Espaces médiatisés : quand les mères protectrices sont injustement jugées

Espaces médiatisés : quand les mères protectrices sont injustement jugées

Les mères protectrices : coupables idéales

Les espaces médiatisés, censés garantir un environnement sécurisé pour les enfants victimes de violences intrafamiliales, ont un regard profondément biaisé sur les mères protectrices. Ces lieux, souvent dépourvus de formations spécifiques sur les violences conjugales, perpétuent des stéréotypes et des préjugés, tout en minimisant les traumatismes subis par les enfants et leurs mères.

Quand un enfant refuse de voir son père violent, la responsabilité est systématiquement reportée sur les mères protectrices.

Elle est accusée :

❌ D’être trop angoissée ou méfiante.

❌ De manipuler son enfant contre le père.

❌ De saboter la relation père-enfant.

On reproche souvent aux femmes victimes de violences de ne pas être parties plus tôt, surtout en présence d’enfants. Cette accusation témoigne d’une méconnaissance du contrôle coercitif. Le plus souvent, si elles ne sont pas parties plus tôt, c’est parce qu’elles ont donné, plusieurs fois, une chance à cet homme redevenu charmant (la lune de miel). C’est un processus connu de l’emprise et du cycle des violences. Il faut cesser de reprocher aux victimes d’avoir espéré que leur agresseur pouvait changer. Cesser de les rendre responsables.

La personne a dit « oui » à un moment donné à une relation de couple harmonieuse et amoureuse, elle n’a pas dit « oui » à une relation qui met son intégrité, sa sécurité, son bien-être et sa santé en péril.

L’agresseur est le seul responsable de ses actes. L’auteur des violences EST le coupable.

Une étude* confirme que les perceptions des agresseurs influencent les intervenants eux-mêmes jusqu’à construire un biais accusatif contre les mères protectrices bien ancré.

« Les commentaires dépréciatifs à propos des femmes victimes s’avèrent fréquents. […] Le spectre va de doutes sur la parole de la victime à des raisonnements structurés autour de sa co-responsabilité. »

* Guide du parent protecteur de l’association face à l’inceste

👉 Même lorsque des pères ont été condamnés pour violences, ils ne sont pas perçus comme violents pour les intervenants y compris quand les enfants alertent et témoignent de leur mal-être. Les intervenants cherchent alors des solutions pour faire changer d’avis l’enfant sans investiguer davantage sur les causes profondes de ce refus qu’ils imputent à la mère. En effet, comment un père qui se montre « charmant » avec eux pourrait être violent avec son enfant ?

Un soutien aveugle aux pères violents

Dans ces espaces, les pères violents savent manipuler leur image. Ils se présentent comme des parents modèles, apportent des cadeaux aux intervenants, plaisantent, et jouent les pères attentionnés.

➡️ Les mères, elles,  sont accusées de surprotéger ou d’aliéner l’enfant, renforçant un climat de culpabilisation systématique.

👉 Les enfants sont souvent ignorés, même lorsqu’ils expriment leur mal-être ou leur peur.

« Tant d’enfants sacrifiés sur l’autel du maintien du lien à tout prix, même quand ce lien est violent. Je passe mon temps à déconstruire l’idée absurde du mari violent qui peut être un bon père« 

Marion PIERRE, pédiatre à Rennes

Les intervenants des espaces rencontre restent dans une logique de soutien à la parentalité du père violent et autorisent toujours très rapidement d’élargir le droit de visite. Les mères protectrices doivent alors composer avec ces intervenants peu formés aux spécificités des violences conjugales.

Un témoignage rapporté dans le guide du parent protecteur illustre cet aveuglement :

« Une travailleuse sociale m’a dit : ‘Ne vous inquiétez pas, on est formés. Si l’enfant ment, je m’en rendrai compte.’ Quand je lui ai demandé quelle formation en psychologie elle avait, elle s’est fâchée. »

👉 Ce manque de compétences contribue à un sentiment d’épuisement pour les mères protectrices et leurs enfants, piégés dans un système qui ne les comprend pas.

“C’est du passé”, un discours dangereux

Lorsqu’une mère signale les violences passées et leurs répercussions sur son enfant, la réponse des intervenants est souvent la même : « C’est du passé, il faut tourner la page. »

Les violences qualifiées de « passé » ne le sont jamais vraiment. Pourquoi ?

1️⃣  Le contact parental se poursuit.

Même après une condamnation ou une interdiction d’entrer en contact, les mères protectrices doivent transmettre des informations sur la santé ou la scolarité des enfants ET gérer les stratégies du père pour multiplier les contacts et trouver des prétextes pour se plaindre au JAF.

⚠️ Ces exigences maintiennent un contrôle coercitif déguisé, rendant impossible pour les mères et les enfants de tourner la page.

2️⃣ Trop rare remise en question du comportement des hommes

Les pères profitent des espaces médiatisés pour jouer les victimes. Ils partagent leur « version des faits » avec des intervenants, qui finissent souvent par prendre leur parti.

👉 Les mères protectrices sont accusées de vouloir « se venger », tandis que l’état d’esprit rancunier des pères condamnés est rarement interrogé.

3️⃣ Des violences persistantes.

Même si les violences physiques appartiennent au passé, elles sont remplacées par des stratégies : plaintes, manipulations, ou pressions. Ces comportements visent à faire payer la séparation aux mères protectrices et à maintenir leur emprise.

👉 Les violences conjugales ne s’arrêtent PAS avec la séparation, elles changent de forme. Ignorer cette réalité, c’est condamner les mères et les enfants à une souffrance prolongée.

Comme en atteste le Dr Luis ALVAREZ, pédopsychiatre :

“Il n’y a pas de soin possible tant que la violence persiste. Le contrôle coercitif abîme les enfants : du fait de l’isolement, de la privation de la liberté, de la négligence des besoins vitaux, de violences sexuelles, de l’entrave aux relations entre l’enfant et son parent protecteur, de harcèlement et par la contrainte.

On ne peut PAS soigner ces enfants s’ils continuent à être exposés au trauma. Imaginez une personne qui a eu un accident de voiture et tous les quinze jours on lui impose un accident de voiture.”

Il faut donc cesser d’imposer aux enfants de revoir leur agresseur. Les espaces médiatisés devraient le savoir plus que n’importe qui.

Les espaces médiatisés, dans leur état actuel, échouent à protéger les victimes. Ils deviennent des lieux où les mères protectrices sont injustement jugées et où les pères violents bénéficient d’un soutien aveugle.

Et les JAF ont leur responsabilité, car ils devraient plus souvent demander un arrêt du droit de visite. Insister au nom du lien avec l’agresseur, c’est torturer davantage les victimes.

➡️ Pour que ces espaces remplissent vraiment leur rôle, il est urgent de recentrer leur mission sur la sécurité des enfants, et sur la reconnaissance des mères protectrices comme alliées de leur survie.


Vous pouvez consulter nos autres articles sur les espaces médiatisés et les visites médiatisées et la problématique des mères protectrices :

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

Pourquoi les Centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs

Témoignage d’une grand-mère en colère contre la Justice qui ne protège pas sa fille et ses petites filles (témoignage sur des visites médiatisées)

Le centre médiatisé, un lieu pas si neutre…

Ces articles soulignent la nécessité d’ouvrir un espace de réflexion et des débats concernant ce sujet des visites médiatisées, et notamment repenser l’utilité des visites médiatisées pour les cas de violences intra-familiales.

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

De plus en plus, les juges aux affaires familiales ordonnent des droits de visites médiatisées en centre médiatisé ou en espaces rencontre dans des contextes de violences intrafamiliales. Ces dispositifs, perçus comme des solutions miracles, sont censés permettre des rencontres sécurisées entre un parent violent et ses enfants.

⚠️ Mais dans les faits, ces espaces se transforment souvent en théâtre de manipulation, où les enfants sont livrés à leur agresseur sous couvert de « protection”.

Une solution perçue comme miraculeuse

Les espaces rencontre sont présentés comme une réponse idéale : 

✔️ Les parents ne se croisent pas. 

✔️ Les rencontres sont « encadrées ».

Mais dans la réalité : 

❌ Les intervenants sont rarement formés aux violences intra-familiales ni aux traumatismes. 

❌ Leur rôle se limite souvent à observer.

Parfois, ils ne sont même pas dans la même pièce, mais ils “savent” que tout s’est bien passé…

➡️ Résultat : les enfants ne sont pas protégés, et les agresseurs continuent d’exercer un contrôle coercitif, impunément.

Une vision biaisée de la protection

Ces espaces lors des visites médiatisées ne protègent pas les enfants des abus psychologiques et physiques. 

👉 La souffrance des enfants est souvent ignorée, sous prétexte que « tout se passe bien » s’ils reviennent physiquement indemnes. Personne ne les écoute, ne valide leur avis, personne ne les croit.

⚠️ On oublie que les blessures invisibles – stress, terreur, cauchemars – sont tout aussi graves. Toutes les victimes n’ont pas les mêmes façons d’exprimer leurs peurs.

« Imaginez une personne blessée que l’on force à revivre son accident chaque semaine. » Dr Luis Alvarez

L’impact traumatique des visites médiatisées

Quand les enfants alertent sur leur mal-être, leur parole est souvent minimisée ou interprétée comme un « caprice ». La justice les force à croiser leur agresseur, au nom d’un lien parental qui est pourtant toxique.

Les enfants développent des troubles : 

❌ Stress post-traumatique. 

❌ Troubles somatiques.

❌Cauchemars et insomnies. 

❌ Repli sur soi ou énurésie. 

⚠️ Forcer un enfant à maintenir un contact avec son agresseur renforce son traumatisme et normalise les violences qu’il subit. Le lien avec l’agresseur ne doit pas être supérieur au respect de l’enfant victime.

Une pression injuste sur les mères

Quand un enfant refuse de voir son père violent, c’est la mère protectrice qui est accusée. Elle est jugée responsable de transmettre ses peurs ou ses angoisses à son enfant. On ressort le faux syndrome d’aliénation parentale… Elle est accusée de saboter la relation père-enfant, mais ça ne pose pas de problème que le père critique la mère, même en présence de l’enfant…

⚠️ Cette logique déplace la responsabilité des violences du père vers la mère protectrice.

👉 Cela crée une double peine, qui pousse les mères à se taire pour éviter d’être injustement stigmatisées.

Les violences du passé : un sujet ignoré

Les violences conjugales vécues sont souvent minimisées. Lors des visites médiatisées, les mères qui les invoquent ou signalent les effets négatifs des rencontres sont balayées d’un revers de main. 

Les intervenants disent : 

❌ « C’est du passé. » 

❌ « Les enfants doivent s’exprimer eux-mêmes. »  (mais on ne les croira pas…)

👉 Beaucoup d’enfants n’osent plus parler, sachant que leur parole ne sera ni entendue ni crue. Les intervenants ne comprennent pas le principe de sur-adaptation (un sourire ne fait pas l’enfant épanoui, faut creuser…). Les victimes se sentent seules et impuissantes face à ces simulacres de protection.

Un soutien incompréhensible au parent agresseur

Dans ces espaces : 

🎭 Les pères violents jouent les « parents modèles », manipulant les intervenants avec des cadeaux ou des compliments. 

Hors de la vue des intervenants, ils : 

❌ interrogent les enfants sur leur mère. 

❌ les menacent ou les culpabilisent. 

👉 Les intervenants, sensibles à l’image « charmante » des agresseurs (qui vont jusqu’à apporter des bonbons, des gâteaux), mettent toute leur énergie à « réparer » la relation père-enfant et ignorent les signaux de détresse des enfants.

➡️ Une logique destructrice pour les victimes.

L’urgence de changer la loi

Le rapport Alsalem (Rapporteuse spéciale, Nations unies, 2023) souligne : 

📜 « Les enfants exposés à la violence doivent être protégés, pas forcés à maintenir un lien avec leur agresseur. » 

👉 Pourtant, la loi actuelle privilégie encore et toujours le droit du père sur l’intérêt supérieur de l’enfant. 

➡️ Les droits de visite sont élargis, même en cas de violences avérées, ignorant le traumatisme des enfants ou le principe de précaution. 

⚠️ Il est urgent de repenser nos lois pour mettre la protection des enfants au cœur des décisions judiciaires.

Chaque enfant a droit à une enfance sans violence.

📢 Nous devons agir pour :

✔️ Réformer les espaces rencontre.

✔️ Imposer une vraie formation sur les violences aux intervenants, notamment ceux qui interviennent lors des visites médiatisées

✔️ Donner la priorité à la protection des enfants dans toutes les décisions judiciaires.

➡️ Partagez pour sensibiliser : les victimes méritent mieux que ce vide cruel de la protection de l’enfance.


Vous pouvez consulter nos autres articles sur les espaces médiatisés et les visites médiatisées :

Pourquoi les Centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs

Témoignage d’une grand-mère en colère contre la Justice qui ne protège pas sa fille et ses petites filles (témoignage sur des visites médiatisées)

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Sept Conseils et astuces pour espérer être entendu face aux interlocuteurs socio-judiciaires

7 Conseils et astuces pour espérer être entendu face aux interlocuteurs socio-judiciaires

Pourquoi ces conseils ?

Les interlocuteurs socio-judiciaires (juges, experts, éducateurs) cherchent souvent à détecter des conflits, parfois au détriment de la compréhension de la situation réelle (de la violence et non du conflit). Or ils ont hélas un poids considérable sur les décisions de Justice. Les magistrats débordés se réfèrent parfois uniquement à leurs rapports. Voici donc quelques conseils pour gérer ces rendez-vous délicats sans qu’ils se retournent contre le parent protecteur.

🎯 Votre objectif : montrer que vous êtes responsable et crédible, sans alimenter les stéréotypes ou idées préconçues.

1. Privilégiez les faits, pas les émotions.

🛑 Pas de débats inutiles. Les faits parlent d’eux-mêmes : racontez une scène précise plutôt que de généraliser. Ne donnez pas matière à interprétation, soyez factuel, concis.

🛑 Évitez les jugements sur l’autre parent en utilisant des termes émotionnels forts comme « manipulateur ou « menteur », qui peuvent être perçus comme un biais.

Exemple :

❌ « Il est toujours irresponsable. »

✅ « Lors de l’anniversaire de notre enfant, il a oublié de venir le chercher. »

2. Adoptez une attitude calme et tempérée.

Pourquoi ? Une attitude posée vis à vis des interlocuteurs inspire confiance et crédibilité. Alors prenez votre temps pour gérer vos émotions (évitez de couper la parole, crier ou s’emporter), et la qualité de vos réponses.

🎤 Exemple : Si on vous pose une question surprenante, prenez une inspiration, buvez une gorgée d’eau, et reformulez :

❌ « Vous n’avez pas lu le dossier ?« 

✅ « Si je comprends bien, vous souhaitez savoir… ? »

Le non-verbal compte autant que vos mots. Restez ouvert(e), les bras détendus, avec un contact visuel respectueux.

3. Prenez le temps de réfléchir

Les interlocuteurs peuvent chercher à tester votre réaction ou feindre une empathie.

💡 Exemple de clarification :

« Qu’est-ce qui vous fait dire que… ? »

« Pourriez-vous préciser votre question ? »

Ne vous sentez pas obligé(e) de répondre immédiatement si la question vous déstabilise (surtout si elle vous déstabilise d’ailleurs). Vous pouvez prendre du temps pour réfléchir, trouver les mots justes et éviter les discours tranchés. L’objectif est de rassurer l’interlocuteur, montrer subtilement que vous ne correspondez pas au discours de l’agresseur, en le nuançant et, dans le meilleur des cas, en parvenant à le balayer.

4. Soyez courtois, même si c’est difficile.

Donner une impression de coopération aux interlocuteurs peut désamorcer les tensions :

« Merci pour votre observation, je vais réfléchir à votre point de vue. »

Appelez l’autre parent par son prénom, parler de « NOTRE enfant”…

S’il est question de parler des difficultés passées : « Je n’aurais pas abordé ce point spontanément, grâce à un travail thérapeutique, c’est du passé, mais pour répondre à votre question… »

🎯 Objectif : rester professionnel(le), même face à des remarques injustes ou biaisées. Ne coupez pas la parole et surtout évitez de paraître sur la défensive.

5. Structurez vos propos ET vos documents.

Apportez aux interlocuteurs des preuves tangibles ET simplifiées dans l’idée d’être vite compréhensible :

Une page ou deux pour résumer, un peu comme le ferait un CV.

📁 Gardez les documents officiels à portée de main mais ne les sortez que si on vous les demande

Une frise chronologique peut aider.

Exemple :

« Voici les comptes rendus des deux dernières années qui confirment ce que j’avance. »

Évitez les monologues et les digressions.

6. Adoptez une apparence soignée et sobre.

Pourquoi ? Dans nos sociétés, l’apparence influence hélas la première impression.

✅ Tenue recommandée : tenue sobre, simple et surtout, propre.

🛑 À éviter : maquillage vraiment trop prononcé, vêtements qui font trop négligés, vêtements troués. Trop de bijoux (certains sont parfois bruyants, ce qui peut parasiter l’entretien).

Astuce : Préparez votre tenue à l’avance pour éviter le stress.

7. Adoptez une attitude disponible et ouverte.

Disponibilité pour les rendez-vous : lorsqu’il y a trop de rendez-vous annulés avec les interlocuteurs socio-judiciaires, même pour de bonnes raisons, tels que travail ou rdv médical (et ils le sont souvent pour de bonnes raisons), cela n’est pas forcément bien compris par vos interlocuteurs.

N’hésitez pas à donner votre accord si les travailleurs sociaux souhaitent contacter le médecin traitant, le pédiatre, l’école, le psychologue,… Cela donne une image d’ouverture, et cela permet parfois que vos dires soient confirmés par des professionnels.

Tous ces conseils ne seront pas forcément pertinents pour vous, piochez et prenez ceux qui vous correspondent.

Votre calme et votre préparation peuvent tout changer.

Prenez soin de votre image, de vos mots, et restez centré(e) sur l’intérêt de votre enfant.


Cet article a été rédigé avec le concours d’une mère protectrice coachée par Ariane Fayon. https://www.arianefayon.fr/


Vous trouverez sur ce site d’autres conseils pratiques : Comment contester les honoraires d’un avocat ? , Demander une aide financière à la CAF après la séparation ?, L’assurance juridique : une option intéressante pour les victimes de violences intrafamiliales , Conseils pour éviter le piratage , Conseils à connaitre avant de porter plainte contre des violences intrafamiliales , Plainte avec constitution de partie civile (procédure pénale) , Violences familiales , 5 conseils auxquels on ne pense pas souvent et qui peuvent aider .

Qu’est-ce que “l’Entitlement“ et comment le repérer

Qu’est-ce que “l’Entitlement“ et comment le repérer

Qu’est-ce que “l’Entitlement“

Dans le sillage du procès de Dominique Pelicot, un débat a émergé concernant la nécessité d’une éducation renforcée au consentement. Nul ne remet en question cette urgence, il est évidemment important que les enfants grandissent en ayant conscience que le consentement est la base fondamentale des interactions respectueuses. Ils doivent apprendre que toute personne a le droit de fixer ses propres limites, de dire non, et que ces limites doivent être respectées par tous, sans exception.

Cependant, ce serait une erreur de considérer cette éducation comme une solution miracle.

Supposer que les violences sont dues à une incompréhension du consentement ou à une éducation défaillante est réducteur et erroné. Les hommes impliqués dans le procès de Mazan, par exemple, sont parfaitement conscients de leurs actions, ayant délibérément cherché sur le site internet ce type de viol.

  • Ce ne sont pas des naïfs mal informés sur la nature de leurs actes.
  • Ce ne sont pas des petits garçons mal éduqués.
  • Ce ne sont pas des hommes qui recherchaient le consentement.

Non. Ce sont des hommes qui ont TOUT fait pour violer en toute impunité.

Les agresseurs des victimes de violences intrafamiliales procèdent de la même manière. Ils savent et cherchent à ne pas se faire prendre.

Réduire la violence à une histoire de manque d’éducation, en plus d’infantiliser les hommes et favoriser l’impunité, c’est se contenter de gratter le sommet de l’iceberg.

Or, sous l’eau, il y a des dysfonctionnements immenses : les rapports de domination (inhérents au genre et à l’hétérosexualité), il y a le contrôle coercitif, les dynamiques de pouvoir…

Les Anglais ont un mot pour désigner cette notion de droit implicite ou explicite exercé par les dominants dans la société :

  » ENTITLEMENT « 

On peut traduire Entitlement en français par « sentiment de droit » ou « prétention ».

Ce mot décrit une attitude selon laquelle certains individus croient avoir des droits incontestés sur autrui ou mériter certains privilèges indépendamment de leurs actions ou mérites réels. Et ces croyances sont renforcées par la société.

En effet, les structures de pouvoir permettent souvent aux violences de se perpétrer non parce que les agresseurs ne comprennent pas le tort qu’ils infligent, mais parce qu’ils le font impunément. L’entitlement est une arme aussi silencieuse que puissante parce que justifiée par des normes culturelles, des dominations physiques, psychologiques, économiques…

Comment repérer l’entitlement ?

Les red flags :

  • Une personne qui impose systématiquement ses choix sans considérer les opinions ou les besoins des autres membres de la famille.
  • Utilisation de justifications telles que « c’est pour ton bien » ou « je sais ce qui est mieux pour toi » pour manipuler ou contrôler les autres.
  • Ignorer ou ridiculiser les limites personnelles établies par d’autres, qu’elles soient émotionnelles, physiques ou psychologiques.
  • Réponses extrêmes de colère ou de déception lorsque les choses ne se passent pas comme souhaité ou lorsque leur autorité est remise en question.

Nos souhaits :

  • Promouvoir une éducation qui met en avant l’égalité, le respect mutuel et l’importance de l’autonomie individuelle dès le plus jeune âge. Intégrer des programmes qui discutent des rôles de genre et des dynamiques de pouvoir au sein des familles.
  • Encourager une communication honnête et ouverte au sein de la famille, où chaque membre peut exprimer ses sentiments et ses opinions sans crainte de jugement ou de répercussion.
  • Inciter les victimes à chercher du soutien extérieur, que ce soit par le biais de thérapie ou de groupes de soutien, pour contrer les dynamiques de pouvoir déséquilibrées.

On a évidemment du mal à croire en l’arrivée prochaine d’une société où des comportements de ce type auront disparu. En attendant, plus on saura les reconnaitre, plus on pourra tenter de les démanteler.

Cela requiert un engagement collectif pour changer non seulement le regard et les comportements individuels mais aussi les normes culturelles et sociales qui perpétuent ces dynamiques de pouvoir toxiques.

La priorité reste encore de croire les victimes, pour ensuite commencer à changer la narrative et créer des familles et des communautés plus sûres pour tous.


Vous pouvez trouver d’autres ressources sur ce site, ainsi que des témoignages.

Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Qu’est-ce que la violence vicariante ? Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ?

Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ? Ce terme rare est utilisé pour décrire un phénomène où une personne expérimente indirectement quelque chose à travers une autre. Pour donner un exemple léger, si une personne vous raconte le dernier film qu’elle a vu, vous pouvez vivre l’histoire à travers elle. C’est ce qu’on appelle apprendre ou ressentir quelque chose de manière “vicariante”. Pas besoin de l’expérimenter par soi-même, on le vit via un tiers.

Le mot « vicariant » vient du latin « vicarius », qui signifie « substitut » ou « remplaçant ». Dans le domaine de la psychologie, l’apprentissage vicariant, popularisé par Albert Bandura, se réfère donc à l’apprentissage qui se produit en observant les conséquences des actions d’autrui.

Cette forme d’apprentissage est centrale dans la théorie sociale cognitive. Cependant, son application s’est étendue à des mécaniques humaines plus sombres et plus complexes. Récemment, le terme « vicariant » a été réapproprié dans le contexte des violences intrafamiliales pour décrire des situations où un membre de la famille, souvent un enfant, devient la cible de violences initialement dirigées vers un autre membre de la famille.

Par exemple, si un parent violent ne peut plus cibler son agressivité vers son partenaire à cause de l’absence ou de l’impossibilité de ce dernier à subir davantage de violence, l’enfant peut devenir le « remplaçant » involontaire, subissant ainsi la violence indirectement destinée à un autre.

Dans ce contexte, l’enfant est considéré comme une victime de violence vicariante.

C’est la même chose si l’agresseur s’en prend aux enfants pour augmenter la violence qu’il inflige à l’autre parent. Ils deviennent aussi des victimes de violence vicariante.

La différence entre une victime collatérale ou une “victime de violence vicariante”, c’est l’intention de nuire. La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, mais comme elle est étroitement liée à la situation, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La première a avoir associé le mécanisme à la violence est la psychologue espagnole Sonia Vaccaro :

«  En assassinant les fils et filles, l’agresseur s’assure que la femme ne s’en remettra jamais  » explique-t-elle. Toujours en avance dans la lutte contre les violences, l’Espagne a intégré cette notion de violence par substitution au Pacte d’État contre la violence de genre dès 2017.

Et quand en juin 2021, un tragique double infanticide a ébranlé ce pays, le concept de « violence vicariante » fut utilisé par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. Thomas venait d’assassiner ses deux filles, Olivia (6 ans) et sa sœur Anna (1 an), dans le but de torturer psychologiquement leur mère, Beatriz, suite à leur séparation.

Dans son discours, le premier ministre déclarait :

« La violence vicariante représente une forme de machisme particulièrement brutale et inhumaine, car elle inflige de la souffrance non seulement à la femme mais également à ses enfants. »

Pedro Sanchez exprimait également sa frustration face au déni persistant de la violence vicariante par certains, malgré les efforts de son gouvernement, des associations et des militantes féministes pour intégrer cette terminologie dans le langage courant.

On le déplore également, même si, vu de France, cette notion a au moins le mérite d’exister dans un pacte d’Etat. Il faudrait que les mécaniques de violences vicariantes soient mieux prises en compte partout.

Il nous semble important de populariser le terme « vicariant » dans le cadre de la sensibilisation aux violences intra-familiales.

  • Cela aide à mettre un mot sur un phénomène souvent invisible et mal compris, fournissant ainsi une base pour reconnaître et articuler les expériences des victimes indirectes.
  • Cela permet également de sensibiliser à la nécessité de protéger tous les membres de la famille, en soulignant que les dommages causés par la violence domestique peuvent s’étendre au-delà de la cible initiale.

Plus on saura identifier ce genre de mécanismes, plus, (on l’espère), on pourra développer des interventions ciblées et des supports adaptés à ceux qui ne sont pas seulement témoins, mais aussi victimes indirectes de cette violence.


Vous pouvez trouver d’autres ressources sur ce site, ainsi que des témoignages.

Marche blanche 12 octobre 2024 à la mairie de Maurepas (78) pour Ginger et Seydou

Marche blanche 12 octobre 2024 à la mairie de Maurepas (78) pour Ginger et Seydou

Sekina, la maman de Ginger et Seydou,
l’association Protéger l’Enfant,
la Fédération nationale des victimes de féminicides (FNVF)
organisent une Marche blanche
le 12 octobre 2024 à 14h à la mairie de Maurepas dans les Yvelines (78)

La marche blanche aura lieu en commémoration des 6 mois de l’assassinat des enfants Ginger et Seydou, tués par leur père le 12 avril dernier.

Tous celles et ceux qui pourront venir soutenir cette maman et nous aider pour le cortège seront les bienvenus. Venez habillés en blanc. La marche blanche se fera dans le calme et le recueillement. Rendez vous à 14h devant la mairie de Maurepas (78) :

1, place Charles de Gaulle,
78310 Maurepas

Merci

L’histoire horrible, si douloureuse, de Sekina résonne comme un douloureux rappel des violences intrafamiliales et de leurs conséquences les plus tragiques.

Sekina est une jeune femme qui a vu sa vulnérabilité exploitée par celui qui était sensé l’aimer et la respecter.

Elle avait rencontré son conjoint, Daouda, il y a 7 ans grâce aux réseaux sociaux, et était tombée rapidement amoureuse de cet homme. Hélas tout aussi rapidement, ce dernier a exercé des comportements dominateurs et violents.

Stratégiquement, il l’a isolée de sa famille et de ses proches. C’est un schéma classique, malheureusement, chez les individus abusifs qui cherchent à exercer un contrôle total sur leurs victimes, les coupant de toute forme de soutien extérieur.

Les rares fois où sa famille a pu observer Sekina avec son conjoint et leurs enfants, ils se sont étonnés des accès de colère de cet homme. Mais Sekina, sous son emprise, ne se plaignait pas et répétait qu’elle l’aimait. Extérieurement, on avait l’impression que son comportement coercitif s’étendait jusqu’au contrôle de son apparence : il lui interdisait de se parfumer ou de se maquiller pour aller travailler, la réduisant à un objet lui appartenant, sans autonomie ni liberté.

Hélas, le niveau de violence auquel Sekina était exposée est devenu tragiquement clair après la mort des enfants. Sa famille a pu observer les marques de torture sur son corps, notamment des blessures infligées avec le fil électrique d’un radiateur.

Un jour, Sekina a fini par trouver le courage et la force de porter plainte.

Ce jour-là, pendant que Sekina était au commissariat, Daouda a été récupérer les deux enfants à la crèche, les a tués à coups de couteau. Ginger avait 3 ans et Seydou 18 mois.

Depuis, la famille accompagne Sekina au mieux, réalisant dans la douleur les sévices endurés par la jeune femme pendant des années, jusqu’à cette issue tragique et dévastatrice.

L’horreur subie par Sekina et ses enfants doit nous pousser à lutter contre la violence domestique avec encore plus de vigueur, et à s’assurer que les ressources et le soutien soient accessibles à toutes les victimes, surtout les plus vulnérables.


Venez soutenir Sekina et sa famille. Rejoignez nous à la marche blanche du 12 octobre !

#Marche blanche pour Ginger et Seydou

Des violences coercitives aux violences institutionnelles, Liza témoigne

Des violences coercitives aux violences institutionnelles, Liza témoigne.

En 2014, Liza et Tom se rencontrent dans le cadre professionnel. Liza est infirmière en santé au travail et Tom est pompier industriel dans la même entreprise.

Au début, Tom est charmant, attentif et à l’écoute, partageant des intérêts communs avec Liza tels que le jazz, la philo et la politique.

Cependant, ni l’un ni l’autre ne sont libres à cette époque. Tom qui se plaint tout le temps de sa femme, décide de la quitter au bout de 11 mois de mariage, entamant une procédure de divorce compliquée. Liza quitte aussi la personne avec qui elle était en couple. Ils se mettent ensemble, débutant une relation idyllique comme souvent les lunes de miel. C’est l’entente parfaite. Trois mois plus tard, Tom s’installe chez Liza. Les choses évoluent doucement. Ils dénichent ensuite une maison et emménagent ensemble.

Étrangement Liza se sent fragilisée, elle ne se sent pas bien et ne réussit pas à défaire ses cartons. Pourtant à ce stade, leur relation est toujours fusionnelle même si Tom se montre contrôlant (il ne supporte pas l’ex de Liza). Ils voyagent beaucoup, assistent à des concerts de jazz… Tom développe beaucoup cette fusion de couple. Tellement que Liza s’éloigne de ses amis et de sa famille, tandis que Tom lui cache la sienne. Il la décrit comme marquée par des non-dits, des dépressions et des troubles bipolaires, dysfonctionnelle. Il lui confie qu’il a été maltraité enfant par un père tyrannique et violent.

En 2016, Liza tombe enceinte, ils sont ravis. Ils se pacsent et partent à New-York en voyage. La grossesse se passe bien.

Trois mois avant l’accouchement, Tom perd son portefeuille et s’énerve violemment.

C’est la première crise où Liza le voit exprimer sa violence verbale. Il s’excuse et puis l’arrivée de leur fille balaye cette crise, en février 2017.

Tom est présent et soutenant, mais assez vite, sa famille s’immisce dans leur vie, générant rivalités et jalousies.

Ils décident d’avoir un nouvel enfant. Mais quand Liza tombe enceinte, Tom est dépassé et commence à lui faire des reproches, se sentant frustré et contraint. Des conflits éclatent au sein de sa famille. Le frère jumeau de Tom reproche à sa famille des maltraitances subies dans l’enfance envers eux. Celui-ci décide de faire bloc avec son frère, et étrangement, ça retombe sur Liza, accusée d’être à l’origine du conflit familial. Cette situation perturbe la grossesse. En juillet 2018, leur fils naît. Liza allaite mais ne se sent pas soutenue et en souffre.

Tom devient distant, nerveux.

Il revoit ses amis et accuse Liza de tous leurs problèmes, dont son manque de libido (“tu es comblée par ton fils qui te bouffe les seins”). Tout est prétexte à crise, à dénigrements (dirigés même contre les enfants), parfois suivis d’excuses peu convaincantes et d’un retour à la normalité (par ex : elle offre des cadeaux à Tom, mais il l’accuse violemment de surconsommation, puis s’excuse, etc.).

Liza justifie encore souvent ses comportements délétères jusqu’en 2019, où elle commence à consulter un psy. Elle s’avoue enfin son envie de partir, bien qu’elle soit financièrement dépendante car en congé parental. La situation s’aggrave avec la pandémie. Les négligences s’accumulent, accompagnées de violences verbales qui génèrent l’effondrement de Liza.

Elle découvre de nombreux défauts de surveillance vis à vis des enfants. Elle perd 14 kilos en 3 mois, fait des insomnies, de la tachycardie. En sortie de confinement, Liza révèle tout à sa famille, et sa mère lui suggère que Tom est un pervers narcissique, ce qui résonne en elle.

En juin 2020, elle dépose une main courante pour les défauts de surveillance et envisage une séparation, ce qui déclenche des violences physiques.

Elle porte plainte en septembre, et son avocate lui conseille d’obtenir une ordonnance de protection. Liza découvre que Tom la trompe depuis des mois et obtient 7 jours d’ITT après une visite aux UMJ. L’ordonnance de protection est refusée malgré l’avis favorable du procureur. La magistrate accorde la garde principale à Liza et un week end sur deux à Tom malgré les éléments prouvant sa dangerosité.

Son avocate et l’OPJ conseillent de ne pas lui confier les enfants. En février 2021, la Cour d’appel reconnaît l’erreur judiciaire et retire les droits de visite à Tom. Cependant, il continue de miner le terrain en se rapprochant de la directrice de crèche, qui prend son parti et tente de discréditer Liza en l’accusant même de maltraitance.

Une enquête de l’ASE est lancée chez Liza, mais pas chez Tom. Il l’accuse d’aliénation parentale et cherche à récupérer la garde pour la détruire. Liza se retrouve devant le juge 15 jours plus tard, qui ne comprend pas la situation. L’audience se passe plutôt bien. Liza est mutée dans le sud ce qui provoque une réaction violente de Tom qui l’assigne en référé. En octobre, la juge accorde la garde à Tom, imputant à Liza les conséquences de sa mutation et réduisant ses droits à un week end par mois et la moitié des vacances.

Liza, effondrée, fait appel. Tom, dans sa toute-puissance, exige de prendre les enfants le week-end suivant. Liza temporise, estimant qu’il faut d’abord préparer les enfants à cette décision ultra violente, ce qui conduit Tom à l’accuser de soustraction d’enfant.

Convoquée en vue d’une garde à vue, un accord est trouvé pour que Tom revienne chercher les enfants dans quinze jours. Les enfants vont chez leur père et Tom en profite pour remplacer le psy de leur fille par un autre, pro-père. Il dit aux enfants que leur mère les a abandonnés, qu’elle ne les aime pas, fait de la rétention d’infos et leur demande de mentir.

En février 2022, la fille de Liza lui révèle que « papa m’a mis un doigt dans les fesses pendant la douche« . Une psy fait un signalement au procureur.

Cependant, le commissariat minimise la situation et l’audition de la fille est mal conduite (l’OPJ dit que sa fille veut rentrer le soir chez son père pour prendre sa douche). La consultation à l’UMJ accuse Liza de fausses déclarations.

La petite, obligée de retourner chez son père, s’effondre.

Pour ses 5 ans, Tom refuse que Liza la voie et demande à l’école d’éviter tout contact. Puis il invoque un état de nécessité (folie) pour ne plus rendre les enfants. Liza, épuisée et en burn-out, se retrouve en arrêt maladie, privée de ses enfants pendant quatre mois. Tom saisit le JAF pour demander le retrait de l’autorité parentale de Liza, une expertise psy, des visites médiatisées et une pension alimentaire, l’accusant de manipulation.

Le JAF le déboute heureusement de toutes ses demandes. En juin 2022, Liza récupère le droit de garde et met fin à l’impunité de Tom.

Tom exerce alors une violence financière, gardant l’argent de la vente de leur appartement sous séquestre.

Plus tard, lors d’une audience, une JDE rencontre les enfants seuls et conclut qu’il est indispensable de rééquilibrer les droits parentaux…

Liza obtient finalement la garde alternée, mais doit céder sur des tas de critères imposés par Tom (convention parentale à son avantage, le choix de l’école et des thérapeutes, pas de pension alimentaire…). La garde alternée ne fonctionne pas bien pour les enfants, qu’elle récupère toujours en détresse. En septembre 2023, Liza est convoquée à la suite de la plainte de Tom pour violence conjugale (déposée en 2022, quand il est accusé d’inceste).

Ça n’en finit jamais. Après 4 ans de cauchemars, de violence institutionnelle et d’impunité pour Tom, Liza attend toujours une véritable justice pour protéger au mieux ses enfants.


Vous pouvez trouver d’autres témoignages sur le site à la rubrique  » Articles et témoignages « .

Pourquoi se former au Contrôle Coercitif pourrait changer la donne

Pourquoi se former au Contrôle Coercitif pourrait changer la donne

Le contrôle coercitif est un concept qui nous vient de l’américain Evan Stark, ancien travailleur social et sociologue. En 2007, il publie Coercive Control : The Entrapment of Women in Personal Life, dans lequel il s’attaque aux idées préconçues autour des violences dites domestiques. Selon lui, il est rare que la violence physique soit une impulsion sortie de nulle part. Au contraire, la plupart du temps, les coups ne sont que l’aboutissement d’un « motif récurrent de comportements contrôlants, relevant du terrorisme ou de la prise d’otage ».

Cette compréhension plus large et plus juste des mécanismes de violences intrafamiliales a déjà été intégrée dans plusieurs codes pénaux (d’abord l’Angleterre en 2015, puis l’Écosse, plusieurs États australiens, le Canada…). Nous espérons que la France sera la suivante.

Le contrôle coercitif englobe toutes les formes de violences intrafamiliales sans se focaliser sur la violence physique.

Il désigne un schéma plus large de domination et de contrôle systématique qui vise à contrôler et assujettir la victime.

  • Isolement : Séparation de la victime de ses amis, sa famille et d’autres réseaux de soutien.
  • Intimidation : Utilisation de menaces, de regards, de gestes ou de destructions de biens pour créer un climat de peur.
  • Dégradation : Attaques verbales ou comportement humiliant pour diminuer l’estime de soi de la victime.
  • Contrôle des ressources : Surveillance ou restriction de l’accès aux ressources, par ex financières, éducatives ou professionnelles.
  • Surveillance : Utilisation de moyens de surveillance pour contrôler les mouvements et les communications de la victime.

Andreea Gruev-Vintilla a écrit un livre en français qui présente en détail ce concept. On souhaiterait voir cet ouvrage dans les mains de tous les intervenants dans la gestion des violences intrafamiliales.

Selon la chercheuse, le concept de contrôle coercitif remplace la sempiternelle question “Pourquoi la victime n’est-elle pas partie ? “ par “Comment l’agresseur s’y est-il pris pour l’empêcher de partir ?”. Et ça change tout.

Pourquoi ? Parce que la focale est enfin dirigée vers la source du problème, l’agresseur, et non sur les conséquences de ses actes (dont l’emprise qu’il exerce sur les victimes et leur incapacité à s’extirper de cette situation).

Le contrôle coercitif propose une meilleure définition du mécanisme de la violence, en mettant en valeur que l’essence de l’oppression, c’est d’être définie de l’extérieur, par un tiers qui lui-même s’auto-proclame supérieur.

La seule émancipation possible est alors de pouvoir se définir soi-même, ce qui n’est pas une mince affaire dans un cadre de violences intrafamiliales, d’oppression, de manipulation.

Pour autant, les proches ou les tiers témoins ont un rôle décisif à jouer dans la poursuite ou l’arrêt de ces processus. Au pire, leur indifférence ou leur neutralité servent l’agresseur. Au mieux, ils peuvent remarquer quelques actes. Mais s’ils ne sont pas formés au contrôle coercitif, le processus fragmenté mais continu de cette violence passe totalement sous leur radar.

Depuis 2023, au Royaume-Uni, la police est tenue de traiter la violence intrafamiliale comme une “menace nationale”, au même titre que la criminalité organisée, le terrorisme et la maltraitance des enfants.

En France, la cour d’appel de Poitiers vient de faire entrer le contrôle coercitif dans les tribunaux avec une série de cinq arrêts rendus le 31 janvier 2024.

Ces derniers mettent en lumière comment les faits s’inscrivent « dans un mécanisme historique et collectif d’inégalités structurelles entre les femmes et les hommes », et affirment que la violence intrafamiliale est une « forme de violence sociale » basée sur la domination.

La Cour d’appel a précisé que le contrôle coercitif est une atteinte aux droits humains en ce qu’il empêche la victime de jouir de ses droits fondamentaux.

C’est la première fois en France que des décisions judiciaires abordent les violences conjugales non plus juste sous l’angle de la protection de la famille, mais comme une atteinte aux droits fondamentaux des victimes. La cour a ainsi condamné un prévenu qui dénigrait sa compagne, contrôlait ses ressources alimentaires, l’isolait, la menaçait de mort…

L’arrêt indique : « Cette forme structurelle de privation contraint à l’obéissance par la monopolisation des ressources vitales ». La victime résume : « Il voulait avoir le contrôle sur tout ce que je faisais. » Dans une autre affaire, le prévenu interroge sans cesse sa compagne sur ses déplacements et « fait régner un climat de terreur au domicile ». Il la traite de pute, connasse, salope, lui crache dessus, profère des menaces de mort. Sa compagne « ne compte plus » les coups car « me frapper était la seule façon de me faire taire. »

Le contrôle coercitif est identifié comme un problème systémique. Il serait urgent de changer la loi pour qu’il soit érigé en infraction pénale.

De plus une formation obligatoire devrait être dispensée aux forces de l’ordre, aux magistrats, et à tous les intervenants concernés par la lutte contre les violences intrafamiliales.

Un suivi de la mise en œuvre de cette loi serait important au début pour qu’elle ne reste pas lettre morte. Tout comme le lancement de campagnes nationales d’information et de sensibilisation permettraient à cette notion de contrôle coercitif d’infuser plus vite et donc de mieux aider les victimes.

La société et ses forces représentantes doivent entamer un processus de transformation profond, aussi urgent que vital dans la gestion des violences structurelles actuelles.


Pour approfondir ce sujet, nous vous conseillons la lecture des articles « Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales« , « Violences conjugales : le « contrôle coercitif », nouvelle arme des juges » et « Violences intra-familiales : « les magistrats doivent partager des connaissances conceptuelles »« .

Les stratégies de l’agresseur

stratégies de l’agresseur

Les stratégies de l’agresseur

Les auteurs de violences intrafamiliales utilisent une stratégie cyclique redoutable visant à contrôler et à dominer leurs victimes

Séduction et Charme

Au commencement, l’agresseur se révèle sous une lumière séduisante, proche de la perfection, dévoué. Cette phase, souvent appelée « lune de miel », marque le début de leur interaction, caractérisée par une générosité et une affection débordante.

  • Objectif : Gagner la confiance et l’affection de la victime pour établir rapidement une relation.
  • Exemple : Une avalanche de compliments, cadeaux… Des promesses d’engagements futurs, tableau idyllique de la vie commune.
  • Conséquences : La victime devient émotionnellement attachée et commence à faire confiance à l’agresseur, ce qui la rend vulnérable aux manipulations futures.
  • Red Flag : Un engagement trop rapide dans la relation, accompagné parfois de critiques sévères envers des ex-partenaire(s), décrit(e)s de manière outrageuse.

Isolement

Petit à petit, l’agresseur isole sa victime de son entourage (famille, amis, même travail), limitant aux maximum ses interactions sociales, son soutien extérieur et son autonomie.

  • Objectif : Éloigner la victime de son réseau de soutien pour la rendre plus dépendante de l’agresseur.
  • Exemple : L’agresseur critique les amis et la famille de la victime (ces gens-là ne sont pas assez bien pour elle…), insistant pour passer plus de temps seul avec elle, ou déménageant dans un lieu nouveau, inconnu.
  • Conséquences : La victime se retrouve isolée, sans soutien externe, ce qui augmente son sentiment de dépendance envers l’agresseur.
  • Red Flag : L’agresseur dénigre les relations pré-existantes amicales ou familiales et suggère /demande à ce que la victime se retire de ses activités sociales habituelles.

Dévalorisation et Critique

L’agresseur commence à critiquer, dévaloriser et dénigrer la victime, érodant son estime de soi et sa capacité à se défendre. Il utilise les techniques de gaslighting pour l’amener à remettre en cause ses choix, sentiments, émotions, etc. et la faire douter de sa santé mentale.

  • Objectif : Miner l’estime de soi de la victime pour la contrôler plus facilement.
  • Exemple : L’agresseur fait des remarques négatives de manière répétée sur l’apparence de la victime, ses compétences, sa vision du monde ou ses décisions.
  • Conséquences : La victime commence à douter de sa valeur et de ses capacités, ce qui la rend plus susceptible d’accepter les abus.
  • Red Flag : Changements dans l’estime de soi de la victime, qui peut commencer à se dévaloriser. Elle intègre et répète des critiques qu’elle a reçues de son partenaire.

Intimidation et Peur

Par des menaces, des actes d’intimidation ou même de violence physique, l’agresseur instille la peur pour contrôler davantage sa victime.

  • Objectif : Dominer par la peur, en utilisant la violence physique et/ou psychologique pour obtenir obéissance et soumission.
  • Exemple : L’agresseur peut détruire des objets personnels, menacer de violence ou faire des démonstrations de force.
  • Conséquences : La victime vit dans la peur de l’agression, ce qui la pousse à se conformer aux désirs de l’agresseur pour éviter la violence. Elle est dans un état d’anxiété permanente
  • Red Flag : La victime semble anxieuse ou craintive en présence de son partenaire, ou modifie son comportement pour éviter de « provoquer » des réactions.

Culpabilisation

La victime se voit faussement accusée d’être à l’origine des violences subies, inversant les rôles de bourreau et de victime. L’agresseur détourne la culpabilité pour s’en dédouaner.

  • Objectif : Faire porter à la victime la responsabilité des abus pour détourner la faute de l’agresseur.
  • Exemple : Après une altercation, l’agresseur accuse la victime de l’avoir provoqué ou insinue que son comportement justifie les abus.
  • Conséquences : La victime finit par croire qu’elle est responsable des abus et mérite d’être punie, ce qui diminue sa volonté de chercher de l’aide ou de s’échapper.
  • Red Flag : La victime s’accuse des tensions et des abus, tentant de justifier les actions de l’agresseur. Elle l’a cherché, c’est de sa faute, elle l’a mérité…

Alternance entre violence et réconciliation

La relation devient un tourbillon d’épisodes violents suivis de réconciliations, où l’agresseur exprime des remords et promet du changement. Cela piège la victime dans l’espoir d’une amélioration.

  • Objectif : Créer un cycle abusif qui désoriente la victime et renforce sa dépendance émotionnelle.
  • Exemple : Après un épisode de violence, l’agresseur peut se montrer doux, repentant, offrir des cadeaux ou promettre de changer.
  • Conséquences : La victime retourne dans l’étape de « lune de miel » après la violence, ce qui la convaincre de rester dans la relation.
  • Red Flag : La victime relate des périodes d’affection inattendue après des accès de violence. Elle pardonne et culpabilise.

Contrôle Financier

En contrôlant les ressources économiques, l’agresseur renforce la dépendance financière de la victime, entravant sa capacité à prendre des décisions autonomes et sa liberté.

  • Objectif : Rendre la victime incapable financièrement de quitter la relation.
  • Exemple : L’agresseur prend le contrôle des finances en donnant à la victime des sommes insuffisantes. Il l’empêche de travailler ou l’accuse d’être la source des problèmes.
  • Conséquences : La victime se trouve dans une situation où son sentiment d’impuissance et de dépendance la paralyse. L’argent devient une prison pour elle et ses enfants.
  • Red Flag : La victime a un accès limité aux finances familiales, demande fréquemment de l’argent ou semble inquiète pour des dépenses mineures, signalant un contrôle financier.

On le voit, la stratégie globale des agresseurs a pour but de maintenir la victime dans un état de vulnérabilité et de dépendance, rendant difficile son émancipation et la rupture du cycle de violence.

Chacune de ces étapes contribue de manière plus ou moins avancée à renforcer son contrôle, en créant un environnement de peur et de confusion. On parle de cycle, d’étapes, mais il n’y a pas vraiment d’ordre, de parcours obligatoire et fléché.  Il s’agit de contrôle coercitif : une sorte de mille-feuilles malaisant, un maillage serré qui se dénoue juste le temps de laisser à la victime l’énergie de survivre et… d’abandonner la lutte.

Reconnaître ces signes (ces red flags) est important, crucial, pour offrir le soutien nécessaire aux victimes de violences intrafamiliales.

Rester neutre, c’est être du côté des agresseurs…


Vous pouvez aussi consulter nos articles « Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP » et « Le gaslighting, vous connaissez ? » ou encore « Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants« .

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Bonjour John Sturgeon. Vous êtes un maitre de conférences écossais, spécialisé sur les questions de violences intrafamiliales.

Vous connaissez aussi très bien le système français et ses dysfonctionnements. Pouvez-vous nous expliquer les méthodes d’intervention pour la protection de l’enfance en Écosse ?

Bien sûr. Déjà, pas d’angélisme, l’Écosse n’échappe pas à son lot de violences physiques, sexuelles, psychologiques. Néanmoins, depuis plus de 20 ans, nous avons privilégié plusieurs politiques de lutte efficaces, d’une manière très différente de la France.

Dès la fin des années 90, la priorité a été mise sur la prévention. L’idée était à la fois d’intervenir le plus rapidement possible pour protéger les victimes et en même temps de limiter les coûts pour la société.

Comment travaillent les autorités locales pour effectuer au mieux ces interventions ?

A l’inverse de la France, l’Écosse a pris le parti de faire travailler ensemble tous les services. Partant du principe que nul ne possède toutes les infos ou les compétences, il faut agir conjointement. La police, la Justice, les assistants sociaux, les soignants, etc. Tous travaillent dans les mêmes lieux, ils peuvent se parler des dossiers, échanger… Ils utilisent également les mêmes outils, faits pour faciliter la communication entre les services.

Effectivement, c’est différent de la France où tout est cloisonné entre les différents magistrats, où on peut condamner un médecin qui fait des signalements et où le secret professionnel est érigé en modèle.

Le secret professionnel existe en Écosse mais il est plutôt géré en circuit fermé. Si vous êtes un pro et avez besoin de savoir, vous saurez.

Nous pensons qu’il y a plus de problèmes liés au non partage des informations que l’inverse. Et beaucoup d’usagers apprécient de ne pas avoir à répéter les mêmes informations sensibles.

L’Ecosse est connue pour être un des pays où on prend le mieux en compte les traumatismes.

C’est vrai. Tous les employés des services publics sont formés aux traumas et à leurs effets. Ils savent repérer les signes, connaissent les marques d’un développement dysfonctionnel du cerveau chez un enfant ou une femme victime de violence… Cette conscience permet des interventions à la fois plus sympathiques pour les victimes mais aussi génère une aide plus adaptée aux genres, à l’âge et au contexte. Même au niveau de la loi, c’est intégré. Ainsi la Justice doit prendre en compte l’âge de l’agresseur jusqu’à ses 26 ans. Depuis 2019, les châtiments corporels sont interdits. Et actuellement, le parlement écossais étudie un projet de loi qui obligerait chaque future loi à respecter la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

En France, hélas, le droit à l’enfant prime sur le droit de l’enfant.

Ici, le droit de l’enfant (ou son intérêt supérieur) passe avant le droit du parent. D’ailleurs, les parents n’ont pas de droits sur leurs enfants, juste des responsabilités. Ils ne doivent pas leur causer du tort et de la souffrance.

Ça fait rêver… Et sinon, concrètement, comment sont gérés les cas de violences intrafamiliales ?

Cela a pas mal changé depuis ces 20 dernières années. Au début de notre siècle, les assistants sociaux étaient formés pour identifier les dangers potentiels. C’était à eux de mettre en place la protection des enfants. Le corolaire de cela, c’est que les assistants sociaux avaient peur d’être accusés de ne pas s’être rendu compte du problème. Ils étaient donc toujours à la recherche de signes de violence. Ce n’était pas sain.

Il y a 5 ans, nous avons rééquilibré cette approche fondée sur la considération du risque pour se tourner vers le pendant, plus positif : les signes de sécurité (“Signs of Safety”). Les assistants sociaux travaillent en partenariat avec les familles et le reste des intervenants, dans des relations plus égalitaires. Tous travaillent pour identifier le problème et se tourner vers la solution : comment créer une famille sûre et saine. Cela a un gros impact sur la motivation des professionnels, la satisfaction des intervenants et surtout, cela améliore grandement la capacité d’identifier les risques et les dangers. La peur de l’erreur d’évaluation perdure, se faire confiance mutuellement (famille et services sociaux) n’est pas aisé pour tout le monde, mais les choses s’améliorent tous les jours.

C’est donc le système actuellement en place ?

Non, il est encore en train d’évoluer. Depuis 2 ans, des régions testent l’approche “Safe & Together”.

“Safe and together” signifie “En sécurité et ensemble” ? Quel est ce nouveau modèle ?

« Safe and Together » est utilisé spécifiquement dans les cas de violences intrafamiliales par la plupart des autorités écossaises. Cela a un effet transformateur sur notre pratique. Il fonctionne sur 3 principes :

  • Il n’y a pas de violence sans agresseur, donc l’attention doit porter sur cette personne, ses responsabilités ; et non pas sur le parent protecteur. En cas de signalement, la police intervient immédiatement. L’accusé sera retiré de la maison et interrogé au commissariat. Les enfants et la victime présumée seront interrogés à domicile. Dans le cadre des processus d’enquête et de suivi, un représentant de l’autorité locale (un assistant social), un employé du National Health Service (généralement une infirmière) effectueront des recherches dans leurs bases de données à la recherche d’informations.

L’enquête pénale est menée uniquement par la police, mais des dispositions sont prises pour obtenir des informations auprès d’autres organismes de l’État. Ces dispositions aident la police dans ses enquêtes et aident les organismes de l’État à s’acquitter de leurs responsabilités en matière de protection du public.

Cela facilitera l’enquête, éclairera l’évaluation des risques et guidera les stratégies de protection qui doivent être mises en place. Il s’agit là d’un très bon exemple de la façon dont nous travaillons ensemble en Écosse afin que chaque organisme d’État puisse exercer ses responsabilités légales en matière de protection des enfants et des personnes vulnérables, au motif qu’un seul organisme ne disposera pas de toutes les informations.

Tout le monde est formé au contrôle coercitif. En Écosse, on préfère cette dénomination plutôt que « emprise ». Dans le cas d’emprise – le focus est sur la capacité et réaction de la victime mais dans l’essence du contrôle coercitif, c’est la stratégie de l’agresseur qui est sous la loupe.

Et si la situation n’est pas “grave” ?

Alors l’agresseur pourra rentrer chez lui mais il saura que toutes les structures sont au courant de ses actes et qu’il est surveillé.

Les 2 autres principes du “safe and together” sont :

  • Le parent protecteur et les enfants doivent rester ensemble. C’est la personne problématique qui doit quitter le foyer. Les services sociaux s’engagent à maintenir les victimes ensembles.
  • Les services sociaux travaillent en partenariat avec le parent protecteur. Ils reconnaissent que cette personne prend en charge la sécurité de ses enfants.

Waooo…. Cela démontre combien le contrôle coercitif est un concept intégré chez vous.

L’Écosse est un des rares pays au monde à avoir des lois spécifiques contre le contrôle coercitif.

Depuis 2018, il est illégal de contrôler son partenaire en restreignant ses accès à ses amis, sa famille, ses finances, son travail, peu importe le moyen. La peine maximale prévue est de 14 ans de prison ferme.

Les services sociaux savent que la violence est genrée, ils sont formés à la recherche de ces signes. De plus, ils ont conscience que si une personne est “contrôlée” par son partenaire alors leurs enfants sont aussi victimes de cette stratégie, directement ou indirectement. C’est pourquoi, cette personne n’a pas besoin de porter plainte (ni même de le vouloir). Si elle est repérée comme subissant des violences coercitives, alors on peut porter plainte à sa place, que la personne se reconnaisse comme victime ou non, car c’est le comportement contrôlant qui est illégal.

Merci beaucoup John. Nous espérons que la France saura s’inspirer du meilleur de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales.


Vous pouvez également consulter nos articles « Loi espagnole sur les violences intrafamiliales : pourquoi on devrait s’en inspirer » et « Violences sexuelles en Australie : une réalité glaçante révélée« .