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Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants

Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants

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Les Chiffres

On estime que 160000 enfants sont victimes d’agressions sexuelles chaque année en France.(i)

8% seulement des jeunes victimes qui ont osé parler sont protégées et l’agresseur n’est éloigné de la victime que dans 6% des cas !(ii)

10% des français déclarent avoir été victime d’inceste (iii)

Moins de 4% des viols sur mineurs font l’objet d’une plainte (iv) . 70% de celles-ci sont classées sans suite (v) selon le ministère de la justice.

En conclusion, la prise en charge des enfants victimes de violences sexuelles est gravement défaillante en France !

Si les enfants méritent sans conditions respect, bienveillance et protection, de nombreuses études pointent aussi le lien entre les violences subies dans l’enfance, les troubles graves de la personnalité et la criminalité. En conséquence, la protection de l’enfance est donc également un impératif pour prétendre vivre dans une société paisible.

Reconnaitre les signes de maltraitances (vi)

Attention, un signe pris seul ne veut pas forcément dire qu’il y a maltraitance, mais un soupçon légitime reposera sur un faisceau d’indices concordants[vii].

Manifestations somatiques

  • Maladies répétées, fatigue, pâleur
  • Énurésie, encoprésie
  • Arrêt du développement physique (courbe de poids) ou intellectuel
  • Contractures musculaires entrainant des douleurs (fibromyalgie, névralgie…)
  • Et progressivement : Maladies auto-immunes, troubles cardio-vasculaires, digestifs, pulmonaires, immunitaires, endocriniens. Cancer, diabète, hyper tension artérielle…

Difficultés scolaires

  • Absentéisme important
  • Désinvestissement
  • Échec
  • Manque de concentration
  • Problèmes de mémoire
  • Interruptions de la pensée, car l’enfant est littéralement « envahi » psychiquement par son agresseur
  • Enfant harcelé (habitude à être dominé, à se dissocier) ou harceleur (identification à l’agresseur).
  • Évitement de certaines situations scolaires ou sportives
  • Mais aussi : hyper adaptation, Beaucoup d’enfants subissant des agressions sexuelles, vont être très bon à l’école (cf dans le chapitre Protéger les victimes).

Comportementaux inadaptés

  • Désordres alimentaires (anorexie, boulimie, vomissements répétés)
  • Manque d’hygiène
  • Marques corporelles (traces de coups, brûlures, fractures, scarifications)
  • Difficulté à gérer les émotions
  • Violence ou agressivité envers les autres (Identification à l’agresseur) et notamment envers son parent protecteur. Effectivement, comme l’explique Dr Alvarez à la fin de l’interview de Hanna Dam Stokholm [viii], l’enfant maltraité va s’ajuster aux attendus parentaux. Il en va de sa survie. Si un enfant a vu son père frapper sa mère, il pourra reproduire ce schéma, d’autant plus si, après un long parcours judiciaire, le parent maltraitant est « gagnant » aux yeux de la justice.
  • Violence ou agressivité envers eux-mêmes : automutilation.
  • Désocialisation avec ses pairs, dérive anti-sociale
  • Mutisme, inhibition, repli sur soi
  • Mauvaise estime de soi
  • Quête affective systématique
  • Fugues répétitives
  • Peurs inexpliquées
  • Prise de risque (fugue, conduites addictives…)
  • Accidents domestiques à répétition
  • Comportement ou langage sexuel inadaptés à son âge
  • Pensées suicidaires

Difficultés scolaires

  • Absentéisme important
  • Désinvestissement
  • Échec
  • Manque de concentration
  • Problèmes de mémoire
  • Interruptions de la pensée, car l’enfant est littéralement « envahi » psychiquement par son agresseur – cela s’appelle l’identification à l’agresseur ou syndrome de Stockholm)
  • Enfant harcelé (habitude à être dominé, à se dissocier) ou harceleur (identification à l’agresseur).
  • Évitement de certaines situations scolaires ou sportives

Les conséquences des violences sexuelles sont désastreuses sur la santé mentale et physique

Les pathologies somatiques (x)

  • Troubles immunitaires, endocriniens, cardio-vasculaires (hypertension artérielle), digestifs (constipation…), pulmonaires.
  • Diabète, fibromyalgie, cancer…

Les conséquences psycho traumatiques

« Plus les traumatismes dans l’enfance se cumulent, plus les conséquences à l’âge adulte seront graves. » (xi)

TSPT : Trouble de stress post traumatique (xii) , expliqué par Murielle Salmona par la Mémoire Traumatique (xiii)

Ce trouble peut se manifester dès lors d’un traumatisme unique.

A cause des Flashbacks, les victimes peuvent revivre sans cesse l’agression passée comme si elle était en train de se reproduire, les obligeant à adopter des conduites d’évitement ou dissociantes, mettant parfois leur entourage ou elles-mêmes en danger, pour éviter ce nouveau trauma !

Troubles comorbides post-traumatiques

  • Souffrances physiques avec les troubles somatoformes (maux de ventre, nausées, maux de tête, douleurs pelviennes…),
  • Souffrances psychiques avec les troubles anxieux, les dépressions, les tentatives de suicide
  • Comportements addictifs (alcool, drogue…)
  • Troubles alimentaires (boulimie et anorexie)
  • Troubles dissociatifs (anesthésiant pour échapper aux reviviscences anxieuses ; anesthésie émotionnelle permettant le passage à l’acte)

Troubles de la personnalité « personnalité traumatique complexe » 

-Violence envers les autres : Quand une victime est « envahie psychiquement » par son agresseur (identification à l’agresseur ou syndrome de Stockholm), il peut développer les mêmes violences sur les autres.

Cette identification à l’agresseur est également expliquée par Muriel Salmona avec la Mémoire Traumatique. Par exemple la victime peut garder les souvenirs de l’agresseur mélangés avec ses propres souvenirs. Cela peut donner lieu à des situations effrayantes telles que cette femme victime d’agression sexuelle, qui pendant une audience, s’est mise à produire un rire démoniaque, qui était en fait celui de l’agresseur (xiv) .

Certaines mères de l’association Protéger l’Enfant nous rapportent des faits troublants concernant leur enfant devenu jeune adulte. Les accès de violence des jeunes adultes, au prise avec une telle colère de ne pas avoir été protégé et ayant intégré la violence pendant toutes les années de construction psychique, mettent en danger leur parent protecteur.

Séparer la victime de son agresseur est donc important au-delà de mettre fin à la maltraitance.

-Mise en danger, violence envers soi-même (automutilation, tendances suicidaires, hyper sexualisation…)
-Comportements criminels,
-Abus de toxique
-Problèmes émotionnels, relationnels
-Difficultés scolaires ou professionnelles

Trouble de l’attachement (xv)  : conséquences de la séparation mère-bébé sur le psychisme naissant des enfants

Un enfant subissant des conduites incestueuses n’a pas d’autre choix que s’attacher au parent agresseur. Nécessité adaptative comparable à celle d’un otage vis-à-vis de son agresseur (syndrome de Stockholm).

Ces pseudo-attachements alimentent le déni et la théorie de l’inceste heureux.

Les troubles de l’attachement précoces perturbent la structuration de la personnalité des enfants qui les subissent :

  • Age préscolaire : comportement adhésif à la figure d’attachement principale, phobie scolaire et/ou absence d’intérêt pour découvrir de nouvelles expériences infantiles
  • Adulte : troubles anxieux, états dépressifs
  • Certaines pathologies psychiques
  • Troubles limites de la personnalité, troubles dissociatifs

Cela complique les possibilités de reconstruction des survivants de l’inceste. Le thérapeute doit devenir une figure d’attachement suffisamment sécure.

La victime va développer des stratégies pour se protéger ponctuellement, mais qui sont néfastes à long terme si le traumatisme n’est pas traité

Le déni protecteur ou amnésie dissociative

D’après Isabelle Aubry de Face A l’Inceste : la victime va réprimer les faits traumatisants jusqu’à l’oubli total ou non. Effectivement, une victime peut être dans le déni tout en gardant la mémoire. Cette amnésie est parfois renforcée par le silence et le déni de l’entourage de la victime.(xvi)

La dissociation traumatique (xvii)

C’est une sorte d’anesthésie émotionnelle qui se produit pendant l’évènement traumatique ou après l’évènement traumatique. Dans ce deuxième cas, cette stratégie de protection va se développer lorsque la victime va se sentir émotionnellement débordée par une situation rappelant le traumatisme. Pour provoquer cette dissociation, la victime peut développer des conduites à risque (troubles cités précédemment).

Dans le cas des mutilations, pour une personne de plus de 16 ans ou pour un enfant n’ayant pas atteint la puberté, si elle présente plusieurs types de lésions corporelles, rechercher systématiquement la maltraitance.

Le clivage (xviii) : pour Sigmund Freud, il s’agit d’un mécanisme de défense et de l’état du moi qui en résulte. Il consiste dans le maintien de deux attitudes contradictoires et qui s’ignorent à l’égard de la réalité en tant qu’elle contrarie une exigence pulsionnelle. L’une de ces attitudes tient compte de la réalité, l’autre la dénie.

Les conséquences comportementales (xix)

Répétition littérale

Les victimes ont tendance à rejouer leur scénario traumatique,

-soit en tant que victime (les personnes continuellement agressées dans leur couple, au travail, par les institutions ; prostitution),

-soit en tant qu’agresseur (d’où les lignées d’agresseurs avec l’identification à l’agresseur)

Remarque : les femmes violées dans leur enfance ont fréquemment des relations sexuelles avec leur thérapeutes !

Contre attitude de rejet

Les victimes vont provoquer dans leur entourage une « contre-attitude de rejet », que ce soit dans un univers privé, professionnel, médical, social, avec la justice. Il faut reconnaitre ce type de réaction pour ne pas rejouer le scénario traumatique avec une victime et éviter les maltraitances institutionnelles.

Les traumatismes de l’inceste vont provoquer l’exacerbation de certains sentiments néfastes à une vie sereine

– La colère les victimes d’agression sexuelle sont souvent irritables

La culpabilité : retournement de la colère contre soi, ou sentiment d’être acteur et non objet. Ce sentiment est provisoire et protecteur, mais sera destructeur à long terme.

Attention à la culpabilisation qui est une manipulation perverse consistant à reporter la faute sur la victime. Cela encourage la culpabilité ! Le violeur peut transmettre sa culpabilité à sa proie !

-La honte : est liée à la peur du rejet social.

-Le sentiment d’être vulnérable et qu’aucune aide n’est possible pour eux. Ils n’ont aucune confiance en eux

La peur : le monde leur paraît dangereux et les gens peu fiables. Grandir dans un environnement hostile provoque la peur des autres, ce qui est un lourd handicap social, impactant la vie professionnelle et personnelle.

-Difficulté de se projeter dans l’avenir

La grande majorité des toxicomanes, des personnes qui se prostituent, les SDF, les chômeurs longues durées, les délinquants multirécidivistes, ont subi des maltraitances dans l’enfance. Comme précédemment dit, de nombreuses études font le lien entre les violences subies dans l’enfance, les troubles graves de la personnalité et la criminalité.

Conséquences des violences sexuelles sur les survivants de l’inceste versus population générale selon le sondage IPSOS pour l’AIVI (FAI)

Population généraleSurvivants de l’incesteMultiplication
Dépression (passé + présent)56%98%1,75
Addictions :   
>10 cigarettes/jour44%55%1,25
>3 verres d’alcool/jour17%30%1,76
Prise de drogue chaque semaine9%27%3
Troubles compulsifs alimentaires (anorexie, boulimie)9%76%8,44
Suicide :   
Pulsions, idées suicidaires14%86%6,14
Tentatives de suicide8% selon la DREES53%6,6
Tempérament irritable, colérique53%92%1,74
Automutilation (passé + présent) 41% 

Protéger les victimes

D’après la psychologue Evelyne Josse (vi) , dans de nombreux cas, les agressions sexuelles n’entrainent pas de séquelles physiques et dans plus de 30% des cas, les enfants ne manifestent pas de réactions préoccupantes au moment des faits (l’enfant peut même montrer des capacités de développement accrues, en matière de langage, à l’école, dans les relations sociales).

Cependant si des signes préoccupants apparaissent brusquement ou si un enfant se confie à vous au sujet des agressions qu’il subit, la Haute Autorité de Santé (vii) recommande de faire un signalement (viii) auprès du procureur de la République. On peut aussi demander une hospitalisation, avec ou sans l’autorisation des parents, si la situation le nécessite, afin de démarrer la chaine de protection de l’enfant. Si les parents refusent l’hospitalisation, le médecin peut demander une Ordonnance de Placement Provisoire (OPP) au procureur de la République.

Sinon, dans le doute, on peut également appeler la CRIP (Information Préoccupante, moins rapide que le signalement) ou le 119.

Quels recours ont les victimes pour s’en sortir ?

D’après Muriel Salmona, (xx) les troubles psycho traumatiques représentent au moins 70% de la psychiatrie et malheureusement, les psychiatres ne sont pas toujours formés à la traumatologie. Cela limite grandement les chances des victimes de s’en sortir !

Soins psychothérapeutiques et soutien socio-juridique, intimement liés !

Le principal enjeu pour s’en sortir est l’accès aux soins psychothérapeutiques, en plus des soins médicaux concernant les soins du corps. La victime aura besoin d’un thérapeute formé aux psychotraumatismes et à la victimologie. (xxi)

Les soins psychothérapeutiques doivent être accompagnés d’un bon soutien sociojuridique. Effectivement, une victime qui ne serait pas protégée ou pas reconnue comme victime, aura peu de chance de guérir ou soulager ses traumatismes par les soins psychotérapeutiques.

La victime et son parent protecteur doivent donc être crus. Sachant que les fausses allégations d’agression sur enfant sont marginales (cf plus loin, stratégie de l’agresseur, SAP), il faut garder en tête la présomption de crédibilité du parent protecteur.

La protection passe par la séparation de la victime d’avec son agresseur. J’insiste sur ce point car en cas d’inceste, cela ne semble pas évident pour tout le monde. D’ailleurs il est bien précisé par la CIIVISE (xii) qu’il n’est pas envisageable de prodiguer utilement des soins à un enfant victime encore contraint de rencontrer son agresseur. De plus, d’après le juge Durand, il faut interdire d’imposer à l’enfant d’aller voir son parent agresseur. (xiii)

Une victime qui aura subi une agression sexuelle unique (un traumatisme unique) aura besoin de traiter principalement un Trouble du Stress Post Traumatique.

La HAS recommande dans ce cas d’utiliser certaines techniques comme :

-La thérapie médicamenteuse (pharmacologique), qui sera également utile en cas de dépression

-Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : thérapies psychologiques à court terme basées sur l’observation et la régulation des liens entre les pensées, les émotions et les comportements (xxiv)  ; pratiquées par les psychiatres ou psychologues formés.

-Les thérapies psychodynamique : issue et principalement influencée par la psychanalyse.

-L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires.

Ce sont des thérapies brèves qui vont traiter les symptômes comme les troubles intrusifs ou les stratégies d’évitement.

Dans le cas d’une victime ayant subi des agressions répétées sur un temps long, il faudra en plus un suivi sur le long terme pour prendre en charge les autres traumatismes complexes. Il faut donc une thérapie « relationnelle ». Et là, la qualité de la relation qui s’installe entre le survivant et son thérapeute sera un facteur déterminent de réussite, plus que le savoir-faire technique du thérapeute. Le thérapeute va négocier un cadre thérapeutique avec son patient. Il va utiliser des techniques de gestion des émotions pour subvenir aux réactions liées à l’évocation du scénario traumatique. « Le traitement par la parole ne sera possible que lorsque le cerveau émotionnel sera suffisamment reconnecté au cortex frontal »

La Résilience (xxv)

La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères. Cette résilience n’est jamais acquise définitivement. Il s’agit d’une capacité qui résulte d’un processus dynamique, évolutif, au cours duquel l’importance d’un traumatisme peut dépasser les ressources du sujet.

Les facteurs de protection déterminant la résilience sont :les relations affectives, (…)la possibilité de créer des réponses positives avec son entourage, l’approche active pour mieux résoudre les problèmes, et enfin que la vie a un sens et que ce sens est positif. (xvi) On peut aussi rajouter tout ce qui favorise les liens sociaux (cohésion, groupe, forte idéologie).

D’après Michel Manciaux, le premier (risque d’utiliser ce concept) est un manque de rigueur dans l’interprétation des faits observés, amenant à voir la résilience là où il y a seulement déni d’un traumatisme,…Désormais à la mode, le concept de résilience pourrait souffrir de se voir mis en avant sans assez de capacité de discernement, de finesse clinique. Le risque d’utilisation de ce concept est le désengagement des pouvoirs publics. Puisque certains se « tirent d’affaire » par eux-mêmes, point n’est besoin de les aider. Quant aux autres, ce sont des incapables ou des paresseux 

Il suffit d’assister à une rencontre de victimes d’agressions sexuelle et d’inceste (par exemple avec la CIIVISE) pour se rendre compte que beaucoup de victimes, sous couvert de résilience, n’ont souvent pas été écoutée et donc pas protégée lorsqu’elles ont subi leur traumatisme.

Comme le souligne Isabelle Aubry et Gérard Lopez, le concept de résilience peut être confondu avec la résistance ! Effectivement, une personne traumatisée peut « devenir un sujet dépourvu de sensibilité ou un brillant intellectuel dissocié de ses émotions ». On peut effectivement apprécier la résilience « à la mesure de l’efficacité sociale », celle-ci pouvant se faire au détriment de la vie personnelle.

La parole de l’enfant

D’après le juge pour enfants, coprésident de la CIIVISE, Edouard Durand « Les enfants (victimes) sont des gens sérieux, qui vivent leur vie sérieusement  (xxvii) . Croire l’enfant est un principe de précaution (xxviii) . » « Les enfants sont une source d’information fiable (xxix)  ». Si un enfant ne dit pas toute la vérité, il aura tendance à minimiser les violences qu’il a subies, voire à se taire, pour ne pas dénoncer la figure parentale ou autre, plutôt qu’à les accentuer et les inventer. Par exemple, dans l’affaire d’Outreau, les enfants ont bien été reconnus comme victimes, même si leur version avait des lacunes à cause de l’emprise parentale qu’ils subissaient.

Il existe deux protocoles très efficaces pour aider les enfants à mieux répondre aux interrogatoires pour le premier et à lui donner confiance pour le deuxième :

-NICHD (National Institute of Child Health and Human Development) : l’objectif du protocole NICHD est de diminuer la suggestibilité des intervieweurs et d’adapter leurs questions en fonction des capacités des enfants et d’aider ceux-ci à fournir un récit plus riche et plus détaillé tout en étant exact.

 (cf dans le paragraphe « formation aux violences sexuelles)

-CALLIOPE (xxx)  : Ce projet est soutenu et importé du Canada par le comité Alexis Danan de Bretagne. Calliope est un programme d’accompagnement de la parole de l’enfant, victime ou témoin, dans les procédures judiciaires afin de l’outiller pour lui donner confiance, le rassurer et faciliter son témoignage devant la justice.

Les stratégies de l’agresseur

D’après le juge Durand, Si on veut lutter contre la violence, il faut la penser. Si on veut lutter contre la stratégie des agresseurs, il faut la connaître, l’identifier. (xxxi)

L’agresseur va effectivement utiliser des ressources qui sont maintenant bien connues :

1 – Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP) et Aliénation Parentale

Le SAP utilisée comme stratégie de défense

Le parent incestueux (souvent le père), acculé par une révélation publique, va chercher à décrédibiliser la parole de l’enfant et celle du parent protecteur en se faisant passer pour la victime. Il accusera l’enfant de mentir sous l’influence et la suggestion du parent protecteur. L’exemple le plus courant est celui de la mère accusée par le père d’avoir mis en tête de l’enfant une histoire d’abus sexuel pour obtenir sa garde exclusive.

Cette stratégie de contre-attaque s’avère encore malheureusement très efficace. 

L’idée de la mère menteuse et manipulatrice a été théorisée par un pseudo scientifique sous le terme de « Syndrôme d’Aliénation Parentale » (SAP) et elle a trouvé depuis beaucoup d’écho dans les salles d’audience. Ce procédé de défense de l’agresseur étant, par ailleurs, largement exploité par certains avocats peu scrupuleux ou peu instruits, avec succès.

Le SAP est devenu une parade infernale pour museler la parole de la victime et de son parent protecteur, nier les faits et échapper aux sanctions. Pire, elle va permettre à l’agresseur de retourner la situation. Il y aura inversion de la culpabilité !

Aux yeux de la justice, le parent protecteur (souvent la mère), traumatisé et déstabilisé par la révélation de l’enfant, va paraitre fragile, toxique et malsain alors que le parent agresseur, nullement déstabilisé par les révélations de son enfant, va sembler équilibré, de confiance, de telle sorte qu’on va souvent finir par lui donner la garde exclusive de l’enfant !

L’origine du SAP

On parle d’aliénation parentale lorsqu’un des parents influence l’enfant afin de favoriser chez lui son rejet ou sa désaffection à l’égard de l’autre parent. C’est un phénomène marginal dans les affaires de violences intrafamiliales (xxxii) . Effectivement, selon Mémoire Traumatique et Victimologie (xxxiii) :

« … les fausses allégations de violences sexuelles chez les personnes qui portent plainte sont rares. Une étude conduite aux États-Unis en 2010 les estime à moins de 6 %, une autre de Rumney en 2006, les estime de 3% à 8%, et une étude de Trocmé qui analyse les fausses allégations de violences sexuelles commises sur des enfants les évalue à 6%, ces dernières ne sont pas le fait des enfants mais surtout de proches voisins et de parents qui n’ont pas la garde de l’enfant. »

Il faut donc toujours garder en tête la présomption de crédibilité du parent protecteur dénonçant l’inceste.

Le pseudo « Syndrome d’Aliénation Parentale » ou SAP, a été inventé par Richard Gardner (xxxiv) , un psychologue américain qui soutenait ouvertement la pédocriminalité (xxxv) .

Il gagnait sa vie comme expert psychologue, soutenu par des avocats qui défendaient principalement des pères accusés d’abus sexuels sur leurs enfants. Il était grassement payé à chaque victoire.

Le SAP a longtemps été enseigné à l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM) par des psychologues suiveurs de Gardner, d’où sa large diffusion et son influence dans le monde de la justice et du social.

Le SAP n’est reconnu par aucune instance scientifique sérieuse (ni le DSM5 aux Etats-Unis, ni l’OMS, ni aucun état, ni le monde de la recherche internationale) et n’a jamais été édité dans une revue scientifique sérieuse (uniquement à compte d’auteur).

Le SAP est donc infondé et souvent utilisé pour décrédibiliser les parents protecteurs d’enfants incestés (en général les mères), au même titre que le syndrome de Münchhausen, le syndrome des faux souvenirs, le complexe d’Œdipe, le référentiel « Outreau », parents souvent injustement accusés d’être manipulateur, toxique, menteur et également d’entretenir un conflit parental, alors qu’ils ne sont que sidérés ou traumatisés par ce que subit leur enfant.

Il semble qu’il y ait une corrélation très fréquente entre accusation de SAP et les révélations d’inceste ou de violences en général, car sinon, dans les affaires portées à la connaissance des associations de protection des enfants, cette accusation serait utilisée beaucoup plus tôt dans les procédures notamment en matière de violences conjugales.

D’ailleurs, selon l’action 58 du 5ème plan de mobilisation et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes 2017-2019, mis en place par le gouvernement, le syndrome d’aliénation parentale est ainsi critiqué :

Informer sur le caractère médicalement infondé du « syndrome d’aliénation parentale » Dans les cas de violences conjugales ou de violences faites aux enfants, l’allégation du « syndrome d’aliénation parentale » soulève de réelles difficultés. Elle conduit à décrédibiliser la parole de la mère, exceptionnellement du père ou de l’enfant, et par conséquent à en nier le statut de victime en inversant les responsabilités.

Or, aucune autorité scientifique n’a jamais reconnu un tel « syndrome » et le consensus scientifique souligne le manque de fiabilité de cette notion. Il n’est reconnu ni par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM5) ouvrage de référence de l’association américaine de psychiatrie (APA), ni par la classification internationale des maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La recherche démontre que les fausses allégations de maltraitance ou de négligences sur les enfants sont marginales (xxxvi).

2 – La Projection

Selon la psychothérapeute et psychanalyste Caroline Bréhat, lorsqu’un homme violent accuse son ex-conjointe « d’aliénation parentale », il importe d’investiguer la situation car les personnalités violentes ont souvent développé des mécanismes de défense archaïques tels que l’identification projective appelée projection.

La projection est, selon la psychanalyse, un mécanisme de défense inconscient qui permet de rejeter la faute (craintes ou désirs vécus comme interdits) sur l’autre. Les pères violents, adeptes de ces mécanismes de défense, accusent les femmes d’être fusionnelles et aliénantes parce qu’ils ne peuvent reconnaître consciemment que ce sont eux qui ont un comportement fusionnel et aliénant. Selon   l’American Psychological Association : « Les agresseurs intrafamiliaux projettent très habilement la faute sur leurs victimes. » (xxxvii)

3 – L’emprise

D’après le juge Durand, Ce que cherche l’agresseur (intrafamilial), c’est le pouvoir sur l’autre, c’est créer une emprise. Il ne supporte pas l’autonomie de sa conjointe ou de ses enfants.(xxxviii)

La psychiatre Marie-France Hirigoyen parle de l’emprise en ces termes :

« L’emprise est un phénomène de violences psychologiques qui s’installent dans le temps… Un brouillage s’opère (car) des choses agréables sont dites, suivies par des choses déplaisantes…La personne sous emprise qui reçoit ces dénigrements va les intégrer, se dire « c’est vrai ». Sur le registre cognitif, ces messages contradictoires ont un effet paralysant sur le cerveau. Ce brouillage entraine la perte de l’esprit critique. Les personnes sous emprise ne savent plus à quel moment réagir. Vulnérables, ça les amène à se laisser soumettre. » (xxxix)

4 – Pour empêcher la victime de parler, l’agresseur utilisera facilement le chantage, les menaces, le mensonge

…avec des paroles du type « si tu parles…cela va détruire la famille, je risque d’aller en prison, tous les parents font ça quand on aime ses enfants (confusion entre sexe et amour filial), c’est un secret entre nous, personne ne te croira… »

Une stratégie courante de l’agresseur intrafamilial

D’après le juge Durand : (L’agresseur) recherche sa proie. Il l’isole, il crée un climat de tension et de peur. Il inverse la culpabilité. Il impose le silence. Il recherche des alliés. Et finalement il assure son impunité. (xl)

D’après Faller, Les agresseurs familiaux font généralement preuve d’une grande habileté à impressionner les administrations, ils sont souvent charmants, et difficiles à démasquer.(xli)

Le parent maltraitant présumé est (considéré comme) le plus stable et la mère comme la cause des troubles plutôt que comme une femme qui réagit à la détresse de ses enfants (xlii) .

Le pouvoir de l’agresseur et la possibilité de passage à l’acte criminel sont accentués par la proximité avec l’enfant. (xliii) Ce qui explique, entre autres, le fort taux d’inceste.

5 – Existe-t-il un inceste heureux (xliv) ? NON

D’après Cyrulnik, quand l’attachement ne se fait pas ou mal (séparation durable ou proximité trop grande provoquant une fusion-confusion des sentiments), l’interdit de l’inceste n’empêche pas la réalisation des désirs sexuels. De plus, il estime que les discours sociaux ne sont pas clairs et les interdits ne sont donc pas clairs non plus !

Comme l’expliquent Isabelle Aubry et Gérard Lopez (xlv) , l’inceste heureux est parfois plaidé lors des procès mais cette théorie ne tient pas la route quand on examine les survivants : ils présentent quasiment tous « des troubles de l’attachement et des problèmes psychologiques, somatiques et sociaux, caractéristiques de l’emprise psychologique ». « Il serait criminel d’aider un enfant à s’adapter coûte que coûte à une famille maltraitante. Il faut au contraire l’encourager à trouver des facteurs extra-familiaux favorables » et l’aider à fabriquer du lien social. Un bon accompagnement social et judiciaire constitue un facteur de protection.

Dorothée Dussy (xlvi) , anthropologue et directrice de recherche au CNRS, explique également que « l’argument du bonheur est l’apanage des violeurs ». Effectivement, les témoignages de relations sexuelles vécues dans l’enfance sont toujours exprimés sous forme de plaintes. Il n’y a que les fictions pour mettre en scène un inceste heureux. Elle n’a d’ailleurs jamais rencontré quelqu’un qui ait subi un inceste et qui aille bien (xlvii) .

Même si beaucoup d’agresseur d’enfants aiment s’en vanter, non il n’existe pas d’inceste heureux.

La formation aux violences sexuelles

  • Toute personne réalisant des enquêtes, expertises, entretiens ou auditions d’enfants victimes, peut se former au protocole NICHD (National Institute of Child Health and Human Development) pour aider à la révélation des violences subies. C’est une technique canadienne, expliquée par l’ONPE ou Mireille Cyr, actuellement enseigné dans la police et la gendarmerie pour qu’il soit utilisé dans les salles Mélanie entre autres. D’après la CIIVISE, cette technique permet d’obtenir des témoignages particulièrement fiables et de grande qualité car elle évacue le faible risque de fausses allégations. (xlviii) : http://nichdprotocol.com/french.pdf
  • Il existe aussi le protocole CALLIOPE enseigné par le comité Alexis Danan de Bretagne. (cf la parole de l’enfant)
  • Toute personne désirant mieux connaître les bases de la connaissance en matière de violence sexuelle, peuvent suivre une formation gratuite sur deux jours avec l’association Stop aux Violences Sexuelles (SVS).  Des formations destinées aux professionnels sont également proposées avec cette association : https://www.stopauxviolencessexuelles.com/formations-2/
  • Toute personne désirant approfondir ses connaissances en matière de violence au sein du couple, l’impact sur les enfants et les violences sexuelles, peuvent se procurer gratuitement les 4 kits de formation proposés par le gouvernement et réalisés par la MIPROF (mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains). : https://arretonslesviolences.gouv.fr/je-suis-professionnel/outils-violences-au-sein-du-couple
  • Beaucoup d’associations proposent des formations en lignes :
  1. -Mémoire Traumatique et Victimologie : https://www.memoiretraumatique.org/publications-et-outils/module-de-formation-interactif-sur-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants.html
  2. -Association Une vie : https://1vie.org/formation-web/
  3. -Brochures d’informations de Mémoire traumatique et victimologie : https://www.memoiretraumatique.org/publications-et-outils/brochures-d%E2%80%99information.html

La prévention auprès des enfants grâce à des supports gratuits

-« J’apprends à me protéger des abus sexuels » (association une vie) : https://nonono.help/?lang=fr

-« Quand on te fait du mal » (Mémoire Traumatique et Victimologie) : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Documents-pdf/2022-quand-on-te-fait-du-mal_ponti-memoire-traumatique-hdweb.pdf

-« Le loup » de Mai Lan Chapiron : www.leloup.org

La chanson : https://www.youtube.com/watch?v=YpHQppQtzZk

Le livre (en vente, il n’est pas gratuit)

La vidéo de prévention : ton corps est à toi, c’est toi le chef ! https://www.youtube.com/watch?v=NtF4RbquGQo&t=20s

-Mon corps, c’est mon corps :

Film éducatif réalisé en 1986, pour prévenir des agressions sexuelles, diffusé dans les écoles du Québec. https://www.youtube.com/watch?v=Ewr9PtwtJ8w

Guide d’utilisation : https://www.youtube.com/watch?v=Ewr9PtwtJ8w

-Lumni : l’audiovisuel public au service de l’éducation pour les élèves (les enfants de 3 à 20 ans) mais aussi les enseignants et les éducateurs (Arte, France Médias Monde, France Télévisions, INA, Radio France et TV5 Monde)

https://www.lumni.fr/dossier/les-violences-sexuelles-sur-mineurs

L’aide aux victimes de violences

-Numéro d’aide aux victimes 116006

-Violences Femmes Info 3919

-D’autres numéros utiles sur le flyer de Mémoire traumatique (ci-joint) : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Documents-pdf/201806-Brochure_victimologie.pdf

-et spécialement pour le cadre d’enfants victimes d’agressions sexuelles intrafamiliale :

Association protéger l’enfant : https://www.protegerlenfant.fr/[xlix] (Contact)

Plusieurs associations de soutien (liste non exhaustive) sont recensées sur le site Sous le Regard d’Hestia : https://sousleregarddhestia.com/ [l] (Suspicion de Violences Intrafamiliales/ se renseigner)

Le très complet et aidant guide du parent protecteur réalisé par Face à l’Inceste (téléchargeable sur le site pour les adhérents) :

https://facealinceste.fr/upload/media/documents/0001/03/guide-parent-protecteur-2021-60c7099631a65.pdf

Recueil de témoignages

-La CIIVISE : Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Témoignages possibles aux 0 825 802 804 depuis la métropole et 0 800 100 811 depuis l’outre-mer et l’étranger ou par mail temoignages@ciivise.fr ou par courrier à CIIVISE, 14 av Duquesne, 75007 Paris


Brochure écrite par Fleur Delaunay, éditée par « Protéger l’enfant » et « sous le regard d’Hestia »

Merci à Caroline Bréhat pour son regard professionnel de psychothérapeute et son aide précieuse.

Avec le soutien de

Caroline BREHAT, psychothérapeute et psychanalyste

Le collectif pour l’enfance

CDP-Enfance

La dérive 371-4


(i) Conclusions intermédiaires de la CIIVISE de mars 2022 p.4 : https://www.ciivise.fr/wp-content/uploads/2022/03/CCl-inter_2803_compressed.pdf

(ii) https://www.memoiretraumatique.org/campagnes-et-colloques/2019-enquete-ipsos-2-violences-sexuelles-de-lenfance.html

(iii) https://facealinceste.fr/blog/dossiers/le-nouveau-chiffre-de-l-inceste-en-france

(iv) https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2018_Etat_des_lieux_des_mineurs_victimes_de_violences_sexuelles.pdf, p.7

(v) http://www.justice.gouv.fr/art_pix/stat_infostat_160.pdf

(vi)   https://www.ifemdr.fr/deceler-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants/

(vii) https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2012-05/reco2clics_reperage_et_signalement_inceste_par_les_medecins.pdf

(viii) https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-03/08r13_form_maltraitance_sexuelles_fiche_signalement.pdf

(ix) http://www.maltraitancesexuelleinfantile.be/index.php?id=478

https://www.ifemdr.fr/deceler-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants/

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2012-05/reco2clics_reperage_et_signalement_inceste_par_les_medecins.pdf

Murielle Salmona dans le Podcast Ou peut-être une nuit 5/6 de Charlotte Pudlowski

(x) Formation les bases de la connaissance en matière de violences sexuelles de l’association SVS

(xi) Livre l’inceste de Isabelle Aubry et  Gerard Lopez p.77

(xii) Livre l’inceste de Isabelle Aubry et  Gerard Lopez p.101

(xiii) https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2018_Etat_des_lieux_des_mineurs_victimes_de_violences_sexuelles.pdf

(xiv) Murielle Salmona dans le Podcast Ou peut-être une nuit 5/6 de Charlotte Pudlowski

(xv) Livre l’inceste de Isabelle Aubry et  Gerard Lopez P127-131

(xvi) Livre l’inceste de Isabelle Aubry et  Gerard Lopez p.60

(xvii) Livre l’inceste de Isabelle Aubry et  Gerard Lopez p.118 à 125

(xviii) https://carnets2psycho.net/dico/sens-de-clivage.html

(xix) Livre L’inceste de Isabelle Aubry et Gérard Lopez, p.86 à 94

(xx) Podcast Ou peut-être une nuit 5/6 de Charlotte Pudlowski

(xxi) Livre L’inceste de Isabelle Aubry et Gérard Lopez, p.163 à 170

(xxii) Conclusions intermédiaires de la CIIVISE de mars 2022, p.59

(xxiii) Livre Défendre les enfants d’Edouard Durand, p.75

(xxiv) http://www.psychomedia.qc.ca/lexique/definition/therapie-cognitivo-comportementale

(xxv) La résilience, Un regard qui fait vivre de Michel Manciaux dans Etudes 2001/10 (Tome395), p.321 à 330

https://www.cairn.info/revue-etudes-2001-10-page-321.htmretournoten05#no1

(xxvi) https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/28564/1/La%20r%C3%A9siliene%20hors%20la%20loi.pdf publié par la Fondation pour l’enfance en 2000

(xxvii) Rencontre de la CIIVISE Paris, palais de la femme février 2022

(xxviii) Conclusions intermédiaires de la CIIVISE, mars 2022, p.43

(xxix) maltraitancesexuelleinfantille.be

(xxx) http://www.odpe.finistere.fr/content/download/107319/854901/file/FLYER-CALIOPPE-OK.pdf

(xxxi) Livre Défendre les enfants d’Edouard Durand, p.97

(xxxii) https://sousleregarddhestia.com/syndrome-dalienation-parentale-sap/

(xxxiii) Enquête Ipsos, 2015 : https://www.ipsos.com/sites/default/files/files-fr-fr/doc_associe/rapport-enquete_ipsos-amtv.pdf  note 13 p.13

(xxxiv) https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Gardner

(xxxv) https://sousleregarddhestia.com/syndrome-dalienation-parentale-sap/

(xxxvi) https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/wp-content/uploads/2016/11/5e-plan-de-lutte-contre-toutes-les-violences-faites-aux-femmes.pdf

(xxxvii) http://www.lenfantdabord.org/wp-content/uploads/2011/06/SAP-CRISES-AU-TRIBUNAL-DE-LA-FAMILLE-SILBERG-2013.pdf

(xxxviii) Livre Défendre les enfants d’Edouard Durand, p.71

(xxxix) L’Obs 24/11/2017

(xl) Livre Défendre les enfants d’Edouard Durand, p.98

(xli) Faller 1998

(xlii) Phyllis Chesler (2013)

(xliii) Conclusions Intermédiaires de la CIIVISE de mars 2022, p.24

(xliv) Livre L’inceste de Isabelle Aubry et Gérard Lopez, p.135 à 142

(xlv) Livre L’inceste de Isabelle Aubry et Gérard Lopez, p.141 à 142

(xlvi) Livre Le berceau des dominations de Dorothée Dussy p.355

(xlvii) Livre Le berceau des dominations de Dorothée Dussy p.190

(xlviii) Conclusions Intermédiaires de la CIIVISE de mars 2022, p.43

(xlix) https://www.protegerlenfant.fr/contact/

(l) https://sousleregarddhestia.com/2021/05/13/se-renseigner/


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Violences conjugales, l’omerta chez les représentants de la loi

violences conjugales omerta dans la police

Ces dernières années ont vu fleurir de nombreuses affaires montrant que la police, la gendarmerie, l’armée, bref toutes les autorités de notre pays étouffaient régulièrement des affaires où l’un de leurs membres était impliqué. Le livre « Omerta dans la police » de Sihem Souid, paru en 2010, dénonçait déjà les abus de pouvoir, la corruption, le trafic de statistiques, le racisme, le sexisme, l’homophobie… La journaliste Sophie Boutboul, ex-conjointe d’un gendarme violent, a publié en 2019 un livre/enquête « Silence, on cogne« , documentant la réalité et l’ampleur de ces dysfonctionnements.

L’omerta dans la police, une gangrène de la société

Ce qu’on appelle l’omerta est une loi du silence. qui réduit au néant par diverses pressions ceux qui dénoncent en interne les dérives. De plus, elle contribue à banaliser les violences, le harcèlement, l’emprise pour privilégier la réputation des troupes à la morale et la justice.

En tant qu’association recueillant la parole de victimes, nous ne comptons plus les témoignages de femmes ayant épousé un représentant de la loi ou faisant également partie du sérail qui se retrouvent bafouées dans leur droit, juste parce qu’elles osent accuser un militaire, un gendarme, un policier de violences conjugales, psychologiques ou sexuelles… omerta ?

Myriam, par exemple, raconte l’enfer qu’elle subit depuis sa séparation en 2017 alors qu’ils sont tous les deux gendarmes. Malgré des preuves de la violence, la diffamation et le harcèlement de son ex, celui-ci reçoit un simple rappel à la loi et bénéficie du soutien de sa hiérarchie. Pire encore, malgré la procédure interne à la gendarmerie « d’événement grave » dû au dépôt de plainte, le père est promu au grade supérieur.

Les traces attestées de coups sur leur fils, la dénonciation par l’enfant de violences sexuelles (pistolet introduit dans les fesses), l’intervention de la PMI, rien n’y fait. Myriam est accusée d’instrumentaliser son fils par les éducateurs et la justice soutient les accusations du père d’aliénation parentale par la mère. Elle finit par perdre la garde de son enfant, elle est criblée de dettes à cause de l’emprunt qu’elle a dû faire pour payer la pension alimentaire et les frais de justice.

Les témoignages des femmes que nous recevons indiquent qu’elles ne sont pas soutenues malgré les preuves, malgré la volonté de justice prétendue des autorités. Elles font face à l’omerta.

omerta dans la police

Les dossiers sont ralentis voire disparaissent, les menaces d’abus de pouvoir sont légions, les plaintes peu souvent reçues…

D’une manière générale, un soutien indéfectible fait rage, la hiérarchie protège les hommes incriminés pour préserver la réputation de l’institution. Ces représentants de la loi sont rarement remis en cause. Le costume semble laver leurs crimes. Et quand les preuves sont trop importantes, quelques sanctions tombent, sans faire illusion : simple blâme, mutation… Des condamnations bien trop faibles face à l’ampleur des accusations de harcèlement et de violences.

La police, la gendarmerie, l’armée… qui devraient être des modèles de justice et de citoyenneté ne sont pas au niveau exigé par une société digne de ce nom. Or ces violences corporatistes internes ont des répercutions puissantes.

Stop à l’impunité. Stop à l’omerta.

Il faut que toutes ces institutions fassent le ménage et évoluent pour rendre effective la tolérance ZÉRO nécessaire à une société protégeant réellement les humains maltraités, par un représentant de la loi inclus. Une pétition lancée par Abandon de famille et signée par 26000 personnes demande à ce que les gendarmes et policiers violents soient recensés.

Pour que cela change, la volonté des institutions et de l’état doit changer.

Il faut que ces derniers s’impliquent et fassent un grand ménage parmi les membres accusés de violence. Des moyens supplémentaires devraient être engagés dans ce sens pour lutter contre la misogynie, le sexisme, le racisme, etc.

Il est également important que tous les personnels actifs dans la prise en charge des victimes et le recueil de parole soient correctement formés sur des sujets comme l’emprise, les psycho-traumas, l’accueil des victimes mineures, la manipulation…

Enfin, il serait souhaitable qu’ils travaillent de concert avec d’autres professionnels pour mettre réellement en sécurité ceux qui viennent chercher du secours. Sans cela, comment les institutions peuvent-elles actuellement intervenir dans des dossiers de violences intrafamiliales alors qu’elles ne savent pas sanctionner les coupables en interne ni bien accompagner les victimes qui demandent de l’aide ?

Des solutions contre l’omerta ?

Si on dézoome, on peut réfléchir à d’autres solutions. Parce qu’imaginons que toutes les victimes de France se rendent dans ces institutions pour être protégées. Bien ou mal reçues, le traitement des dossiers ne serait pas gérable au vu de leur nombre immense. On le voit déjà, les plaintes classées sans suite pullulent faute de moyens et de volonté. Le système carcéral n’est pas en mesure de gérer le flux nécessaire. De plus, si la seule sanction est la prison, elle n’apporte pas de solution. La prison ne transforme pas un humain violent en humain non violent. C’est le cercle vicieux.

Pour résumer, le système judiciaire et policier actuel n’est pas adapté, à aucun niveau, à la gestion des violences intrafamiliales. Il faut donc proposer d’autres sanctions, plus efficaces.

Une piste intéressante serait que la France crée une nouvelle institution qui serait vraiment spécialisée dans les violences de genre, dans la lutte contre l’inceste, les harcèlements sexuels, psychologiques, dans la protection des enfants victimes ou témoins. Une institution apte à reconnaitre les agresseurs, les dominants qui écrabouillent. Une institution qui ne serait pas la police et qui traiterait en direct avec une autre nouvelle institution, judiciaire celle-ci : un tribunal des familles, entité formée également aux violences intra-familiales, qui ne serait dédiée qu’à celles-ci…

Avec un personnel compétent et éclairé, on se surprend alors à rêver d’un monde où les victimes seraient véritablement entendues et secourues. Plus d’omerta.

Sources : https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/virginie-despentes-meuf-king-kong

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violences conjuagles, omerta dans la police

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Violences sexuelles et troubles alimentaires, un lien intime

troubles alimentaires et violence sexuelle

En janvier 2022, des chercheurs français ont établi un lien entre les désordres du comportement alimentaire et les violences sexuelles ayant eu lieu dans l’enfance.

Aurore Malet-Karas, Delphine Bernard et Eric Bertin ont analysé 12600 témoignages de personnes agressées sexuellement, recueillis par le Collectif Féministe Contre le Viol. Un nombre important de personnes parmi ces victimes évoquait spontanément des troubles alimentaires, plus exactement 4.3% des témoignages (soit 538 femmes et 8 hommes), pourcentage largement sous-estimé du fait de la spontanéité des témoignages, non orientés sur cette problématique.

Un profil type de la victime a pu être établi suite à ces analyses. Les personnes déclarant des troubles alimentaires liés à des violences avaient souvent :

  • subi des violences sexuelles très jeunes (13 ans en moyenne),
  • été agressées par une personne du cercle familial (inceste).
  • accumulé des troubles supplémentaires : anxiété, TOC, dépressions, tentatives de suicide, mutilations, auto médications, chocs post-traumatiques, alcoolisme…

Violences sexuelles et troubles alimentaires

Cette étude apporte un regard déterminant dans la prise en compte des violences sexuelles et notamment des violences sexuelles faites aux enfants.

En effet, s’il est diffusé et entériné par les professionnels, ce rapport établissant les troubles alimentaires comme conséquence d’un traumatisme sexuel dans l’enfance, peut aider à plusieurs niveaux :

  • Mieux prendre en charge les personnes en proie à ces dysfonctionnements en ayant un angle supplémentaire pour les soigner. Les approches thérapeutiques pourront être adaptées aux besoins des traumatismes.
  • Permettre aux victimes de violences sexuelles d’être davantage dépistées, plus vite et plus tôt.
  • Éviter les erreurs de diagnostiques : dépressif, bipolaire, borderline ? Non, plus probablement victime d’inceste…

Pourquoi ce lien entre les troubles du comportement alimentaire et les violences sexuelles ?

La relation entre les deux est complexe. Néanmoins, les victimes partagent plusieurs schémas psycho-émotionnels :

  • L’apaisement que provoque la nourriture est très puissant. Se sentir « plein » apporte un bien-être immédiat (même si temporaire)
  • Technique d’évitement, la déformation (en plus ou en moins) est une tentative de ne plus attirer le regard de l’agresseur, pour se protéger
  • Se remplir permet de lui boucher symboliquement l’accès, pour qu’il ne puisse plus « rentrer ».
  • Le contrôle alimentaire redonne du pouvoir (= je contrôle ce qui rentre en moi). L’association anorexie et violences sexuelles est très minimisée parce que l’anorexie est socialement mieux acceptée que les autres troubles.
  • Enfin, ces troubles alimentaires entrent dans la grande famille des addictions comportementales telles que l’alcoolisme, la prise de drogues, l’automédication… Même si c’est nocif, le cerveau, grand créateur d’habitudes, préfère rester sur sa route habituelle plutôt que de sortir de ce qu’il connait. Cela explique en partie la totale normalisation des violences intra-familiales et des compulsions alimentaires

Les femmes sont les premières touchées par la corrélation des violences sexuelles et l’existence de troubles alimentaires.

« Les troubles alimentaires concernent l’image corporelle et le rapport à soi. Et il y a beaucoup plus de pression sur l’apparence physique des femmes que sur celle des hommes. Cela va amener chez les femmes plus de volonté de faire des régimes, des dérégulations qui vont entrainer des désordres hormonaux et déclencher des troubles alimentaires. »

Aurore Malet-Karas, doctoresse en neurosciences

La recherche sur la question des violences sexuelles est encore à ses balbutiements en France, alors qu’elle est bien plus avancée dans d’autres pays. Pourtant, l’impact de ces recherches récentes permettrait de mettre à jour les formations des intervenants : médecins, psychologues, diététiciens, magistrats…

Actuellement, les victimes françaises ont rarement la chance d’être suivies par des professionnels formés aux traumatismes polymorphes des violences sexuelles. Pourtant, l’ampleur des besoins est monstrueux.

En France, 9 enfants toutes les 30 minutes sont victimes d’inceste !

Pour faire bouger la société, n’hésitez pas à partager cette publication. Il est urgent que tout le monde change de regard et s’informe, les citoyens comme les professionnels. Car c’est seulement en diffusant largement la diversité des traumatismes générés par les violences sexuelles que l’information infusera la société. Demandons aux politiques de faire leur part, faisons changer les lois, les cursus… Et en tant que particulier, partageons les savoirs récents pour faire bouger les croyances !

*******

Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à consulter les ressources en ligne du site de Delphine Bernard, Le regard du miroir, où vous trouverez un accompagnement bienveillant et éclairé sur les troubles du comportement alimentaire.

Sources :

Instagram : https://www.instagram.com/auroremaletkaras_phd/?hl=fr. et  https://www.instagram.com/d.bernard51/?hl=fr

Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100009730025943
https://www.facebook.com/auroremaletkaras https://www.facebook.com/RegardDuMiroir/

Twitter : https://twitter.com/KarasMalet

Liens : le regard du miroir
https://cfcv.asso.fr/
www.auroremaletkaras.com

Publications : https://www.madmoizelle.com/les-troubles-du-comportement-alimentaire-sont-une-consequence-meconnue-des-violences-sexuelles-ces-chercheurs-tirent-lalarme-1284511
https://www.leparisien.fr/sentinelles/en-maigrissant-je-disparaissais-un-peu-troubles-alimentaires-lautre-consequence-meconnue-des-violences-sexuelles-02-04-2022-LXX5RGSNMNCN5KMHN5CXOKB4YI.php

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Pourquoi les Centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs

La problématique des centres médiatisés, dans un cadre de violences intrafamiliales est méconnue. Pourtant il faut la comprendre pour protéger les victimes.

La problématique des centres médiatisés, dans un cadre de violences intrafamiliales est méconnue. Pourtant il faut la comprendre pour protéger les victimes.

Qu’est-ce que les centres médiatisés ?

Dans un cadre de relations familiales conflictuelles, les centres médiatisés sont des lieux de rencontres instaurés par la justice où tous les membres d’une famille peuvent se retrouver de manière encadrée. (On les confond avec les lieux neutres mais ce sont 2 procédures différentes). Les objectifs des centres sont de développer les actions de prévention, soutenir la coparentalité, renforcer les coopérations entre les différents acteurs et limiter leurs impacts sur les liens parents-enfants.

Sauf que si ces rencontres sont probablement bénéfiques dans le cadre de conflits simples, elles deviennent très problématiques dans un contexte de violences conjugales. Quand on force des enfants qui dénoncent des faits de violences à revoir régulièrement le parent accusé ou condamné, la justice ne fait que rajouter de la violence dans leur vie.

La problématique des centres médiatisés en cas de violences intrafamiliales

Pourquoi imposer à des enfants qui dénoncent un parent violent (parfois reconnu coupable et condamné) de le revoir ? L’argument de maintenir à tout prix le lien parent-enfant n’est plus recevable quand l’adulte est malveillant. Un parent maltraitant n’est pas un bon parent. Le revoir, c’est perpétuer la torture. Comment peuvent-elles guérir de leurs traumatismes si on oblige les victimes à revoir leur bourreau tous les mois ?

Le droit de l’enfant doit absolument primer sur le droit à l’enfant. Or actuellement, pour les juges français, le droit du parent accusé prime tandis que le témoignage des parents protecteurs est systématiquement remis en question. Il est grand temps de privilégier le principe de précaution à la présomption d’innocence, qui permet au parent violent de perpétrer son emprise. Cela fait donc partie de la problématique des centres médiatisés.

Quelle neutralité ?

Quand il s’agit de protéger les enfants victimes de violence psychologiques, sexuelles, etc, la neutralité n’existe pas. La justice ne doit pas maintenir des liens néfastes mais prendre partie pour les victimes et les éloigner à tout prix de leurs bourreaux. Les centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs actuellement, ils ne font qu’alimenter des traumatismes.

Pire. De par leur mission, ils doivent signaler à la justice les incidents et transmettre une note de fin de mesure. Sauf que le jeu est faussé. Le personnel est rarement formé et se laisse facilement influencer par les parents violents, habitués à faire illusion. Notre association ne compte plus le nombre de rapports remis à la justice inexacts et ne reflétant pas la réalité des victimes. Ce n’est pas cela veiller à la sécurité des enfants et du parent protecteur.

La problématique des centres médiatisés est que cette neutralité affichée incongrue aboutit à de la complicité. Si les intervenants étaient plus présents et formés, ils entendraient les dénigrements, les interrogatoires, les critiques systématiques sur l’autre parent.

Le parent dysfonctionnel l’a bien compris. Si le centre médiatisé ne fait pas de rapport au juge, alors c’est la preuve que tout se passe bien. Et cela amène le juge à lui accorder un droit de visite où la violence pourra se reproduire à nouveau. Les enfants perdent confiance dans les intervenants, ils les sentent alliés de leur bourreau. Ils ne se confient plus. Et ils ne sont pas protégés.

Lutter contre les silences est capital. Il faudrait travailler étroitement avec le parent qui a dénoncé les violences et mieux prendre en compte la parole des enfants, même ceux sous emprise. Et si la parole advient, venir en aide, pour ne pas être complice.

Propositions d’amélioration :

On l’a vu la problématique des centres médiatisés englobe de nombreux domaines. Voici quelques points essentiels à améliorer.

Aucun droit de visite en centre médiatisé pour les parents violents. Les juges doivent prendre en compte tout incident connu de violence et donner la priorité à la sécurité des victimes. Au moindre soupçon, les visites sont stoppées.

Faire des centres médiatisés un lieu de bienveillance pour les victimes. Un lieu sans menace, pour stopper le cycle des violences. Ne pas laisser seuls les enfants avec les parents.

Mieux former les éducateurs sur les mécanismes d’emprise, de manipulation, sur le contrôle coercitif mais également sur les psycho-traumatismes et la variété des comportements possibles chez les victimes. Parfois il suffit d’un regard d’un parent pour réduire au silence un enfant.

Améliorer la circulation des infos vitales. Les centres médiatisés doivent être notifiés des poursuites pour violences et y porter une attention particulière. Inversement, ils doivent remonter les attitudes toxiques des adultes, les craintes des enfants et leurs refus d’interactions avec le parent accusé. Mettre à disposition du juge les vidéos des rencontres au besoin.

Respecter la volonté de l’enfant. Si ce dernier refuse de voir un de ses parents, ne pas accuser l’autre adulte de manipulation. Trop souvent, un enfant qui a envie de voir un de ses parents = bon signe relationnel, alors qu’un refus = enfant manipulé… Soutenons la parole des mineurs, redonnons-lui sa valeur. C’est hyper important dans cette problématique des centres médiatisés mais c’est valable partout !

Lutter contre la loi du silence. Souvent, au nom de la neutralité, la notion de violence n’est pas abordée, renforçant les mécanismes du déni, de la loi du silence et la souffrance.

Interdire l’accusation d’aliénation parentale. La théorie du SAP ne permet pas de protéger la mère et ses enfants contre la violence car son vrai objectif est de permettre à l’agresseur de maintenir le contact avec ses victimes, mère et enfants. Tout espace rencontre qui n’est pas clair sur cette réalité ne peut pas continuer à exercer son activité.

S’alerter des critiques systématiques du parent accusé envers le parent protecteur. Il faut s’interroger si il ne cesse de se victimiser ou de parler avec les intervenants au lieu de se concentrer sur les moments avec les enfants.

Obliger l’embauche d’un psy formé aux violences intrafamiliales et aux abus sexuels sur les enfants. Ses rapports doivent rendre compte de l’état psychique de l’enfant, de celui de ses parents, sans déformations, interprétation ou omission d’informations essentielles.

Respecter la décision des juges. Si ils n’écrivent pas que les sorties en extérieur sont autorisées, cela vaut pour les centres médiatisés. Les enfants restent sous surveillance. Les intervenants n’ont pas à s’allier au parent violent pour convaincre les enfants de suivre les demandes de celui-ci.

Sortir de l’illusion de la repentance sans long suivi psychologique avéré : un parent violent ne va pas frapper ses enfants dans un centre médiatisé, cela va de soi. Le centre n’apporte donc aucune garantie.

– En parallèle à une réforme en profondeur pour que les centres médiatisés deviennent ENFIN des endroits protecteurs, il faut interdire les Lieux neutres où les rencontres décidées par le JAF se font sans surveillance !!!

Les centres médiatisés savent peut-être régler des conflits mais ne sont pas adaptés en cas de violences intrafamiliales. Car la problématique est différente : les victimes ne recherchent pas la construction d’une coparentalité mais la protection. Pour trop d’intervenants, les violences sont du passé et il faut construire la suite. Or l’avenir n’est pas le « vivre ensemble » mais bien le soin des victimes.

Ce soin ne pourra advenir que par la conscience et la reconnaissance des violences à l’œuvre par tous (centre médiatisé inclus). Un problème non nommé ne peut jamais être traité. Les violences intrafamiliales, inceste inclus, ne s’arrêtent pas avec la fin du couple, elles continuent de s’exercer dans le lien forcé maintenu par la justice. Il faut en finir avec la neutralité et s’engager contre, requestionner les postures idéologiques sur la parentalité dans l’intérêt des enfants et de la société entière.

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La problématique des centres médiatisés, dans un cadre de violences intrafamiliales est méconnue. Pourtant il faut la comprendre pour protéger les victimes.

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Impacts des violences sexuelles sur la ménopause precoce

violences sexuelles et menopause précoce

Selon une récente étude américaine, il y aurait un lien entre violences sexuelles et ménopause précoce, les violences sexuelles vécues dans l’enfance ayant une forte incidence sur l’arrivée précoce de la ménopause.

C’est même assez précis. Une étude de l’Université d’Otago a révélé que les femmes victimes d’abus sexuels graves dans l’enfance courent deux fois plus de risques d’une ménopause précoce (à l’âge de 40 ans) que les femmes sans antécédents d’abus signalés.

La docteure Geri McLeod, responsable de l’étude, déclare : « Ces résultats inquiétants sont également significatifs. Ils sont cohérents avec les recherches internationales sur les impacts à long terme sur la santé et le développement des personnes abusées sexuellement pendant l’enfance ».

Ce problème de santé des femmes n’avait jusqu’alors pas fait l’objet de recherches approfondies dans le passé.

Violences sexuelles et ménopause précoce : le lien est établi

L’étude a examiné les données de 630 femmes nées en 1977 à Christchurch, en Nouvelle Zélande. 468 d’entre elles ont déclaré avoir des antécédents de violences physiques ou sexuelles.

Or, plus de la moitié des femmes exposées à des abus sexuels dans l’enfance étaient entrées dans la transition ménopausique à 40 ans, soit 11 ans plus tôt que la moyenne de la population.

« Les résultats montrent que celles qui ont déclaré avoir subi des abus sexuels dans l’enfance avaient un risque accru d’entrer dans la transition de la ménopause à l’âge de 40 ans » explique la Docteure McLeod.

Une relation statistiquement significative a été trouvée entre la sévérité des violences sexuelles subies pendant l’enfance et l’avancée de la ménopause (39,0 % contre 18,8 %).

« En particulier, les femmes qui avaient signalé des abus sexuels graves, impliquant une tentative ou une pénétration sexuelle, ont été 2 fois plus nombreuses à vivre une ménopause précoce que celles qui n’avaient pas signalé de tels abus.« 

En revanche, pas de lien établi avec l’arrivée prématurée de la ménopause pour les femmes victimes de violences non sexuelles, même si des études précédentes avaient également montré que les abus physiques tels que des « châtiments corporels » avaient aussi un impact sur la transition vers la ménopause.

Il semblerait donc que la terrible expérience des violences sexuelles avant l’âge adulte aurait bien un impact sur la vie hormonale des femmes. Un impact de plus dans la longue liste des dégâts physiques et psychologiques subis par les victimes.

Le coût financier de ces violences se répercute sur tous. Mais le coût d’une humanité maltraitée n’est payé que par la victime et c’est une violence supplémentaire intolérable.

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violences sexuelles et ménopause

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AEMO, les failles de ce service éducatif sensé protéger les victimes de violences

les failles de l'aemo

L’Action Éducative en Milieu Ouvert (AEMO) est une mesure de Protection de l’Enfant vivant dans son milieu familial. Elle concerne les enfants mineurs et les jeunes majeurs. Chaque mesure est ordonnée par une autorité judiciaire lorsque ces derniers sont en situation d’un grave danger. Ces enfants sont alors placés sous observation des professionnels des services éducatifs, soit à domicile soit dans un lieu tiers agréé ou validé.

Comment fonctionne l’AEMO ?

Depuis 1983, les mesure d’AEMO, qu’elles soient administratives ou judiciaires, sont financées par les Départements qui fixent annuellement le prix de la journée par enfant. L’argent est ensuite versé à des associations privées qui vivent de ces subventions.

Plus elles gèrent d’enfants, plus elles reçoivent de subventions (comme dans les foyers d’accueil). Ce financement, mal accompagné, est la porte ouverte à de la maltraitance institutionnelle, qui est l’écart entre la mission de l’établissement et sa réalisation. Les AEMO ont-elles assez de temps et de personnels pour tous les dossiers acceptés ?

Les entretiens d’AEMO se déroulent le plus souvent dans le cadre de visite à domicile. Les missions des intervenants sont multiples :

  • Prévention des situations de danger ou de carences, qu’elles soient matérielles, éducatives, physiques ou psychiques.
  • Accompagnement éducatif auprès des enfants en situation de danger ou de risque de danger.
  • Soutien aux fonctions parentales. Aide au développement des capacités d’un ou des parents à reconnaitre ses fragilités et à accepter des espaces de socialisation pour son enfant.

Les visites à domicile, annoncées ou surprises, sont la base des interventions des éducateurs des structures d’AEMO. Quand le maintien des enfants au domicile représente une prise de risque trop importante, le service doit informer le juge des enfants, ce qui suppose une excellente capacité à évaluer le danger et l’urgence. Or les éducateurs interviennent un temps très court (1 h par semaine max) et souvent seuls, ce qui peut les empêcher d’avoir un regard complet et juste sur la famille.

Ce biais potentiel est d’autant plus marqué que leur parole tend à devenir la parole principale, pas ou peu remise en cause. L’hypothèse de départ sur la situation familiale n’est pas réinterrogée, elle est simplement confirmée par des éducateurs qui n’ont bien souvent pas le temps de creuser, enchainant les « dossiers ».

Si les éducateurs intervenaient à plusieurs, de nouvelles modalités d’actions se mettraient en place qui favoriseraient le croisement des regards et la qualité des mesures quant à la protection de l’enfant. En soutien aux interventions en binôme, les éducateurs devraient mettre leurs connaissances à jour et ouvrir la palette des expertises et des outils pour lutter efficacement contre les violences rencontrées.

Problématiques et dysfonctionnements de l’AEMO :

  • Des financements non homogènes

Le fait que les tarifications soient déterminées par chaque département induit une disparité des moyens selon où l’on habite. Cette responsabilité devrait être donnée à l’État afin que tous les citoyens soient traités équitablement.

  • Absence de contrôle et impunité

Une fois les centres d’AEMO habilités, qui surveille leurs actions ? Le personnel surpris en faute est-il sanctionné ? La demande d’évaluation des mesures est fortement critiquée par certains professionnels. En résulte un manque général de lisibilité des pratiques des intervenants.

  • Personnel insuffisamment qualifié

L’éducateur devrait être obligatoirement formé à l’écoute des enfants (voire des adultes) y compris de façon infra-verbale. Savoir être vigilants aux signaux que peuvent envoyer les victimes, tous ces indicateurs d’états psychiques malmenés. Malgré ses sourires, un enfant peut envoyer des signes de détresse et de contraintes.

Il est également important que le personnel parvienne à se décaler de ses représentations culturelles personnelles au profit de vraies compétences, en psycho-traumas, en contrôle coercitif, en gestion de l’emprise par exemple…

De plus, les éducateurs pratiquent actuellement beaucoup l’observation mais ils interviennent peu.

Pascale Breugnot et Paul Durning ont analysé différents rapports envoyés aux magistrats au début des années 2000 :

« Près de 80 % des informations de la toute première réunion traduisent un positionnement d’observateur. […] À six mois d’intervention, la place de l’intervention concrète est aussi minime que lors de la première réunion de synthèse ».

Pascale Breugnot et Paul Durning

En résumé, les actions de protection des éducateurs sont difficilement saisissables.

De plus, on l’a vu, le travail individuel des intervenant est encore le socle des rapports des AEMO. Il serait souhaitable qu’il soit remplacé par de nouveaux modes d’action, collectifs et variés, pour un meilleur accompagnement des familles.

  • Des actions insuffisantes, trop tardives, trop peu intensives, mal pilotées et coordonnées

L’absence d’obligation de résultat associée à de nombreux dysfonctionnements dûs à des structures protéiformes, non centralisées conduit à une remise en question de l’efficacité des AEMO.

  • Rapports

Le rapport écrit remis en fin de mesure établit un bilan de l’intervention. Son poids est énorme dans le jugement car le juge s’en remet énormément à sa conclusion. Or, on l’a vu, les éducateurs interviennent peu de temps, ne sont pas formés correctement. De nouvelles exigences de motivation des décisions et de comptes rendus des interventions devraient leur être imposées.

Les ambiguïtés de l’AEMO

Plusieurs questions relatives à l’AEMO peuvent être soulevées.

  • S’agit-il d’une mesure d’aide éducative au sens strict ou contribue-t-elle surtout à l’évaluation juridique des situations ?
  • Comment se positionne-t-elle face à l’accueil des enfants ? Souhaite-elle éviter le placement en proposant une alternative ? Ou cherche-t-elle à préparer le placement ?
  • Est-elle une mesure d’aide ou une mesure de contrôle ? Est-elle réellement active dans le développement physique, psychologique, affectif, intellectuel et social de l’enfant ?

Plein de questions sans réponse…

Pour aller plus loin :

https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2018-047R-TOME_1.pdf

https://www.onpe.gouv.fr/system/files/publication/2013_aemo.pdf

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Les victimes ne veulent pas parler, elles veulent être écoutées

ecouter les victimes de violence

La libération de la parole, c’est important.

Ce 21ème siècle l’aura démontré, les victimes parlent et de plus en plus. Elles témoignent pour que d’autres victimes les entendent et se sentent moins seules. Elles brisent le silence sur les violences sexistes, les incestes, les rapports de domination et d’écrabouillement.

Chaque parole compte.

Néanmoins, pour recueillir ici de nombreux témoignages de victimes de violences, on s’interroge sur la pertinence du mot « libération ».

Parler ne fait pas toujours du bien.

Il faut se raconter et revivre un traumatisme, répondre à des questions, faire face aux jugements potentiels et à la culpabilité toujours.

Quand les victimes libèrent leur parole, elles effectuent un acte psychologique et émotionnel très coûteux. Il s’agit d’un processus qui arrive à la fin d’un parcours humain éprouvant et tout le monde n’y parviendra pas.

Alors pourquoi les victimes parlent ?

Les raisons ne manquent pas. Les plus évidentes est qu’elles parlent pour :

  • Pour demander de l’aide essentiellement,
  • pour faire cesser leurs souffrances.
  • Elles parlent pour être crues.
  • Elles parlent pour être entendues.

Écouter les victimes, c’est indispensable !

Quand on écoute une victime, elle ne dit pas « Merci de m’avoir laissée parler« . Elle dit « Merci de m’avoir écoutée« . C’est là toute la différence. Se raconter a été difficile. Mais avoir un interlocuteur bienveillant en face, qui accueille sa parole comme digne de foi et qui fait preuve d’empathie, c’est cela qui lui fait du bien. Actuellement, la société ne sait pas accompagner les victimes qui dénoncent. Or, l’enjeu réside sur la manière de réceptionner cette parole et de l’analyser par la suite.

Comment mieux écouter les victimes ?

Il existe des tas de façons pour aider à changer ce manque d’écoute dans la société.

  • Partir du principe que la victime dit la vérité (des études américaines ont montré que le taux de fausses dénonciations est particulièrement faible : de 0.2 à 6%).
  • Amplifier la formation de tous les professionnels (forces de l’ordre, juges, éducateurs…) à recueillir la parole des victimes, celle des enfants inclue (via la méthode Calliope ou le protocole NICHD).
  • Être attentif au langage non verbal. Donner des signes qu’on écoute. Reformuler. Offrir des commentaires propices qui encouragent à parler. Respecter les silences.
  • Proposer des temps de parole à l’école et faire intervenir des gens qualifiés qui, en écoutant et en observant, sauront détecter des victimes potentielles. Si on ne le fait pas, on laisse les victimes à leur sort.
  • Apporter aux enfants, même jeunes, l’information que ce qu’ils vivent n’est pas normal. C’est ainsi qu’ils pourront partager leurs secrets tragiques avec un sentiment de confiance dans l’écoute des adultes.
  • Faire circuler le numéro d’appel 119, « Allo enfance en danger » ou le site arretonslesviolences.gouv. Des gens rompus à l’écoute recevront la parole des victimes ou des témoins de façon anonyme et les guideront vers les services adaptés.
  • Prendre position contre la violence. Redire qu’elle est interdite par la loi et inexcusable. Être neutre, c’est soutenir le mauvais camp.
  • Allonger le délai de prescription pour que la victime puisse être écoutée même très tard.
  • Respecter les décisions de la victime, qui fait de son mieux pour survivre dans un environnement hostile. Ne pas interférer, encore moins lui dire ce qu’elle doit faire. Ne pas entreprendre des démarches à sa place, sauf si on appartient aux forces de l’ordre et de la Justice et qu’on est habilité à protéger les victimes.
  • D’une manière générale, tenter de comprendre sans blâmer pour renforcer son sentiment que sa vie lui appartient.
  • Enfin, SURTOUT, ne pas juger. Quand on recueille la parole d’une victime, son histoire et ses émotions jaillissent comme elles peuvent. La personne peut être très émotive, troublée ou au contraire sembler ne rien ressentir et se comporter de manière très surprenante. La situation qu’elle a vécue engendre des psycho-traumatismes qu’on n’est rarement à même d’appréhender correctement. Alors le plus simple est de prendre votre interlocuteur au sérieux, de le croire, pour ne pas rajouter à sa souffrance.

Le déni, la banalisation ou le doute causent trop de dégâts.

Les victimes parlent ! A nous de les entendre et de prendre soin d’elles autant que de leur témoignage. Une personne victime de violence vit une situation difficile et douloureuse. Si celle-ci s’est installée depuis longtemps, la victime a mis en place des stratégies d’évitement. Elle a peur, honte et se sent seule. Elle ne pourra sortir du silence que si elle sent crue et écoutée sans jugement, en confiance.

Développons l’écoute, qui protège mais aussi prend en compte l’expression de la victime et sa participation éclairée aux décisions qui la concernent

« Il faut que l’on écoute mieux les femmes en justice. Il faut des professionnels de l’écoute pour les violences conjugales, qui puissent analyser et recouper ce qu’ils entendent. Quelqu’un qui a l’expérience peut repérer les éléments récurrents dans les récits de violence conjugale.

La description des syndromes de stress post-traumatique, la lune de miel, sont par exemple des éléments caractéristiques. Quand j’entends une femme victime, j’ai besoin d’environ 5 rendez-vous pour savoir ce qu’il en est. Ce sont des dossiers qui nécessitent du temps, pour que la parole se libère, pour constater que le scénario décrit ne change pas. On a un espace énorme à investiguer, pour trancher dans un sens ou dans l’autre. Aujourd’hui, cet espace n’est pas utilisé. »

Isabelle Steyer avocate spécialisée sur les violences conjugales

Sources : https://www.actu-juridique.fr/civil/personnes-famille/la-justice-doit-mieux-ecouter-les-femmes/

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Lettre de Anne, ancienne enfant victime d’inceste, lue durant la réunion de la CIIVISE le 16 mai 2022

Lettre de Anne, ancienne enfant victime d’inceste

Chers membres de la Ciivise, cher auditoire,

J’ai assisté à la réunion parisienne de février, sans prendre la parole. Je suis restée profondément bouleversée de découvrir qu’encore aujourd’hui, les enfants victimes d’inceste ne sont pas protégés. Les mères seront nombreuses dans cette assemblée.

J’ai, depuis le début de l’année lu tous les ouvrages traitant d’inceste,

de Dorothée Dussy à Levi Strauss, en passant par Bruno Clavier, Muriel Salmona, Françoise Héritier… J’ai regardé et lu tous les documentaires, à ce sujet. J’ai écouté et réécouté l’ensemble des podcasts pour comprendre, analyser. Les sujets d’actualité : PPDA, Sarah Abitbol, le rapport Sauvadet… J’ai tout écouté, analysé… pour essayer de comprendre ma propre histoire.

Tout s’est passé en plusieurs étapes pour moi, de l’amnésie traumatique, en passant par l’angoisse, les difficultés relationnelles. Tout s’est accéléré en 2018. Je serai brève. J’ai été victime, avec ma sœur jumelle d’inceste et plusieurs hommes de ma famille en sont les auteurs, principalement mon père. Ensuite, un frère, un oncle, un cousin de mon père.

J’ai découvert les ateliers d’escrime thérapeutique conduit par l’association « Stop aux violences sexuelles » en septembre 2021.

Cet été là, j’apprenais que ma nièce, la fille de mon frère, âgée de 4 ans, avait été victime d’agressions sexuelles de la part des 3 garçons qui sont accompagnés par mon frère et ma belle-sœur dans le cadre de leur agrément obtenu pour être famille d’accueil. L’été dernier je l’ai regardé et puis dans ma tête, je me suis dit « ça y’est c’est ton tour ». Et puis non, j’ai voulu que cela cesse.

Quelques coups de sabre ont changé ma vie. J’ai parlé début avril 2022 à ma famille, j’ai écrit une longue lettre qui leur est adressée, j’ai contacté votre commission et j’ai pu m’entretenir avec elle. J’ai parlé à chacun d’entre d’eux en relatant les faits.

Et puis ? Après cette parole, pas grand-chose, ma famille nie et/ou relativise, entretient un certain chantage affectif. Mon père s’est comporté comme un salopard, il faut et il faudra bien le dire, sous-entendant que l’inceste aurait eu lieu entre ma sœur et moi. Il a sous-entendu cela, ce week-end après plusieurs semaines de silence.

Ajouter de la confusion à l’agression, en permanence, il a menacé de se suicider pour me faire taire. 3 jours plus tard il m’a dit qu’il avait dit ça comme ça. J’ai demandé à ma mère s’ils avaient toujours envie de se suicider. Finalement, non.

Il me faut encore supporter cela. Ma colère est immense. La libération de la parole, la résilience sont des grandes arnaques à mon sens. Une parole qui se libère et qui retombe comme un caillou que l’on fait ricocher sur la surface plane d’une eau limpide et qui tombe à l’eau. C’est un désastre. Cela me donne l’image d’un charnier. Un charnier avec des victimes vivantes qui se débattent avec leurs paroles et en surplomb, les agresseurs, la société, la justice et l’État qui nous regardent nous débattre, nos paroles se mêlent et puis rien.

J’ai lu vos conclusions intermédiaires et c’est insuffisant. Depuis que j’ai parlé je m’interroge sur tout ce qui m’entoure.

Pourquoi voler une banane dans un commerce fait courir plus de risque judiciaire à un citoyen qu’une fellation imposée par un adulte à un enfant ?

Pourquoi est-on si facilement puni lorsqu’on resquille dans le métro et pourquoi est-il si facile d’allumer internet, de lancer YouPorn et d’y voir allègrement des images de violences sexuelles, qui prônent la domination, la culture du viol et la pédocriminalité ?

D’où nous viennent toutes ces images qui circulent en masse alimentant une certaine excitation. Mais de quoi s’agit-il réellement ?

J’ai parlé de confusion. C’est bien cela, ce qui me met en colère dans l’inaction de notre gouvernement et de la justice. Ajouter de la confusion au traumatisme dans une société qui ne légifère pas, qui ne punit pas, ne soigne pas, c’est accroitre le traumatisme !

Donc, je suis en colère. J’ai commencé à réfléchir à ce que contenait cette confusion, au-delà du seul fait de me « transformer » en victime. Cette confusion de mon enfance est celle qui perdure aujourd’hui alors que la parole des victimes et des femmes se libèrent.

Cette confusion rend encore possible aujourd’hui le fait qu’un enfant reste en contact avec son agresseur, cette confusion rend possible les féminicides, cette confusion rend possible de nommer, à des hautes fonctions d’État, des hommes contre lesquels il y a eu des accusations de violences sexuelles. Cette confusion permet que PPDA puisse porter plainte contre 16 femmes.

Cette confusion relève de notre responsabilité collective.

Cette confusion permet le déni de ma parole, de notre parole, maltraite les victimes. Nous épuise jusqu’au sang. Que se passera-t-il après vos conclusions si cette confusion est permise ?

J’ai peiné à terminer sur une note positive. L’idée de résilience elle aussi m’est devenue insupportable. Il est hors de question de soutenir une société dans laquelle serait reliée, par la confusion, la fabrique des victimes résilientes, les auteurs des agressions et les indifférents.

En revanche, les mots, les paroles comptent, et la lumière je la vois non plus dans la libération de la parole mais dans l’invention d’un autre monde, d’autres récits. La justice je l’attends désespérément. J’ai demandé à ma mère que je ne voulais pas de son héritage mais un dédommagement financier.

Depuis que j’ai parlé je me réjouis de lire et d’entendre des paroles alternatives. Cher Juge Edouard Durand je vous remercie pour votre parole lumineuse. Sur cette question que vous posé et que j’ai posé à ma famille sur le seuil de violence que nous tolérons dans notre société. J’ai fixé ma limite.

Anne C.

Les psycho-traumas des victimes de violences

psycho-traumatismes des victimes de violence

Les psycho-traumatismes regroupent les conséquences psychologiques subies suite à des agressions, des menaces pour sa vie ou celle d’autrui, des violences en général… Ces troubles correspondent à des souffrances psychiques majeures, potentiellement invalidantes, bien réelles même si pas toujours perceptibles par l’entourage.

Les psycho-traumatismes, des symptômes invisibles

Les victimes de psychotraumatismes sont bien plus nombreuses qu’on ne l’imagine (entre 6 et 10% de la population).

Les psycho-traumatismes sont pourtant encore très méconnus. Même si on sait l’importance de la précocité de la prise en charge, les médecins ne sont pas suffisamment formés à les reconnaître, ce qui occasionne une souffrance qui pourrait être circoncise.

En France, on reconnait plus facilement les psychotraumas des victimes d’attentats ou de catastrophes naturelles mais ceux issus d’autres types de violences, quotidiennes et moins visibles, ne sont pas ou peu pris en charge et font d’immenses dégâts.

Les conséquences des violences faites aux femmes et aux enfants sont invisibilisées. Pourtant les viols, les incestes, les violences psychologiques laissent des séquelles indéniables sur le développement psycho-affectif des victimes. Ces processus silencieux de dégradation, d’absence d’amour, de déshumanisation forment une multitude d’enfants puis d’adultes brisés.

Pour l’inceste on parle de crime sans cadavre.

Point sur les Psycho-traumatismes des victimes de violence

La souffrances des psychotraumatismes est réelle et multidimensionnelle. Elle irradie dans le mental, dans le corps, dans tout ce qui a trait à l’âme et à l’être. Chaque personne va vivre la maltraitance à sa manière.

Certaines souffrances, certains dégâts peuvent être communs à toutes les victimes, comme un mal de vivre, des terreurs, des angoisses, etc… Mais les manifestations des pycho-traumatismes sont pour beaucoup personnelles et uniques. Chacun développe des mécanismes mentaux, une gestion de la mémoire ou des émotions différentes. C’est le travail des psychologues que de les analyser pour permettre aux victimes de les verbaliser et d’entamer un processus de réparation, autant que possible.

Un enfant victime d’inceste peut avoir des raisonnements traumatiques différents.

1 – Mon parent me fait souffrir –> mon parent ne m’aime pas –> c’est forcément de ma faute car je ne suis pas « aimable » –> personne ne peut m’aimer.

2 – Mon parent me fait souffrir –> je me déprécie et me déshumanise –> je suis un objet qu’on peut utiliser –> je n’ai pas de respect pour moi.

3 – Mon parent me fait souffrir –> cette souffrance est intolérable –> je suis déjà morte.

4 – Mon parent me fait souffrir –> mon esprit ne peut pas comprendre ce qu’il m’arrive –> j’efface tout de ma mémoire

Les psycho-traumatismes sont polymorphes et parmi les réactions possibles, il y a celles du corps qui réagit à son tour aux insupportables violences subies.

Chaque victime connait un lot de douleurs importantes, chroniques ou diffuses, des malaises, des migraines, des brûlures d’estomac, des pertes ou prises de poids, de l’instabilité du sommeil et de l’humeur, du stress qui entraine exémas, dermatites, mycoses…

Des maladies liées à des troubles intestinaux comme la colopathie ou liées à une hypersensibilité douloureuse comme la fibromyalgie sont aussi fréquentes et vraisemblablement connectées aux conséquences des violences sexuelles.

Les troubles psychotraumatiques chroniques peuvent durer longtemps, potentiellement toute une vie en l’absence de prise en charge et de traitement.

Les victimes cohabiteront difficilement avec des syndromes de reviviscence (des souvenirs intrusifs angoissants suscités par tout ce qui peut y être associé), des syndromes d’évitement (la victime évite les lieux, les personnes mais également les pensées qui réactivent ses peurs, jusqu’à s’isoler totalement), des syndromes d’hyperréactivité (état d’alerte quasi-permanent entrainant irritabilité, hypersensibilité, troubles de l’attention, de la concentration, une profonde fatigue physique et psychique)… Mais ces troubles ne se voient pas…

Pourtant, sur du long terme, ces psycho-traumatismes peuvent entraîner de véritables modifications de la personnalité, de la solitude, une perte de repère et d’espoir, un sentiment d’insécurité permanent… Sans parler des pathologies associées. Les dépressions sont très fréquentes (50%), les addictions (alcool, drogues) vont concerner 30 à 50% des patients. Viendront également les troubles anxieux, alimentaires, sexuels, du comportement, du sommeil, les conduites suicidaires…

La liste est longue, presque infinie, des conséquences des violences faites principalement aux femmes et aux enfants.

Ce qui peut aider les victimes de psycho-traumatismes ?

Si vous connaissez une personne victime de violence, ayez conscience qu’elle subit quotidiennement les conséquences de ce qu’elle a douloureusement expérimenté. Si vous souhaitez l’aider à votre mesure, voici des comportements adaptés à sa souffrance :

  • Avoir de la compassion,
  • Être réellement à l’écoute, sans jugement.
  • Proposer son amour inconditionnel
  • Respecter sa façon de réagir
  • Accueillez sa souffrance (pas besoin de la ressentir, juste de l’accueillir)

Du soutien et de la bienveillance, plus globalement, aideront cette personne à mobiliser ses propres ressources et à se réhumaniser.

Point sur les Psycho-traumatismes des victimes de violence

Sources :

https://www.lareponsedupsy.info/Psychotraumatisme

https://www.memoiretraumatique.org/

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Les phrases sur la violence qu’on ne veut plus entendre

violences intrafamiliales les phrases qu'on ne veut plus entendre

Oui certes il y a de la violence, mais…

 » Vous l’avez choisi le père en même temps »…
 » En même temps, tu as un caractère difficile, tu n’es pas facile à vivre »…
 » C’est toi qui lui refiles son stress »…

Vous les connaissez ces phrases qu’on assène toujours aux victimes ? Les explications extérieures du pourquoi on a reçu des coups, on s’est fait violer, on a subi de l’inceste… Et étrangement, c’est toujours de la faute des victimes !

Un mari violent peut être un bon père

Ben non… Un humain qui en maltraite un autre ne peut pas être un bon parent. Il ne peut ignorer l’impact de ses gestes sur la vie de ses enfants. Quand tu frappes, humilies, agresses la personne avec qui tu as fondé une famille, tu montres un exemple dysfonctionnel qui risque d’être assimilé comme normal. La violence n’a jamais sa place et il faut d’abord passer par un long travail psychologique avant de songer à prétendre à une parentalité saine et bienveillante.

Votre enfant vous dit ce que vous avez envie d'entendre

Le parent protecteur est très souvent accusé de manipuler son enfant. Vient très rapidement ensuite le fantasme de l’aliénation parentale, ce symptôme imaginé au 20ème siècle par Gardner, un médecin véreux, misogyne, faisant l’apologie de la pédocriminalité. Les vrais experts le répètent pourtant, il faut écouter la parole des enfants et suivre l’intérêt supérieur des victimes mineures. Les enfants qui dénoncent doivent être entendus sans jugement.

Tu es sûr(e) que tu n'exagères pas, il/elle a l'air gentil(le)

Nous ne comptons plus les fois où la parole des personnes qui dénoncent n’est pas admise comme vraie. L’audience demande bien trop souvent de la nuance, des explications, des justifications. Quelqu’un qui dit : « on m’a volé mon vélo » est davantage cru qu’une personne qui déclare avoir été violée par un proche. L’entourage a tendance à minimiser pour éviter le scandale et se confronter à une réalité violente très dérangeante.

La plainte a été classée sans suite donc tu as menti

Et non… Les raisons pour lesquels des plaintes sont classées sans suite ne sont jamais équivalentes à un jugement sur le fond. L’affaire peut être prescrite, la procédure jugée irrégulière, la justice peut estimer ne pas avoir assez d’éléments pour enclencher des poursuites… Sans parler des abus… La plainte sans suite est donc une absence de jugement et n’indique en rien où se situent les torts. Elle montre aussi les limites de ce que peut la justice face aux révélations.

Dans un conflit parental, les torts sont partagés à 50/50

Cette croyance a la vie dure. Pourtant rien de moins logique. Comment mettre sur la même échelle une personne toxique, agressive, manipulatrice et sa victime ? Tous les conflits parentaux ne s’articulent pas autour de l’aménagement du quotidien, parfois les enjeux sont vitaux. La violence psychologique et physique n’est pas exercée/subie à 50/50… Il y a alors un seul coupable et c’est une erreur de parler de responsabilité partagée !

Avez-vous des preuves de cette violence ?

« Oups, j’ai oublié de brancher la caméra pendant qu’il me tabassait… ». « Zut, il n’a pas voulu signer des aveux d’inceste, le coquin… » Dégainer des preuves de violences physiques, psychologiques, sexuelles est très difficile. Parfois les traumatismes sont invisibles. De plus, les victimes sont en mode survie, pas en mode enquêteur de police, à filer directement au laboratoire après leur viol… Il est grand temps que la notion de preuves change.

Après la plainte, vous devriez quitter votre appartement !

« Maintenant que vous avez déposé plainte, quittez le logement pour vous mettre en sécurité »… N’est-ce pas le monde à l’envers que de demander aux victimes de partir, avec parfois leurs enfants, au lieu de faire évacuer la personne violente ? En plus de ses traumatismes, la victime va devoir tout abandonner pour se retrouver dans un lieu souvent pas adapté et vide de tout ce dont elle a besoin. C’est un non sens !

Ou encore :

« Tu es sûr(e) que tu n’exagères pas, il/elle a l’air gentil(le) »

« Dans un conflit parental, les torts sont partagés à 50/50 »

« Avez-vous de preuves de cette violence ? »

« Après la plainte, vous devriez quitter votre appartement ! »

Et encore beaucoup d’autres phrases dans les commentaires de cette publication.

Et vous, vous en connaissez d’autres des phrases de ce type ?


Nous vous conseillons également la lecture de notre article « la charge mentale de la violence.«