, c’est être du côté des agresseurs…


Vous pouvez aussi consulter nos articles « Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP » et « Le gaslighting, vous connaissez ? » ou encore « Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants« .

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Bonjour John Sturgeon. Vous êtes un maitre de conférences écossais, spécialisé sur les questions de violences intrafamiliales.

Vous connaissez aussi très bien le système français et ses dysfonctionnements. Pouvez-vous nous expliquer les méthodes d’intervention pour la protection de l’enfance en Écosse ?

Bien sûr. Déjà, pas d’angélisme, l’Écosse n’échappe pas à son lot de violences physiques, sexuelles, psychologiques. Néanmoins, depuis plus de 20 ans, nous avons privilégié plusieurs politiques de lutte efficaces, d’une manière très différente de la France.

Dès la fin des années 90, la priorité a été mise sur la prévention. L’idée était à la fois d’intervenir le plus rapidement possible pour protéger les victimes et en même temps de limiter les coûts pour la société.

Comment travaillent les autorités locales pour effectuer au mieux ces interventions ?

A l’inverse de la France, l’Écosse a pris le parti de faire travailler ensemble tous les services. Partant du principe que nul ne possède toutes les infos ou les compétences, il faut agir conjointement. La police, la Justice, les assistants sociaux, les soignants, etc. Tous travaillent dans les mêmes lieux, ils peuvent se parler des dossiers, échanger… Ils utilisent également les mêmes outils, faits pour faciliter la communication entre les services.

Effectivement, c’est différent de la France où tout est cloisonné entre les différents magistrats, où on peut condamner un médecin qui fait des signalements et où le secret professionnel est érigé en modèle.

Le secret professionnel existe en Écosse mais il est plutôt géré en circuit fermé. Si vous êtes un pro et avez besoin de savoir, vous saurez.

Nous pensons qu’il y a plus de problèmes liés au non partage des informations que l’inverse. Et beaucoup d’usagers apprécient de ne pas avoir à répéter les mêmes informations sensibles.

L’Ecosse est connue pour être un des pays où on prend le mieux en compte les traumatismes.

C’est vrai. Tous les employés des services publics sont formés aux traumas et à leurs effets. Ils savent repérer les signes, connaissent les marques d’un développement dysfonctionnel du cerveau chez un enfant ou une femme victime de violence… Cette conscience permet des interventions à la fois plus sympathiques pour les victimes mais aussi génère une aide plus adaptée aux genres, à l’âge et au contexte. Même au niveau de la loi, c’est intégré. Ainsi la Justice doit prendre en compte l’âge de l’agresseur jusqu’à ses 26 ans. Depuis 2019, les châtiments corporels sont interdits. Et actuellement, le parlement écossais étudie un projet de loi qui obligerait chaque future loi à respecter la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

En France, hélas, le droit à l’enfant prime sur le droit de l’enfant.

Ici, le droit de l’enfant (ou son intérêt supérieur) passe avant le droit du parent. D’ailleurs, les parents n’ont pas de droits sur leurs enfants, juste des responsabilités. Ils ne doivent pas leur causer du tort et de la souffrance.

Ça fait rêver… Et sinon, concrètement, comment sont gérés les cas de violences intrafamiliales ?

Cela a pas mal changé depuis ces 20 dernières années. Au début de notre siècle, les assistants sociaux étaient formés pour identifier les dangers potentiels. C’était à eux de mettre en place la protection des enfants. Le corolaire de cela, c’est que les assistants sociaux avaient peur d’être accusés de ne pas s’être rendu compte du problème. Ils étaient donc toujours à la recherche de signes de violence. Ce n’était pas sain.

Il y a 5 ans, nous avons rééquilibré cette approche fondée sur la considération du risque pour se tourner vers le pendant, plus positif : les signes de sécurité (“Signs of Safety”). Les assistants sociaux travaillent en partenariat avec les familles et le reste des intervenants, dans des relations plus égalitaires. Tous travaillent pour identifier le problème et se tourner vers la solution : comment créer une famille sûre et saine. Cela a un gros impact sur la motivation des professionnels, la satisfaction des intervenants et surtout, cela améliore grandement la capacité d’identifier les risques et les dangers. La peur de l’erreur d’évaluation perdure, se faire confiance mutuellement (famille et services sociaux) n’est pas aisé pour tout le monde, mais les choses s’améliorent tous les jours.

C’est donc le système actuellement en place ?

Non, il est encore en train d’évoluer. Depuis 2 ans, des régions testent l’approche “Safe & Together”.

“Safe and together” signifie “En sécurité et ensemble” ? Quel est ce nouveau modèle ?

« Safe and Together » est utilisé spécifiquement dans les cas de violences intrafamiliales par la plupart des autorités écossaises. Cela a un effet transformateur sur notre pratique. Il fonctionne sur 3 principes :

  • Il n’y a pas de violence sans agresseur, donc l’attention doit porter sur cette personne, ses responsabilités ; et non pas sur le parent protecteur. En cas de signalement, la police intervient immédiatement. L’accusé sera retiré de la maison et interrogé au commissariat. Les enfants et la victime présumée seront interrogés à domicile. Dans le cadre des processus d’enquête et de suivi, un représentant de l’autorité locale (un assistant social), un employé du National Health Service (généralement une infirmière) effectueront des recherches dans leurs bases de données à la recherche d’informations.

L’enquête pénale est menée uniquement par la police, mais des dispositions sont prises pour obtenir des informations auprès d’autres organismes de l’État. Ces dispositions aident la police dans ses enquêtes et aident les organismes de l’État à s’acquitter de leurs responsabilités en matière de protection du public.

Cela facilitera l’enquête, éclairera l’évaluation des risques et guidera les stratégies de protection qui doivent être mises en place. Il s’agit là d’un très bon exemple de la façon dont nous travaillons ensemble en Écosse afin que chaque organisme d’État puisse exercer ses responsabilités légales en matière de protection des enfants et des personnes vulnérables, au motif qu’un seul organisme ne disposera pas de toutes les informations.

Tout le monde est formé au contrôle coercitif. En Écosse, on préfère cette dénomination plutôt que « emprise ». Dans le cas d’emprise – le focus est sur la capacité et réaction de la victime mais dans l’essence du contrôle coercitif, c’est la stratégie de l’agresseur qui est sous la loupe.

Et si la situation n’est pas “grave” ?

Alors l’agresseur pourra rentrer chez lui mais il saura que toutes les structures sont au courant de ses actes et qu’il est surveillé.

Les 2 autres principes du “safe and together” sont :

  • Le parent protecteur et les enfants doivent rester ensemble. C’est la personne problématique qui doit quitter le foyer. Les services sociaux s’engagent à maintenir les victimes ensembles.
  • Les services sociaux travaillent en partenariat avec le parent protecteur. Ils reconnaissent que cette personne prend en charge la sécurité de ses enfants.

Waooo…. Cela démontre combien le contrôle coercitif est un concept intégré chez vous.

L’Écosse est un des rares pays au monde à avoir des lois spécifiques contre le contrôle coercitif.

Depuis 2018, il est illégal de contrôler son partenaire en restreignant ses accès à ses amis, sa famille, ses finances, son travail, peu importe le moyen. La peine maximale prévue est de 14 ans de prison ferme.

Les services sociaux savent que la violence est genrée, ils sont formés à la recherche de ces signes. De plus, ils ont conscience que si une personne est “contrôlée” par son partenaire alors leurs enfants sont aussi victimes de cette stratégie, directement ou indirectement. C’est pourquoi, cette personne n’a pas besoin de porter plainte (ni même de le vouloir). Si elle est repérée comme subissant des violences coercitives, alors on peut porter plainte à sa place, que la personne se reconnaisse comme victime ou non, car c’est le comportement contrôlant qui est illégal.

Merci beaucoup John. Nous espérons que la France saura s’inspirer du meilleur de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales.


Vous pouvez également consulter nos articles « Loi espagnole sur les violences intrafamiliales : pourquoi on devrait s’en inspirer » et « Violences sexuelles en Australie : une réalité glaçante révélée« .

Vies maternelles entravées

Vies maternelles entravées, protéger l'enfant

Merci à Philomène V. pour ce touchant et délicat témoignage : le parcours semé d’embûches d’une mère qui cherche à se protéger et à protéger son enfant.


Vous savez que la violence qui s’est insinuée dans votre couple devrait vous faire prendre la fuite. Mais il y a un bébé, qui, vous répète-t-on, « a besoin de ses deux parents ». Donc pas de départ.

La violence s’amplifie, « partez Madame, vous avez un petit, partez pour lui ! Mettez-le à l’abri », vous enjoint-on. Mais « si tu pars, tu vas voir ce que tu vas voir », vous susurre-t-on. Donc pas de sécurité.

Vous avez bravé la défense de quitter le territoire domestique, déclenchant l’ire conjugale ; vous savez qu’il vous faudrait partir sans laisser d’adresse pour vous évaporer enfin, légère et hors d’atteinte, vers la liberté. Mais ce conjoint, qui tait ses devoirs, hurle ses droits. Alors vous devez rester à sa portée. Donc pas de libération.

Vous devriez vous « protéger pour vous relever, couper les liens de cette relation maltraitante ». Mais vous avez l’obligation de tout faire pour favoriser « le dialogue coparental ». Donc pas de solution.

Vous devez être « une mère dans le compromis avec le père de l’enfant ». Mais vous devez vous montrer « une femme qui ne se laisse plus dominer par son ex-conjoint ». Donc pas de répit.

Vous suffoquez sous la chape des écrits menaçants et humiliants ; il vous faudrait suivre les préconisations du médecin et accepter les arrêts de travail. Mais pour le dossier concernant la garde de votre enfant, une mère en dépression, ce n’est pas bon. Donc pas d’arrêt.

Vous voudriez porter plainte contre le harcèlement que vous fait subir votre ex-conjoint mais sans arrêts de travail, pas de preuve suffisante de harcèlement : donc pas de plainte.

Vous êtes exsangue. Mais une mère triste, ce n’est pas bon pour les enfants, alors vous faites semblant : pas de repos.

Vous devez veiller au bien-être de votre enfant et déroger au jugement s’il est en danger physique ou psychologique avec son père. « Soyez une mère protectrice. C’est ça que fait une bonne mère ». Donc non représentation d’enfant.

Vous devez appliquer le jugement. Ne soyez pas une « mère toute-puissante ». « Une mère qui respecte les droits du père, c’est ça une bonne mère ». Donc pas de légitimité à préserver l’enfant.

Prise entre les coups réguliers du marteau de la violence psychologique et l’enclume institutionnelle, vous en venez quelques fois à souhaiter que ce marteau vous explose une bonne fois pour toutes le cerveau – fin du supplice.

Et quand vous parvenez parfois à vous endormir, vous rêvez de cette déflagration de votre chaire endolorie par toutes ces années de survie – d’asphyxie. Une déflagration qui mettrait fin à la torture des injonctions contradictoires. Vous n’auriez plus à assister, impuissante, à l’impunité de la violence qui abime votre enfant. Et, en mille morceaux, vous vous évaporeriez enfin, loin du bourreau – avec l’espoir que la moindre brisure de votre être s’en ira trouver les instants de légèreté partagés avec votre enfant, que tant d’années de tourment vous ont volés.

Mais pour protéger votre enfant, il vous faut rester. Donc vous restez, entre le marteau et l’enclume.

Philomèle V.


Vous pouvez retrouver de nombreux autres témoignages sur notre site.

Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Ce père de 41 ans, auparavant reconnu coupable de violences conjugales, s’est rendu ce dimanche dans un poste de police à Dieppe, en Seine-Maritime. Il a confessé avoir assassiné ses trois filles chez lui, dans le Val-de-Marne, évoquant le motif de « la crainte de ne plus les voir ». Il avait échangé dans la soirée des mails conflictuels avec la mère et a pris dans la foulée la décision de les tuer.

En 2021, ce père avait été condamné à une peine de prison, incluant un sursis probatoire, pour des actes de violence envers sa conjointe et ses enfants.

Malgré une interdiction de contact avec les victimes, cette restriction avait été levée fin septembre 2022 pour faciliter l’exercice de ses droits parentaux… Il avait accompli une partie de sa peine sous surveillance électronique et avait suivi un stage de responsabilité parentale et un suivi psychologique.

Depuis, on sait que de nouvelles violences (non rapportées officiellement par la mère des enfants) avaient eu lieu, révélant un contexte familial toujours tendu. De plus, curieusement, le soir de la confession du père, le domicile de la mère a été cambriolé, un événement qui se rajoute à l’enquête (dissimulation de preuves ?).

En plus de cette funeste tragédie, ce triple infanticide soulève des questions troublantes et révélatrices de problématiques systémiques.

Premièrement, pourquoi un père, craignant de perdre le contact avec ses enfants, choisit-il de les tuer plutôt que de chercher à maintenir ou restaurer cette relation ?

Cette décision extrême pourrait indiquer un désir de contrôle absolu ou un acte de vengeance envers la mère des enfants, supérieurs au bonheur de sa parentalité et à la vie de ses trois filles.

Deuxièmement, on peut questionner la décision du père de se rendre aux autorités au lieu de se suicider, ce qui est la suite la plus fréquente observée lors de drames similaires.

Évidemment, aucune de ces attitudes n’est la bonne, la seule façon humaine de se comporter aurait été de ne pas tuer ses enfants. Mais cela semble néanmoins révéler un désintérêt pour les conséquences de ses actes. La prison ne lui fait pas peur. Ce n’est pas un frein versus l’exercice de sa domination et de sa capacité à nuire, même au-delà de la mort de ses filles.

Ces comportements et décisions, loin d’être rationnels interrogent sur la logique personnelle déviante des agresseurs et des meurtriers. C’est très difficile à comprendre et pourtant, le nombre des violences intrafamiliales qui ne cesse d’augmenter indique la fréquence de ces raisonnements.

Enfin, ce triple infanticide suscite des interrogations légitimes sur la manière dont le système judiciaire évalue la capacité parentale d’une personne ayant un passé de violence.

Pourquoi la justice actuelle estime-t-elle qu’un homme qui a été condamné pour violence est quand même un bon père ? Comme si la violence s’était évaporée…. L’idée sous-jacente est qu’une personne peut être un parent compétent malgré des antécédents de violence. Dans ce cas, la décision de justice a peut-être considéré la participation à des programmes de responsabilité parentale ou de suivi psychologique comme un changement positif de la capacité parentale ?

Mais pourquoi maintenir des liens parent-enfant, après des violences graves ? La sécurité de l’enfant ne devrait-elle pas être la priorité absolue ? Un passé de violence est toujours un indicateur d’un risque potentiel !

Il aurait certainement fallu vérifier si les fameux changements liés au suivi psy avaient eu lieu ! Car participation ne signifie pas révélation… Un travail d’évaluation des risques devrait être obligatoire. Surtout que la récidive dans les cas de violence familiale est malheureusement courante, et les programmes de réadaptation ne garantissent pas un changement de mentalité.

La preuve…

Il est crucial de s’interroger sur la manière dont les antécédents de violence sont évalués et pris en compte dans les décisions judiciaires.

La parole des victimes qui n’est déjà pas tellement prise en compte avant les jugements disparait totalement après l’exécution des peines, alors qu’elle devrait être la garante de l’effectivité du changement.


👉 https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/triple-infanticide-dans-le-val-de-marne-leur-pere-reconnait-avoir-tue-ses-filles-2277573.html

👉 https://www.sudouest.fr/faits-divers/val-de-marne-un-homme-se-denonce-apres-avoir-tue-ses-trois-enfants-deux-ont-ete-retrouves-morts-17604724.php

👉 https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/val-de-marne-le-pere-meurtrier-avait-administre-un-somnifere-a-ses-filles-avant-de-les-tuer-28-11-2023-PWOLRGQ3D5C2XHWS7OCEBCDCGI.php

👉 https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/val-de-marne/un-pere-de-famille-avoue-le-meurtre-de-ses-enfants-a-alfortville-deux-deces-ont-ete-confirmes-2879342.html


Pour comprendre les mécanismes de la violence et la stratégie des agresseurs et comment y faire face, vous pouvez lire « Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants« , « Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP« , « La coparentalité avec un pervers : 6 conseils pour vous aider à naviguer dans les eaux troubles sans faire naufrage » , et notre Manifeste.

Demander une aide financière à la CAF après la séparation ? Violences intra-familiales.

Violences intra-familiales, Demander une aide financière à la CAF après la séparation ?

Pourquoi la CAF pourrait vous aider ?

Si vous avez pris la courageuse décision de vous séparer d’une personne violente, il se peut hélas que la problématique financière sonne rapidement à votre porte.

En effet, alors qu’elles entrent d’une période difficile où elles n’aspirent qu’à rebâtir leur vie et celle de leurs éventuels enfants, les victimes de violences intrafamiliales doivent faire face à la suite de la relation abusive dans laquelle elles étaient : l’absence totale de soutien financier de la personne toxique, les frais d’installation et de démarrage d’une nouvelle existence, les difficultés à payer les frais de Justice, à garder son travail dans ces circonstances éprouvantes et traumatisantes…

Pourtant, les victimes n’osent pas toujours se tourner vers la CAF pour connaitre leurs droits.

Elles n’imaginent pas qu’on puisse leur venir en aide. Pourtant, il arrive que la CAF puisse les accompagner dans cette transition importante. Les démarches peuvent sembler intimidantes, mais l’aide éventuelle en vaut la peine.

Les aides de la CAF sont souvent versées sous conditions de ressources aux familles ayant des enfants de 6 à 18 ans scolarisés, en apprentissage ou pris en charge dans un établissement d’accueil spécialisé, mais en cas de violences il existe des dérogations. Il est donc important d’expliquer votre situation.

L’Allocation de Soutien Familial (ASF)

Il est possible de demander l’Allocation de Soutien Familial qui est conçue pour aider à subvenir aux besoins des enfants des victimes lorsque le parent non-gardien ne verse pas la pension alimentaire nécessaire. Si vous êtes dans cette situation, les 187,24 € de l’ASF peuvent assurer le bien-être de vos enfants et alléger le fardeau financier qui pèse sur vos épaules. Elle peut être aussi attribuée pour compléter une pension alimentaire fixée, dont le montant est faible.

L’Allocation de Rentrée Scolaire (ARS)

De même, n’hésitez pas à solliciter l’Allocation de Rentrée Scolaire qui est une aide précieuse pour couvrir les frais liés à la rentrée scolaire, des fournitures aux vêtements en passant par les activités éducatives.

Comme pour les autres prestations familiales, vous devez effectuer une demande via le formulaire de demande cerfa n°12038. Et dans le cas de violences, il doit être accompagné du cerfa n°11423 qui est une déclaration de votre situation.

Voici les conditions fixées par la CAF pour recevoir l’ASF.

  • Vous devez vivre seul, vous devez résider en France de manière stable et vous devez avoir au moins 1 enfant à charge
  • Lorsque vous ne percevez pas de pension alimentaire : l’ASF est accordée en attendant de fixer le montant de la pension alimentaire. Vous recevez l’aide durant 4 mois, temps nécessaire pour faire une demande de pension alimentaire auprès du JAF. Passé ce délai, le versement de l’ASF est suspendu.
  • Lorsque vous ne recevez plus ou en partie, la pension alimentaire : l’ASF peut vous être accordée provisoirement. L’allocation devra ensuite être remboursée par le parent chargé de payer la pension alimentaire.
  • Lorsque vous recevez une pension alimentaire, mais son montant est inférieur au montant de l’ASF : une allocation différentielle vous est accordée.

À savoir que l’ASF n’est plus versée en cas de mariage, de remariage, de concubinage ou de PACS. La seule exception à cette règle est en cas de recueil d’un enfant. En effet, si l’assuré bénéficie de l’ASF pour un enfant recueilli, il a le droit de vivre en couple, etc.

Autre mesure à tenter, dans certaines CAF (comme en Ariège par exemple), vous pouvez bénéficier d’un accompagnement social. Dans ce cadre, n’hésitez pas à demander si vos conditions vous permettent d’accéder à une aide financière en Prêt d’Honneur et à une autre somme de secours, cumulable à la première enveloppe.

L’aide financière individuelle permet la prise en charge des frais liés :

  • à un relogement suite à une décohabitation en urgence,
  • aux transports ou déplacements,
  • à la procédure : honoraires d’avocats…,
  • aux achats destinés aux enfants (habillement, literie, produits d’hygiène…)

Enfin, en mars 2023, le gouvernement a lancé le Pack nouveau départ qui doit permettre aux victimes de violences intra-familiales de partir avant qu’il soit trop tard. Ce dispositif est expérimenté dans le Val-d’Oise. Il sera étendu ensuite à 4 autres départements, avant d’être généralisé sur l’ensemble de la France à l’horizon 2026.

L’idée est de proposer un accompagnement sur-mesure aux victimes : une allocation type RSA, une aide de retour à l’emploi, à la formation, à la garde d’enfant, un soutien psychologique, un hébergement d’urgence… Tout cela sans avoir besoin d’aller frapper à toutes les portes. Il suffira d’aller voir une association, un médecin, la police, un maire qui signaleront cette situation et dirigeront vers un seul référent. Dans le Val-d’Oise, ce référent est la CAF.


Vous pouvez également consulter notre article  » La CAF devient l’organisme officiel des prélèvement des pensions alimentaires « .

Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d’un père incestueux

Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d'un père incestueux

En 2013, alors qu’elle vit avec une personne qui a des addictions (alcool, etc.) et qu’elle gère au mieux leur petit garçon, Mariette fait la rencontre du locataire de sa sœur, Léo.

Rencontré à l’anniversaire de sa sœur, il tente immédiatement de la séduire. La jeune entrepreneuse part une semaine plus tard au Népal 3 mois pour son business avec son fils et son père. Léo lui écrit tous les jours, au début sous des prétextes pro puis plus intéressé. Mariette est engluée par ses jolis mots qui arrivent en masse.

Quand elle lui confie la violence qu’elle subit, il lui dit « Quitte le, tu mérites mieux« , se positionnant en sauveur. Comme il vit chez sa sœur, il connait plein de choses sur elle, il la sait fragilisée. Mariette décide de quitter le père de son fils et l’annonce à sa sœur malgré la réticence de Léo : « Ne lui dis pas, elle sera heureuse pour nous« .

Quand sa sœur l’apprend, elle semble horrifiée : « tous mais pas lui« . Elle se met en colère, expulse Léo sans s’expliquer ni à son mari ni à sa sœur. Mariette comprendra des années plus tard par son frère que sa sœur avait une histoire avec Léo et qu’il les manipulait toutes les deux. A ce moment, Léo se met en colère, se pose en victime, s’en prend à lui-même, se scarifie.

Mariette, dépassée, déjà sous emprise, a le syndrome de l’infirmière, elle décide de le croire.

Léo lui propose de passer la saison des marchés avec lui. Il loue une maison isolée sans la consulter. Tout va très vite. Même l’arrivée des critiques. Léo la dénigre continuellement, lui reproche sa façon d’être avec les hommes au marché. A la fin de la saison, elle rentre chez elle, là où vit le papa de son fils. Ça énerve Léo qui voudrait qu’elle s’éloigne de lui mais Mariette résiste 2 ans pour que son garçon continue de voir son père. Léo lui fait payer ce choix en étant très agressif et culpabilisant.

Mariette et Léo finalement s’installent 5 mois dans une maison sans vis à vis, à 2km du papa. 5 mois d’horreur où Léo achève de mettre en place son emprise par un yoyo émotionnel puissant. Hyper possessif, violent, il alterne des moments de douceur où il « réclame » un enfant et des crises de jalousie et de schizophrénie : il casse tout, écrit sur les murs, lance des couteaux, répète des trucs en boucle, espionne l’ordinateur de Mariette…

Des amis, passant à l’improviste, sont témoins de cette folie et d’une tentative d’homicide : après avoir projeté des chaises et autres objets sur Mariette, Léo lui lance une hache qui passe à quelques centimètres de son visage. Il menace d’aller tuer son premier compagnon dont il ne supporte pas la proximité. Sidération de la part de Mariette, qui met cela sur le compte de la fatigue ou la drogue. Elle finit par fuir chez son ex qui ne réagit pas à son appel à l’aide. Alors elle retourne chez sa mère et annonce à Léo que c’est fini.

Ce dernier réussit à lui retourner le cerveau, lui faire croire qu’il va changer car il l’aime.

Sous emprise, apeurée, elle cède. Et le cycle infernal recommence. Léo la culpabilise. Tout est de sa faute à elle car elle ne veut pas déménager. Aux violences psychologiques et sexuelles se rajoutent des violences financières. Dépendante, ficelée, elle accepte de déménager dans une autre maison isolée ; loin de s’apaiser, Léo passe aux violences physiques.

Isolée, Mariette subit des coups de poings, de couteaux, des crachats. Il pousse la perversion jusqu’à s’imposer à la cuisine pour la menacer d’empoisonnement. Mariette est dans un état constant de panique et d’hyper vigilance. Elle ne dit plus rien, ne parle à personne. Un jour, elle ose demander pourquoi Léo la frappe, il répond :  » tu m’as demandé d’arrêter de m’en prendre à moi alors je m’en prends à toi « . Manipulateur n’est pas un mot assez fort pour le décrire.

Quand elle lui annonce qu’elle est enfin enceinte, loin de bondir de joie, il lui demande d’avorter. S’en est trop pour Mariette qui tente de fuir. Mais elle se fait rattraper et la violence augmente encore, par représailles. Quand il apprend que c’est une petite fille, Léo décide de garder l’enfant. Il impose un prénom très dérangeant car il veut qu’elle soit une guerrière. L’enfant aussitôt née, c’est comme si Mariette devait disparaitre.

A peine rentrés, il insiste pour qu’elle aille travailler. 3 semaines après la naissance, il lui fait traverser la France pour acheter le camping-car d’un pédo-criminel. Les « vacances » sont horribles, les coups pleuvent, même devant les enfants. De surcroit, elle comprend que Léo maltraite aussi son fils, jusqu’à déchiqueter son doudou. Il ne supporte pas les réveils la nuit. S’en est trop. Pour la 4ème fois, Mariette part se réfugier ailleurs mais il finit toujours par la retrouver et la menacer du pire pour elle et les siens.

Elle rencontre aussi pour la première fois la mère de Léo qui lui dit  » Fuis, il a un dossier psychiatrique, méfie-toi de son intelligence « .

Mais c’est trop tard, Mariette est comme dans une prison mentale où il lui est impossible de dire les choses, voire même de les penser. Elle vit dans un état de terreur, son état est téléguidé par la violence de Léo. P

ar hasard, elle découvre qu’il navigue sur le darknet (il lui dit qu’il cherche un tueur à gage pour elle). Puis furieux de s’être fait découvrir, il achète une arbalète dans la foulée. Un jour où il cherche à la tuer, elle se met à hurler et ses cris attirent les voisins, qui se rassemblent pour la protéger de la violence. Léo, fou de rage, arrache sa fille des bras de la voisine et la jette dans la voiture pour partir en trombe. Dès qu’il revient avec le bébé, Mariette part habiter chez une des voisines qui lui a dit :  » C’est fini, tu ne restes plus avec cet homme « .

Il dépose une plainte aussitôt pour dire qu’elle l’a abandonné, il ment et inverse la situation.

La voisine reloge Mariette en urgence. Cette dernière est terrorisée, épuisée, toujours sous emprise mais elle sait désormais qu’elle ne veut plus retourner chez Léo. Lui la retrouve, défonce sa porte pour la frapper, heureusement, d’autres voisins interviennent et contactent les policiers. Sous leurs conseils, elle porte plainte pour violence conjugale puis pour agression sexuelle.

Léo cesse alors ses visites, mais il la harcèle par téléphone. Et lors de la confrontation, il parvient sans souci à mettre la police de son côté. Les policiers pensent que Mariette est folle. La jeune femme trouve du soutien auprès d’une association, qui l’aide à obtenir la garde de sa fille. Et puis, elle ose prendre contact avec l’ex de Léo qui lui raconte qu’elle a vécu le même calvaire et qu’elle est encore terrorisée.

Petit à petit, Léo se fait plus offensif, il parvient à obtenir des droits plus larges.

Pourtant un rapport d’expert affirme qu’il ne mesure pas l’ampleur de ses impulsivités. En août 2018, tout s’effondre. L’enfant raconte à sa mère que son papa lui met « les doigts dans les fesses » et lui « apprend à l’embrasser sur la bouche« …. Un médecin constate des pustules sur la bouche de l’enfant qui explique « Papa m’a mis un bâton noir dans la bouche, j’ai failli m’étouffer » (un gode).

Horrifiée et en colère, Mariette se démène pour empêcher sa fille de retourner chez son père. Léo se retrouve à nouveau en droit de visite médiatisée. L’association remet un rapport édifiant contre le père et témoigne que l’enfant continue de dénoncer l’inceste, même devant son père. Hélas, le rapport disparait et l’ASE s’acharne à maintenir les visites. Pire leur psy accuse la mère de SAP (syndrome d’aliénation parentale) !

Léo fait systématiquement appel et au troisième, tout bascule. Un juge aux affaires familiales le croit et il récupère la garde exclusive de sa fille qui ne l’avait pas vu depuis un an.

Pendant les deux années suivantes, omnipotent, il manipule l’enfant, qui se verrouille, silenciée comme un soldat.

Mais elle se plaint toujours d’avoir mal au ventre, a un comportement sexualisé avec son grand frère…

Les gendarmes continuent de mener l’enquête, auditionnent l’ex de Léo et comprennent qu’ils ont fait fausse route. Le vent tourne un peu. Il y a quelques jours, le procureur a classé sans suite les plaintes calomnieuses du père. L’instruction est toujours en cours. Mariette espère pouvoir désormais récupérer ses droits et protéger sa fille. Mais hélas, souvent rien n’est moins sûr que la Justice.


Notre association reçoit de nombreux témoignages de parents protecteurs qui ne sont pas écoutés par la Justice. Cliquez sur ce lien pour consulter l’ensemble de ces témoignages.